jeudi 29 décembre 2011

Les frontières du Tibet historique


L'Himalaya

Loin de moi l'idée de vous faire un cours de géographie ou d'histoire sur les frontières historiques du grand Tibet. Je veux simplement vous démontrer ici, pourquoi les régions que je visite depuis quelques années déjà, sont aussi bien unies par la grande chaîne himalayenne, que par une culture millénaire qui s'est propagée au fil du temps par les différentes routes caravanières venant des quatre coins cardinaux de l'Asie centrale. Celles-ci convergeaient toutes vers les grands marchés de la ville de Leh, qui était devenue un lieu incontournable du commerce asiatique et était à la grande époque probablement l'une des villes les plus animées du monde.
D'immenses caravanes venues du Cachemire, du Punjab, de l'Afghanistan, de Khotan, de Yarkand et du Tibet arrivaient quotidiennement à Leh. 
La liste des marchandises transitant, à cette époque, est impressionnante. 
Du Sinkiang et du Tibet venaient la laine pashmina, le haschich, l'or et l'argent, les feutres et les fourrures, le thé noir et vert, les cuirs tannés, des velours, de la soie, des turquoises, du corail, des tapis, du musc, et du tabac, des raisins, des pistaches, du sucre etc ...
Du Cachemire et de l'Inde arrivaient le coton, les châles, les brocarts, l'opium, l'indigo, les plumes de hérons et peaux de loutre, les différentes épices, le miel, le sucre de canne, les dattes, l'orge, le blé le riz etc ...
Les marchands de Yarkand proposaient des étoffes russes.

Après un repos de plusieurs semaines, tout ce beau monde repartait avant l'hiver par les pistes , avec dans leurs bagages des abricots secs de la vallée de la Noubra ou du Baltistan, des produits de luxe indiens et du safran de Srinagar.
Le repos de plusieurs semaines à Leh que s'octroyaient ces marchands venus des quatre coins de l'Asie avant de reprendre le chemin de retour, semble avoir été amplement justifié par l'état des pistes et des dangers du voyage. Certaines caravanes devaient franchir des cols encore plus meurtriers que le Zodji La, tel que celui du Karakoram. Reliant le Sinkiang au Ladakh, ce col, situé à plus de 6000m d'altitude, est sans doute l'un des plus hauts du monde. Accessible durant quelques mois de l'année seulement, il faisait la terreur des caravanes qui devaient chaque fois lui payer un lourd tribut en bêtes de somme. Selon Diana Shipton, qui l'emprunta, la ligne continue d'os et de carcasses qui jalonnait la route, formait une espèce de signalisation macabre " Pas une seule fois avant d'atteidre les plaines, rapporta-t-elle, n'avons-nous perdu les squelettes de vue "

Ces échanges commerciaux durèrent jusqu'en 1951, date de la fermeture des frontières avec la Chine. 
L'arrêt des échanges avec les territoires sous contrôle chinois ruina l'économie du pays et convertit Leh en ville morte. Décrivant la cité en 1952, William Douglas écrivit " Seuls quelques magasins sont encore ouverts. Le vacarme d'antan a cessé dans le bazar. Les lourds panneaux de bois des échoppes ont été fixés et cadenassés. Les grandes caravanes ont cessé de descendre de Yarkand et de Demchok. Les marchands de Yarkand qui avaient traversé les hauts cols de la chaîne du Karakoram pour se rendre à Leh, sont désormais bloqués. Ils ne peuvent rentrer chez eux. Sans parents ou attaches, ils errent dans le Bazar déserté comme des âmes en peine. Pour Leh, traversant une crise qui ne semble pas temporaire, c'est la fin d'une époque. "
Comme quoi, il n'y a pas que les chameaux de Bactriane qui sont restés dans la vallée de la Noubra, des hommes y sont restés aussi. C'est normal, me direz-vous, mais de cela, les touristes y pensent peut-être moins lorsqu'ils vont chevaucher les chameaux dans ce bout de désert de la vallée de la Noubra !

Depuis les années 1950, vouloir découvrir le grand Tibet relève tout simplement de l'utopie.
La région que l'on appelle aujourd'hui " la région autonome du Tibet " est depuis plus d'un demi-siècle sous contrôle chinois et toute cette région est depuis très peu, pour ne pas dire pas du tout, tournée vers le monde extérieur. Le pays tout entier se dresse de plus en plus comme une forteresse isolée par les hautes montagnes qui l'entourent.

Si de nos jours le voyageur veut connaître les grandes traditions bouddhiques, il lui faut se tourner vers les régions frontalières du Tibet d'aujourd'hui, qui avant tous ces changement, faisaient elles aussi partie de ce grand Tibet historique.


Les frontières actuelles du Tibet, ce qu’on appelle la " Région autonome du Tibet ", ne représente sûrement pas tout le Tibet historique. Cela correspond à une simple délimitation administrative imposée par les Chinois en 1965.
Sous l'appellation « Tibet historique », cette aire revendiquée par le gouvernement tibétain en exil, est composée de trois régions traditionnelles : l'Ü-Tsang (dont la plus grande partie du territoire est comprise dans la région autonome du Tibet, l'Amdo (éclaté entre les provinces du Qinghai, du Gansu et du Sichuan ) et le Kham (dont le territoire est partagé entre les provinces du Sichuan, du Yunnan et de la région autonome du Tibet).

Le Tibet ethnique ou ethnologique ne s'arrête cependant pas là. Il dépasse aussi les frontières naturelles et représente toutes les régions qui furent autrefois habitées uniquement ou majoritairement par des gens d’origine tibétaine. Il s’agit du Tibet géographique, plus le Bhoutan, les régions orientales et occidentales du Népal, les régions, actuellement indiennes, du Ladakh, du Spiti et du Kinnaur et du Sikkim.

En attendant la révolution au sein même de la nomenclature chinoise qui mettra fin à la fermeture des frontières et à l'oppression du peuple tibétain, je parcours aujourd'hui les contre-forts et la chaîne de l'Himalaya pour aller à la rencontre de cette culture millénaire.
............. Il est d'ailleurs interpellant de constater que pour retrouver ces traditions, il faut aussi aller en Chine. Car il existe, côté chinois, à deux pas de l'actuelle région autonome, des bastions avancés de la langue et culture tibétaines, libres d’accès pour nous touristes car ils sont indépendants du Tibet, mais aussi sous l'emprise chinoise, ce qui ne fait pas de grande différence pour ces populations du Kham de l'Amdo.

Voilà en quelques lignes de ce qu'était le Tibet historique et sa région avant l’invasion chinoise du 7 octobre 1950 et aussi de la guerre qui a eu lieu au Spiti entre la Chine et l'Inde  en 1962.

De nos jours les choses semblent nettement se calmer dans ces régions frontalières avec l'Inde, que cela soit du côté chinois ou même pakistanais où il y a eu aussi des gros problèmes de frontière jusqu'en 2003. Depuis cette date, la frontière entre les deux pays n'est toujours pas délimitée à cause du glacier Siachen que les deux parties se dispute encore aujourd'hui, mais la guerre a cessé. 
Situé en bordure des parties indienne et pakistanaise du Cachemire, le glacier de Siachen, qui mesure environ 75 km en longueur et 5 km en largeur, est situé à plus de 6000 mètres d’altitude. L’Inde avait "sécurisé" cette région lors de l’opération Meghdoot en 1984, afin de devancer une éventuelle avancée de l’armée pakistanaise similaire sur cette zone, dont la démarcation n’est pas clairement définie. Depuis, les deux armées se sont affrontées à plusieurs reprises à Siachen, jusqu’à la déclaration d’un cessez-le-feu en 2003.
L’Inde considère que la frontière se situe à la ligne de partage des eaux formées par la chaîne de montagne de Saltoro, selon les principes internationaux de démarcation. Le Pakistan considère de son côté que l’intégralité du glacier se trouve en territoire pakistanais. 

L’Inde a jusqu’à présent refusé toute démilitarisation, craignant un partenariat militaire entre le Pakistan et la Chine, qui se trouvent de part et d’autre du glacier, et qui pourraient menacer la région indienne du Ladakh. Le Siachen est en effet situé juste entre la vallée Shaksgam, sous contrôle chinois, et la région pakistanaise du Baltistan. 

Le maintien d’une présence militaire à Siachen coûte environ 50 millions de roupies (780 000 euros) par jour à l’Inde, somme utilisée en grande partie pour le ravitaillement des troupes par hélicoptère. Plus de 3000 soldats, Indiens et Pakistanais confondus, sont morts à Siachen depuis 1984, la majorité à cause des conditions climatiques extrêmes et non au combat. 

Pour le moment, tout va donc un peu mieux dans toutes ces régions frontalières. Pour preuve, les touristes, même s'il leur faut des permis spécifiques pour se rendre dans ces régions proches de la Chine ou du Pakistan, peuvent néanmoins y aller pour une durée de 7 jours sauf au lac Pangong Tso (trop près du Tibet) qui n'est que de deux ou trois jours. A vérifier.

Voici les zones où il faut un permis spécial pour y aller: le Spiti, le Kinnaur uniquement  pour faire le tour du Kinner Kailash, la vallée du Dha, la vallée de la Noubra, le Tso Moriri, le Pangong Tso, Mahe.
Bien qu'il ne soit pas dans la même région, mais sur les contre-forts sud de l'Himalaya, il y a aussi le Sikkim où un permis spécial est demandé.
J'oublie peut être encore une autre région, mais un spécialiste me rectifiera bien au cas où. 
Merci à lui.

Après relecture du texte, je constate que je ne suis quand même pas très loin du petit cours d'histoire géo que je voulais vous éviter au départ. Mais que voulez vous, toute cette région est et a toujours été stratégique. Il m'était impossible de l'éviter totalement.
A présent, vous pouvez vous faire une idée plus précise sur le contour réel de ce Tibet énigmatique et des enjeux politiques de la région. Dans la foulée, j'aurais pu vous parler aussi du conflit au Cachemire, des problèmes du nucléaire entre l'Inde et le Pakistan, mais comme je ne suis pas journaliste de guerre, je m'arrêterai donc là.



vendredi 11 novembre 2011

Mort de l'ethnologue Michel Peissel

L'ethnologue et écrivain Michel Peissel, passionné par la culture tibétaine et l'Himalaya qu'il a exploré pendant près d'un demi-siècle, est mort aujourd'hui à l'âge de 74 ans d'une crise cardiaque, a-t-on appris auprès de sa famille.

Michel Peissel (né à Paris en 1937, mort le 7 octobre est un ethnologue, explorateur et écrivain français. Il fut qualifié de dernier explorateur de ce XXe siècle.
À 18 ans, il lit par hasard l’ouvrage de Fosco Maraini2 sur le Tibet (Segreto Tibet, paru en 1951) et séduit par ce pays mystérieux, achète une grammaire tibétaine. Il fait une partie de ses études en Grande-Bretagne à Oxford et aux États-Unis, à l'université de Harvard. Il obtient un doctorat d'ethnologie à la Sorbonne.
À 21 ans, au cours d'un voyage au Mexique, il découvre les vestiges de 14 sites mayas dans la forêt tropicale du Quintana Roo. Il réalise qu’il existe encore des territoires inconnus en plein XXe siècle. Il décide d’être explorateur, et ses notions de tibétain le guident tout naturellement vers l’Himalaya.

Alors qu’il est étudiant aux États-Unis, il réussit à rencontrer le frère du 14e Dalaï Lama, Thupten Jigme Norbu, l’un des seuls Tibétain sur le sol américain ; ce dernier lui donne une lettre de recommandation à l'attention du premier ministre du Bhoutan, état voisin du Tibet. Mais il lui faudra plusieurs années avant de concrétiser ses rêves de voyage dans ces contrées interdites.
À partir de 1959, il est parmi les premiers à parcourir les royaumes fermés de l’Himalaya comme le Mustang, au nord du Népal. Il passera de nombreuses années à sillonner à pied ou à dos de mulet le Bhoutan, le Ladakh, le Zanskar et le Tibet. Il rapportera de ses rencontres avec les peuples de l’Himalaya des témoignages aussi divers que livres4, articles, films documentaires, dessins et aquarelles.

Partisan de l’indépendance du Tibet dès la première heure et aidé par sa connaissance de la langue Tibétaine, il contacte les guérilleros tibétains. Son livre Les Cavaliers du Kham sur la guerre secrète des Khampas lui vaut d’être temporairement interdit de séjour en Chine, en Inde et au Népal (après la mort de Mao Zedong, le Président Deng Xiaoping lui permettra par un décret de reprendre ses recherches au Tibet).

Il utilise un aéroglisseur, pour lui permettre de franchir en 1972 la chaîne de l’Himalaya sur la Kali Gandaki entre les monts Dhaulagiri et Annapurna. Il conçoit par la suite son engin sur coussin d'air (voir brevet) qu’il utilisera en Amérique centrale, puis lors d’une expédition sur le Gange pour remonter les rapides et naviguer les eaux blanches.

En 1998, il identifie le plateau de Dansar au Gilgit-Baltistan comme étant l’Eldorado grec, le pays des « fourmis chercheuses d'or » d’Hérodote. En 1995, ses travaux sur les chevaux tibétains le mènent à la découverte d’un cheval archaïque qu’il nommera le Cheval de Riwoché. Passionné par la préhistoire de l’Asie Centrale, il met au jour de nombreux sites troglodytes vieux de trois mille ans, et documente la survivance de l’art scythe au Tibet. Homme de terrain, il figure aujourd'hui parmi les meilleurs connaisseurs du monde tibétain.

En 1987 avec des archéologues mexicains, il construit une pirogue géante maya pour naviguer (en 1988) 700 km en haute mer et démontrer le rôle du commerce maritime des Itza dans l'effondrement des cites du bas empire maya. Thèse secondée par Jacques Soustelle. L'année suivante 1989, il construit une barque viking et traverse l’Union Soviétique à la rame et à la voile, de la Baltique à la Mer Noire, soit 2 500 km, remontant la Dvina et redescendant le Dniepr. Il reproduit ainsi le périple des Varègues, fondateurs au VIIIe siècle de la monarchie russe. Ce voyage révèle des qualités insoupçonnées des barques vikings, capables de remonter à la voile en glissant sur les bas fonds les rapides les plus forts. Ses recherches bousculent toutes les idées reçues sur les communications dans la Russie du IXe siècle.

En 1994, Michel Peissel part à la recherche de la source du Mekong qu’il situe au col de Rupsa, à 4 975 mètres d'altitude à la tête du Dza Nak, le Mekong noir, reconnu depuis plus d'un siècle par les cartographes comme la principale branche du fleuve. Des expéditions ultérieures, sino-japonaises et américaines, démontreront que la source géographique véritable est sur la branche nord, le Dza Kar, un torrent dont la source serait éloignée de plus de 4 500 mètres de l'embouchure que la source « historique » trouvée par Michel Peissel.

Michel Peissel a écrit 20 ouvrages, une biographie, deux romans et 17 documents sur ses expéditions. Totalement bilingue, il écrit certains de ses livres en anglais.

Le Royaume perdu du Quintana-Roo, Plon, Paris, 1965
Tiger for Breakfast, Dutton, New-York, 1964
Mustang, Royaume Tibétain Interdit, Arthaud, Paris, 1969
Bhoutan inconnu, royaume d’Asie, Arthaud, Paris, 1971
Les Cavaliers du Kham, guerre secrète au Tibet, Robert Laffont, Paris, 1972 (ISBN 9782221034446)
Le Grand Passage de l’Himalaya, Robert Laffont, Paris,1976
Himalaya continent secret, Flammarion, Paris, 1977
Les Portes de l’Or, Robert Laffont, Paris,1978
Zanskar, royaume oublié aux confins du Tibet, Robert Laffont, Paris, 1979
Les Royaumes de l’Himalaya, Pierre Bordas et Fils, Paris 1986
La Tibétaine, roman, Robert Laffont, Paris,1986
Itza ou le mystère du naufrage maya, Robert Laffont, Paris, 1989
L’Or des fourmis, Robert Laffont, Paris, 1992
La Route de l’ambre, Robert Laffont, Paris, 1992
Un Barbare au Tibet, Le Seuil, Paris, 1995
La Khamba, roman, Anne Carrière, Paris, 1996
Dernier horizon ; à la découverte du Tibet inconnu, Robert Laffont, Paris, 2001
Tibet, the Secret Continent, Cassel's Illustrated, London, 2002
Tibet, le pèlerinage impossible, La Martinière, Paris, 2005
Un très grand Monsieur qui m'a fait découvrir, par ses livres, le monde tibétain et m'a ainsi incité à parcourir de nombreuses vallées de cette grande chaine de l'Himalaya.

Merci Monsieur Peissel.


lundi 17 octobre 2011

Le monastère de Phyang


17 octobre


Dernière journée de balade au Ladakh

Cette fois, cela sent vraiment la fin du voyage. Depuis que je suis rentré de mon trek dans la vallée de la Markha et passé ma formidable soirée au mariage, je ne peux pas dire que beaucoup de choses aient vraiment bougé.
J'ai évidemment dû me reposer, mettre de l'ordre dans mes affaires, aller faire laver ce qui devait l'être et lorsque tout ça était fait, j'ai cherché dans mes guides une petite idée de visite dans les alentours de Leh.
Des endroits sympathiques, ce n'est bien sûr pas ce qui manque, mais je n'avais plus trop envie d'aller loin. Il y avait bien Lamayuru où je pouvais faire en même temps « moonland ». Moonland est le nom donné à ce grand cirque désertique qui marquerait, selon la légende, l'emplacement d'un ancien lac. Hélas le monastère de Lamayuru se trouve à 126 km de Leh et le départ est toujours prévu à 4h30 du mat. Ce qui fait un peu tôt lorsque l'on se sent fatigué et que l'on connait le site pour y être déjà passé trois fois.
Alors comme toujours, lorsque l'on réfléchit de trop, on ne fait forcément plus grand chose !!!! Je suis donc resté à Leh jusqu'aujourd'hui dimanche.
Trouvant le temps un peu long, je me décide dans l'après midi d'aller manger un yaourt. En chemin, je rencontre Jean-Louis qui revient juste de la vallée du Dha. Comme moi, il est crevé de son expédition et je lui propose de venir avec moi au Wok tibétain afin de me raconter tout ça devant un ginger hot lemon.
Comme il y a quelques jours que l'on ne s'est plus vu, nous avons des tas de choses à raconter sur ce que nous avons fait.
Bla bla, bla bla, le temps passe décidément bien vite et nous nous fixons rendez vous pour l'heure du dîner pour lui et le souper pour moi (!). Mais l'heure reste la même pour nous deux, c'est 18h45 et toujours au Wok, qui est un resto qui reste ouvert toute l'année tandis que les restos pour touristes sont déjà fermés depuis belle lurette. Ben oui, c'est comme partout dans le monde, lorsque la saison se termine, les faiseurs de fric s'enfuient les poches pleines, tandis que les autres sont toujours là pour servir leurs clients, qu'ils soient nombreux ou pas.
Le soir, nous nous retrouvons donc comme prévu dans notre petit resto et nous reprenons notre petite conversation de voyageurs.
Jean-Louis me demande ce que je compte faire jusqu'à mon départ pour Delhi ? Je lui réponds qu'il ne reste que deux jours et que je ne sais pas trop quoi faire, vu que je suis fatigué et que je n'ai plus envie de courir très loin.
Il me propose d'aller à Phyang où il y a un gompa qui a été construit en 1531. Il appartient à une lignée peu représentée, celle des Drigungpa, de l'école Kargyud.
Il a aussi l'avantage de n'être qu'à 45 min de Leh et d'être desservi par pas mal de bus. De plus, au retour, je peux encore faire le monastère de Spituk. Ma journée sera ainsi bien remplie.
L'idée me semble très bonne, je corne la page de son guide sur Phyang afin de la retrouver plus facilement demain matin, lorsque je partirai.
Nous sommes les derniers au restaurant, normal il est déjà 21h30, il est grand temps de rentrer chacun dans sa Guesthouse.
Le lendemain matin, je me lève pour aller chercher le bus de 9h qui va à Phyang.
Tip top à l'heure prévue, il se met en route. En effet, il ne faut pas plus de 45 min pour arriver à destination. 
Sur place, je monte directement vers le gompa et redescends un peu dans la vallée afin d'y faire une photo de l'ensemble des bâtiments. La photo faite, je remonte aussitôt pour visiter les lieux. Hélas, tout est fermé car, comme beaucoup de monastères dans la région, il est en rénovation. Je me suis laissé dire que c'est une volonté du Daïla Lama. Il voudrait effectivement faire de cette région (Ladakh et Spiti compris), non pas le Petit Tibet comme on le dit actuellement, mais bien le Nouveau Grand Tibet. Je n'ai évidemment aucune confirmation de ce que j'écris, mais ce n'est pas non plus une idée farfelue, je l'ai effectivement entendu dire plusieurs fois. L'avenir nous le dira !





Du haut du monastère, j'ai, comme toujours, une vue fantastique sur la vallée qui l'entoure. Puisque j'ai la journée devant moi, je décide de faire un tour et d'aller jusqu'au pied des montagnes.


 La balade est effectivement très chouette, mais lorsque j'arrive près des montagnes, je me rends compte qu'il ne reste plus rien de la fin du village. 

La terre est nue de végétation et des tonnes de pierres ont remplacé les maisons et les champs.
Sans aucun doute, ce sont encore les dégâts apparents de l'année passée. Décidément, le Ladakh a vraiment du mal à cicatriser ses plaies. Il faut dire que toute cette région a été littéralement sinistrée et que tout ça ne se répare pas en un jour, ni même une année.
Pendant ma marche, je rencontre pas mal de villageois qui reconstruisent encore leur maison, je ne parle même pas de leurs champs où là rien ne pousse depuis le déluge qu'ils ont subi.
Ici je ne reçois pas de tasse de thé, mais simplement quelques sourires avec le julley. Il y en a même qui me demandent de prendre quelques photos d'eux car le drame, c'est le passé et l'avenir est là dans la reconstruction de la maison.



Je continue ma balade, les dégâts sont de plus en plus apparents. Effectivement, c'est de ce côté-ci que l'eau, venue d'un canyon situé juste derrière, s'est littéralement déversée sur cette partie du village.





Plus bas, quelques maisons sont partiellement épargnées. Les gens n'y habitent plus, mais vivent bien dans une cabane pré-fabriquée qu'ils ont reçue du gouvernement.




                 

Sur tant d'horreurs, j'ai continué mon chemin et je me suis dirigé vers la grand route qui va à Leh. 



Un bus est arrivé et je suis monté pour rentrer directement à Leh. Je n'avais plus l'envie d'aller visiter le dernier monastère de mon voyage. J'en resterai là pour cette année.
Demain, ce sera ma dernière journée ici à Leh, je préparerai mes sacs car mercredi, je m'envole pour Delhi à 6h50 .............. il faudra donc mettre le réveil car il parait que je ne peux pas louper le rendez-vous de dimanche prochain à Bruxelles. En effet il vaut mieux .......... c'est l'anniversaire de ma petite femme. 

samedi 15 octobre 2011

Mariage ladakhi


Lorsque j'arrive, une partie des invités sont là depuis cette après midi, les autres arriveront ce soir. Sous la tente, la fête bat son plein et au fil du temps, il y a de plus en plus de monde. A l'extérieur, les cuisiniers s'activent pour préparer des repas pour tous les invités. C'est vraiment incroyable, je me croirais à un bal des mille et une nuits, tellement que les robes des femmes sont belles et les coiffures «tutma», coiffure de deux tresses attachées ensemble au bas du dos, sont sans erreurs.
Les hommes, eux, sont tous aussi en habits traditionnels, le goncha, qui est une grande robe portée par dessus les autres vêtements et qui est de couleur unique, le brun.

La mariée est splendide sous sa coiffe de peirak, composée de deux grandes « oreilles » de peau de mouton noir et d'une longue bande de cuir couverte entièrement de turquoises.

Comme dans toute les fêtes au Ladakh, le chang (boisson d'orge fermentée) coule à flot.
Pour le moment, il n'y a que les femmes qui dansent, les hommes commenceront plus tard dans la soirée.

Le contraste avec l’intensité du rythme de la musique et des danses est surprenant. Autant la musique est puissante, autant les danseuses font de petits pas en tournant sur elles-même, comme pour mieux montrer leurs robes resplendissantes.

Je fais mon possible pour faire mes photos, mais hélas, le soir tombe déjà et je n'arrive pas toujours à pouvoir montrer ce que je désire. Je verrai au décompte final ce que le résultat donnera. J'espère quand même avoir réussi quelques photos car je suis conscient que le moment est unique. Ici peu de familles peuvent organiser un tel mariage de leurs enfants.






















Je resterai à la fête jusqu'à 9 heures du soir. Hélas après, je serai obligé de jeter l'éponge pour aller me coucher. La journée a été très longue et il est grand temps de retrouver mes rêves dans les bras de Morphée.