samedi 4 août 2012

De Mulbek au monastère troglodyte d'Urgyen Dzong


Shergol n'est pas très loin de Mulbek (10 km) et je décide donc d'y aller à pied. Pour cela,  je reste sur la route, bien que Jean-Louis m'ait conseillé de faire ce trajet sur l'autre rive par un petit chemin de mule.
Hélas à Mulbek, il n'y a pas de pont pour franchir la Wakha Chu. Il y a bien le restaurateur où j'ai déjeuné ce matin qui m'a dit que je pourrais passer, mais l'histoire de l'année passée où j'ai pris le bouillon avec Pascale me refroidit encore aujourd'hui. J'ai donc préféré prendre la route pour relier Mulbek à Shergol.

Arrivé à Shergol, je fais des photos du monastère troglodyte. Puis comme il n'y a rien d'autre à voir, je vais directement jusqu'à Serzing par un petit chemin fréquenté uniquement par les locaux.
Là je trouverai bien un petit coin de jardin ou une maison pour y passer la nuit.







Evidemment ce n'est jamais comme ça que cela se passe. Une fois sur place, je trouve bien une maison où je pourrais dormir. Mais pendant le lunch, le fils de la maison me dit que si je voulais aller jusqu'à l'ermitage troglodyte d'Urgyen Dzong, j'avais encore le temps d'y aller aujourd'hui. Que je pourrais alors dormir là-haut dans une grotte où les moines font de la méditation et revenir à Serzing dans un jour ou deux, tout en me précisant que c'était une belle expérience à vivre.
Il a raison et de toute façon, j'étais venu pour ça, je décide donc de partir immédiatement après le repas.
Lorsque j'ai fini de préparer les quelques affaires que je vais prendre avec moi, le fils me dit qu'il va m'accompagner jusqu'au début du sentier.

Après une demi-heure de marche, nous sommes arrivés au chemin qui va me conduire à l'ermitage. C'est ici que nous allons nous quitter, mais avant, il m'explique une dernière fois le chemin que je dois prendre.
Encore une précision, ne pas oublier de refermer les deux portes qu'il y a sur le chemin, cela empêche les animaux de rentrer dans les cultures. 
Ok, je n'oublierai pas de tout refermer derrière moi, je le remercie pour son hospitalité et tous ses conseils.
Me voilà en route pour l'ermitage d'Urgyen Dzong, lieu isolé dans la montagne qui est vénéré depuis que Padmasambhava s'y est installé pour méditer pendant plusieurs années.



Je suis sans aucun doute sur le bon chemin, celui-ci est jalonné de différents monticules de pierres et de Katas qui ont été déposés en guise de reconnaissance par les nombreux pèlerins.





J'arrive très vite sur le petit sentier qui me mène dans des gorges profondes et étroites, moins d'un mètre de large et d'à peu près deux kilomètres de long. Pour en sortir, je dois effectuer un véritable parcours du combattant, composé d'escaliers et d'échelles qui me permettent de passer plusieurs cascades.


A la fin de ce parcours hors du commun pour un simple trek, je peux voir cette énorme faille que je viens de traverser. C'est effectivement assez impressionnant. 


Il ne me reste plus qu'à continuer ce chemin qui n’emmènera directement en face du site où je découvrirai l'ermitage et les différentes grottes dans lesquelles les moines font des retraites de méditation.  





Comme dans tous les endroits vénérés dans le monde bouddhiste, des dizaines de drapeaux de prières flottent un peu partout dans les airs diffusant ainsi leurs litanies dans toutes les vallées du Ladakh.  



J'arrive au pied de l'ermitage. Devant moi se dresse un dernier petite escalier avant de pouvoir accéder dans le lieu même où 
Padmasambhava, les tibétains l'appellent Pema Jungne et les ladakhis Guru Rimpotche, aurait médité. 



PS: J'ai découvert cette année au Gonpa de Chemre une des plus belles petites statues de Guru Rimpotche,  Je vous en parlerai en temps utile, mais je  ne résiste pas à vous la  présenter dès à présent.  

En deux mots, Padmasambhava (Guru Rinpoche en tibétain) est yn personnage mythique ou historique né au Cachemire au VIIème siècle, introducteur du bouddhisme tantrique au Tibet. La tradition le suppose doté de pouvoirs magiques extraordinaires et le désigne sous le nom de Né du Lotus. Quelle que soit la doctrine du monastère disposant de sa représentation, il trône assis en position du lotus, vêtu d'habits rouges, la coiffe terminée par un demi-vajra. Son visage qui arbore un certain mécontentement s'orne d'une fine moustache. Il tient un vajra de la main droite et un couperet ou une coupe crânienne remplie du nectar de l'immortalité de la main gauche. Le long de son côté gauche se dresse le sceptre tantrique orné de têtes coupées ( une tête d'enfant, une tête d'adulte et une tête de vieillard ou de squelette ) et de rubans, terminé par un trident.
La traduction de ces symboles exhibés par cet enseignement pourrait être que nous devons apprendre toute notre vie, depuis l'enfance jusqu'à la mort.



Je pousse la porte pour découvrir un lieu d'importance du monde bouddhique. A l'intérieur, il y a un nombre incroyable de katas (écharpes blanches) offerts par les pèlerins venus avant moi. Je sors de mon sac une photo du Dalaï Lama que je dépose à mon tour sur le présentoir.
Depuis des années, c'est toujours la même photo que je dépose dans les différents lieux que je visite et que je retrouve bien souvent lorsque je retourne dans un de ces endroits. 





La visite terminée, je redescends le petit escalier et je vais me choisir une grotte afin d'y passer la nuit. 



Vu le nombre de grottes dans la zone, je n'ai que l’embarras du choix. Celui-ci s'arrêtera sur une grotte où il y a deux ouvertures, question d'avoir une vue un plus panoramique sur le reste de la plaine. 

Je m'y installe en faisant le moins de bruit possible car je ne sais pas s'il y a des moines qui méditent. A mon avis, je suis seul, mais dans le doute, je fais attention pour ne pas déranger au cas où.
Depuis ma grotte, je regarde ce décor qui n'est là que pour moi. Je fais attention au moindre changement et au plus petit bruit qui se produit. Je me demande aussi si je vais avoir la chance d'apercevoir un animal errant ou peut-être même  voir arriver une personne qui comme moi passera la nuit ici !   Les heures passent dans le calme le plus complet.
Le soleil commence à s'éclipser doucement derrière la montagne. 
La soirée s'installe progressivement et avec elle, d'autres couleurs plus douces apparaissent. Je profite de l'occasion pour faire une rétrospective mentale des images les fortes que j'ai vues durant cette première partie de voyage. Déjà pas mal de souvenirs me restent, mais ceux qui me reviennent le plus sont sans aucun doute ceux de ma journée au Gonpa de Mulbek. Je pense que ce fut une chance incroyable d'y être passé pile poil le jour de la fête. Si les militaires en fonction au pont de Sanjak m'avaient laissé passer pour rejoindre Bodkharbu, jamais je n'aurais assisté à ces festivités.
J'espère que j'aurai encore d'autres surprises de la sorte pendant ce voyage.  

Je gamberge, mais avec ça, j'oublie de manger. Je me prépare une Maggi avec un peu de viande séchée. Comme dessert, j'ai quelques abricots séchés de la vallée du Dha qui feront très bien mon affaire.

La nuit est douce, mais hélas cela ne va pas durer. Le vent se lève rapidement et avec lui, les premières pluies commencent à tomber.
Je me dis que si cela continue ainsi, je serai obligé de retourner à Serzing dès demain matin, à la condition évidemment qu'il ne pleuve pas de trop car aussi non, les gorges étroites seront très vite impraticables.
Pas de panique, pour le moment. Il fait noir et il m'est dès lors impossible de quitter cet endroit. Je verrai bien demain matin comment est la météo et je prendrai  alors une décision. 
De plus, il est évident que je ne sais pas rester ici  plus de deux jours, puisque je n'ai pas emporté assez de nourriture.
A six heures du mat, il pleut toujours. Je décide de plier bagage au plus vite en espérant que les eaux ne sont pas déjà descendues dans les gorges.
Mon expérience "d'ermite" prendra fin dans la précipitation, il ne me faudra qu'une petite heure pour rejoindre Serzing, récupérer mes affaires que j'avais laissées là et retourner à Lamayuru afin de me préparer pour commencer ma grande traversée du Ladakh.


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