Je ne suis plus qu’à deux mois du départ pour Katmandou et mon
esprit commence déjà à vagabonder à tel point que j’imagine déjà les premières
sensations que j’éprouverai lorsque je serai, à nouveau, sur ces sentiers
himalayens si chers à mon cœur. Le plaisir de pouvoir côtoyer des hommes courageux, qui le
sont plus que moi, me comble dès maintenant de joie. La palette des sages est
large, cela va du grand Lama, au simple, mais oh combien courageux, Sherpa. Ces
hommes de rencontre m’apporteront, soit un moment d’accompagnement, soit un mot
d’encouragement, comme seuls les peuples isolés peuvent vous les offrir. Car ils
savent oh combien il est difficile d’arriver jusque chez eux. Et cela encore plus
lorsque vous êtes seul et que vous avez, comme moi, la barbe bien blanche.
Evidemment, au Népal, on est nettement moins isolé qu’au Ladakh. Lorsqu’on trekke au Ladakh il arrive souvent que l’on ne rencontre personne pendant plusieurs
jours. Au Népal, l’isolement complet est pratiquement inexistant. Sur les
sentiers, on rencontre aussi bien des caravanes de mules ou de yaks pour
les hautes altitudes, que des sherpas et leurs charges incroyables, que des
touristes accompagnés souvent d'un guide. Rare sont ceux, qui comme moi, osent
s’aventurer seul sur ces chemins où tout peut arriver. Le danger est bien
évidemment présent, je ne peux le nier. Mais le risque fait partie de
l’aventure et le plus grand risque serait de passer à côté pour rester dans son
petit confort !!! Et puis, je retournerai au monastère voir le grand Lama Nawang
Paljur au monastère de Pangboche, et qui, l'année passée, m’avait donné sa
bénédiction pour être protégé des démons et m'avait aussi invité au monastère
pour assister à une puja. Hélas, je n'ai plus eu l'occasion d'y retourner. Cette année, j'irai le voir pour enfin assister à la puja.
Nul besoin que mon état d'esprit s'emballe puisque
je suis encore à la maison. Une fois là-bas, j'aurai suffisamment le temps de profiter des odeurs des petits
matins lorsque la brume se lève, du manque d’oxygène, des températures
négatives et des repas frugaux, sauf le fameux dal bhat, qui est le plat
traditionnel d’une grande partie de l’Asie. Même si, il faut bien le
reconnaître, ce plat est certainement le plus nutritif qu’il soit possible d’avoir, il vous sort doucement par les oreilles après quelques jours ! Il ne vous reste
alors qu’à vous rabattre vers les pommes de terre rissolées, les pâtes avec un
peu de ketchup rallongé à l’eau pour faire un semblant de sauce et des œufs
avec des chapatis etc ….. Rien de fort nutritif pour combler toutes les
calories dépensées lors d'une journée de marche. Voilà pourquoi, l'année passée, sur les 75 kg au départ, je ne pesais plus que 62 kilos lorsque je suis rentré à la maison !! C’est d’ailleurs la raison principale, pour
laquelle Pascale (mon épouse) a préféré s’abstenir d’une nouvelle aventure de
longue durée en haute altitude. Son corps en a trop souffert, puisqu’elle est revenue avec seulement 45 kilos. Il est clair que cela ne peut se renouveler tous
les ans, sous peine de courir le risque d’avoir de réels ennuis de santé.
Cette situation est bien sure très regrettable car Pascale
voudrait, elle aussi, retrouver l’aventure et ces décors qui font tant rêver,
mais hélas, la haute altitude sur une longue période lui ferme l’estomac à tel
point qu’elle a toutes les peines à manger le minimum d’une portion
raisonnable. Dans ces conditions, il est évidemment plus sage de renoncer et d’attendre que je revienne
pour envisager un voyage en Asie du sud-est, comme par exemple le Cambodge et
le Laos. Deux destinations qui ne lui poseront pas tous ces problèmes
d’altitude.
Maintenant un autre problème pourrait venir perturber mes
plans. Et celui-là est plus embêtant puisqu’il s’agit d’une question météo, vu
que la mousson est en retard de plus de deux semaines. Cela aura t'il un
impact au mois de septembre ? Personne
ne peut le prédire, même pas le "Mr. météo India" !! Je sais
que l’enseignement bouddhiste apprend à accepter l’inévitable avec sérénité,
mais l’idée de passer des journées de trek sous la pluie ne me réjouit guère.
En attendant le départ, j’ai bien l'intention de profiter de
mes derniers moments à Bruxelles. J'aime cette ville qui, aux yeux des étrangers, ressemble plus à un grand village qu’à une capitale. Je ne peux pas leur donner
tort, même si sa petite superficie apporte une vie moins stressante qu’une
ville comme Paris. Alors, je profite de cette ambiance et de ses fritkots calorifiques. Avant de me retrouver au Népal, un petit Tibet perdu qui survit, aujourd'hui, à l’ombre de l'ogre chinois.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire