Si vous suivez régulièrement les articles sur ce blog, vous
savez déjà tout sur mon futur trek dans le Solu Khumbu. Cette région est le
cœur du pays des sherpas. Si de nombreuses personnes ont déjà entendu parler des
sherpas ou sharwas en prononciation locale, peu de gens connaissent leur
origine. En fait, les sherpas sont des réfugiés tibétains qui ont fui leur pays, une première fois, dans les alentours du XVe et XVIe siècles pour échapper à la persécution religieuse et ensuite au moment de l’invasion de l’armée chinoise en 1950. S’en est suivi des années
d’horreurs pour tout le peuple tibétain et ceux qui en ont eu l’occasion, ont été contraint
à prendre l’exode pour éviter le génocide orchestré par Mao Tse Toung. Plus
d’un million deux cent mille tibétains ont péri dès les premières années où l’armée
rouge a envahi le pays. Mais ce génocide n’est pas seulement humain, il est
aussi culturel, linguistique et religieux. Et c’est presque ça le plus terrible, car si la population peut se renouveler, la culture, une fois perdue, ne peut
se régénérer. Cela d’autant plus que les manuscrits centenaires ont été brûlés,
ainsi que les nombreux monastères. Aujourd’hui, les tibétains sont réduits à n’être
qu’une petite minorité insignifiante dans leur propre pays qui n’existe
tout simplement plus.
Les Sherpas font donc partie d’un groupe plus vaste qui
habite tout le long de la frontière avec l’ex-Tibet Bouddhiste. En fait, les sherpas sont des tibétains que l’on surnomme « bothia » en
népali, pour désigner ceux qui viennent du Tibet. La grande majorité des
sherpas viennent du sud-est du Tibet, le Kham, qui est aujourd'hui éclaté entre
la région autonome du Tibet et les provinces du Sichuan. Les Khampas sont doté
d'un très fort tempérament guerrier et ont déjà résisté aux
hordes de Gengis Khan, qui dut négocier avec eux au XIII
siècle. Les Chinois quant à eux, ont toujours eu aussi de grandes difficultés à imposer leurs lois aux tribus Khampas avant
1950.
"Même après, en 1953, les chefs Khampas se tournèrent vers Lhassa, cœur du monde tibétain, pour appeler à l'aide pour un soulèvement massif du Tibet contre la Chine. Mais dans la capitale tibétaine, tout était encore calme et le Dalaï Lama était, selon toute apparence, partisan de la non-violence. Il semblait manquer de l'énergie, du courage et des capacités nécessaires pour réagir au lent empiétement de la Chine. En 1954, malgré la protestation de bon nombre de lhasséens, le Dalaï Lama accepta de se rendre en Chine. Ce faisant, il tombait dans le jeu de Pékin qui, inévitablement, allait l'utiliser à des fins de propagande. Les Kampasle comprirent immédiatement et, lorsque le bruit se répandit que le Dalaï Lama passerait par le Kham en se rendant à Pékin, un certain nombre d'entre eux projetèrent son enlèvement. En prévision de quoi, le 8 juillet 1954, les chinois massèrent des troupes le long de la route Lhassa-Chamdo-Kangting, afin de protéger leur naïf otage contre son propre peuple !" M.P. Les cavaliers du Kham.
Mais les Khampas ne sont pas rancuniers, puisque c'est eux qui aiderons le Dalaï Lama à passer clandestinement Inde. C'était le 17 mars 1959.
Cela fait aussi partie de l'histoire du Tibet.
"Même après, en 1953, les chefs Khampas se tournèrent vers Lhassa, cœur du monde tibétain, pour appeler à l'aide pour un soulèvement massif du Tibet contre la Chine. Mais dans la capitale tibétaine, tout était encore calme et le Dalaï Lama était, selon toute apparence, partisan de la non-violence. Il semblait manquer de l'énergie, du courage et des capacités nécessaires pour réagir au lent empiétement de la Chine. En 1954, malgré la protestation de bon nombre de lhasséens, le Dalaï Lama accepta de se rendre en Chine. Ce faisant, il tombait dans le jeu de Pékin qui, inévitablement, allait l'utiliser à des fins de propagande. Les Kampasle comprirent immédiatement et, lorsque le bruit se répandit que le Dalaï Lama passerait par le Kham en se rendant à Pékin, un certain nombre d'entre eux projetèrent son enlèvement. En prévision de quoi, le 8 juillet 1954, les chinois massèrent des troupes le long de la route Lhassa-Chamdo-Kangting, afin de protéger leur naïf otage contre son propre peuple !" M.P. Les cavaliers du Kham.
Mais les Khampas ne sont pas rancuniers, puisque c'est eux qui aiderons le Dalaï Lama à passer clandestinement Inde. C'était le 17 mars 1959.
Au niveau international, les protestations face à l’invasion
chinoise peuvent être résumées à quelques brèves déclarations sans effet.
L’Inde ne fit pas un geste, l’ONU ajourna la question à la demande de la Grande
Bretagne, les Etats Unis et le Népal exprimèrent leur sympathie pour le Tibet sans
rien faire d’autre… On peut dire que le Tibet paya alors le prix de son
isolement voulu sur la scène internationale, comme le souligne Tenzin Geyche
Tethong, secrétaire particulier du Dalaï Lama : « Nous autres tibétains avons
vraiment été stupides avant 1950. Au lieu de nous ouvrir au monde extérieur et
de forger des relations diplomatiques avec les pays étrangers, nous sommes
restés volontairement dans l’isolement et nous maintenions inchangé un système
comparable à celui qui existait dans vos pays occidentaux, il y a deux ou trois
cent ans ! Le Tibet ne s’était pas le moins du monde préparé à l’arrivée des
chinois. Il est clair aujourd’hui que si le gouvernement tibétain avait profité
de ces années pour établir des relations diplomatiques avec quelques autres
pays, ne serait-ce qu’avec l’Inde, la Chine aurait eu beaucoup plus de
difficultés pour clamer sa souveraineté sur le Tibet en 1950 ».
Comme je dis toujours, les tibétains n’ont pas toujours été
des tourneurs de moulins à prières. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder
une ancienne carte pour se rendre compte de ce qu’était le grand Tibet au temps où ils régnaient en maître dans la région.
Cela dit, les Khampas d'aujourd'hui, s'ils ont préféré les chevaux d'acier aux
pur-sang sans se départir de leur noblesse, restent néanmoins un peuple fascinant et mystérieux. Il n'est pas
facile de pénétrer ce vaste pays mythique et d'y rencontrer son peuple si
attachant et si profondément ancré dans ses traditions. C'est ce que Pascale et moi avons fait en 2009. Nous en avons gardé un souvenir impérissable.
Je ne résiste pas à remettre quelques photos de nos différentes rencontres gravées à jamais sur cette page.
La fameuse imprimerie traditionnelle de Dege fondée en 1729.
Evidemment avec cette parenthèse, on est loin du Népal, mais comment éviter de mentionner pourquoi le cœur du pays des sherpas n'est plus au Tibet.
Avant de refermer la parenthèse, une question se pose ; que va t il se passer pour les tibétains en exil, le jour où la Chine aura la mainmise sur un Népal tellement endetté qu'il ne pourra plus s'en sortir sans son aide. Les chinois qui n'attendent que ça pour "libérer" le pays, pourront encercler encore un peu plus l'Inde. Il faut savoir qu'ils sont déjà bien installés au Pakistan, tellement bien, que le mandarin y est devenu officiellement la deuxième langue nationale. Cela afin de remercier la Chine pour la construction de la route qui part de la frontière chinoise jusqu'à la mer d'Oman. Et tout ça pour ravitailler leurs sous-marins basés là-bas au cas où !!!!
On comprend dès lors les craintes de l'Inde qui se fait encercler de la sorte. Et surtout quand les chinois prétendent que les régions du Spiti, le Ladakh et le Zanskar font eux aussi parties de l'ex Tibet !!
Voilà, j'arrête sur le sujet car on pourrait croire que je fais une fixation sur les chinois !!