lundi 18 juillet 2022

Du refuge Longon à St Sauveur sur Tinée

Ce matin, j'ai été obligé de tout refermer, alors que rien n'était sec. Rien de trop grave, puisque je sécherai tout ce soir lorsque je serai à St Dalmas Valdeblore. C'est là que commence le GR52 qui me conduira à Menton, via la vallée des Merveilles. 

J'ai passé ma nuit sur une bute qui se trouvait non loin du refuge Longon. On le distingue ici sur la photo. Je pense que j'avais bien choisi mon emplacement de bivouac, car si j'avais été sur un terrain plat, j'aurais sûrement été trempé avec les trombes d’eau qui sont tombées cette nuit !


Voilà, je me dirige à présent vers St Sauveur sur Tinée via le village de Roure.



En chemin, je croise l'hélicoptère qui apporte tous les matériaux de construction dont les hommes travaillant au refuge ont besoin pour faire les rénovations.



Lorsque j'arrive à Roure, je me dirige aussitôt vers l'épicerie car j'ai soif et je voudrais acheter quelque chose de sucré pour me désaltérer. Manque de chance, nous sommes aujourd'hui dimanche et c'est le jour de fermeture. Je resterai donc sur mon envie de boisson sucrée. 


Ce petit village de Roure est exposé plein sud et s'accroche sur une pente abrupte pour dominer la vallée de la Tinée.



Au détour des pittoresques ruelles du village, je découvre les vestiges du mécanisme du cable qui reliait le village à la vallée. Il servait uniquement qu'aux marchandises.


Je descends donc jusqu'à St Sauveur sur Tinnée par le petit chemin qui serpente sur la pente escarpée. St Sauveur ne semble pas si loin mais pour y arriver, il faut un minimum d'une heure de marche. Il y a évidemment une route, mais elle est moins sympatique.


Une fois dans la ville, je constate que le dimanche est aussi le jour de fermeture de l'épicerie. Comme je n'ai plus rien à boire ni à manger, je suis obligé de me diriger vers un restaurant pour me ravitailler. Le patronne est bien accueillante et après mon repas, elle me demande si je fais le GR5 et si après St Sauveur sur Tinée, j'ai l'intention de faire le GR52 ?! Je lui réponds que je suis parti du Lac Léman, il y a plus d'un mois et que j'ai le projet d'aller jusqu'à Menton. Sur ce, elle me répond que ces derniers jours, de nombreux trekkeurs ont du faire demi-tour à St Dalma Valdeblore car il n'y a plus d'eau dans toute la vallée des Merveilles. Dans ces conditions, elle me conseille de tout simplement arrêter ici ma traversée des Alpes et de prendre le bus pour Nice de 17h30. Comme pour me confirmer ses dires, la brave dame me tend le journal où sont écrit les nouvelles et prévisions météorologiques dans le sud de la France : Fortes chaleurs sur le sud du pays, 11 départements sont en vigilance orange canicule. La vague de chaleur se poursuit sur le sud du pays. Les maximales varient entre 30 et 35 degrés des Charentes au Centre, au Massif central et aux Alpes, et entre 35 et 39 degrés plus au sud, avec encore des pointes à 40 degrés. La semaine prochaine, les températures seront encore plus hautes.

Me voilà bien décontenancé par ce qu'elle vient de me dire et de ce que j'ai pu lire dans le journal ! Que faire pour bien faire ? J'avais jusqu'à 17h30 pour réfléchir ! La décision était difficile à prendre, mais je devais bien me mettre à l'évidence, que continuer dans de telles conditions aurait été déraisonnable.
Je téléphone à Pascale pour lui expliquer la situation.


...... Si près du but, 70 km de Nice et 110 km de Menton, et devoir arrêter pour une question d'eau et de canicule, est une chose difficile à accepter. Comme la dame du restaurant, Pascale me conseille aussi de rentrer car elle trouve qu'il est inutile de prendre des risques pour terminer coûte que coûte mon aventure sur le GR5. Dans la foulée, elle se propose de trouver une solution pour que je rentre à la maison le plus vite possible. 
D'accord, fais pour le mieux, que cela soit par avion ou par train, peu m'importe, du moment que je ne doive pas attendre trop longtemps dans une chambre d'hôtel de Nice.



Pascale me retéléphone pour me dire qu'elle a trouvé et acheté un ticket d'avion pour demain matin sur Air Corsica. Les trains étaient quand à eux tous complets et en plus, j'avais un changement de gare à Paris. Ici, j'ai un vol Nice / Ajaccio à 8h10 et ma correspondance pour Charleroi-Sud 20 min après. Ce qui me fera une arrivée à la maison aux alentours de 13h. Puisque l'aventure ne pouvait quand même pas se poursuivre, du moins  dans des conditions optimales, c'était la bonne solution.



Il est évident que j'aurai préféré terminé autrement ma grande traversée des Alpes, mais je rentre en entier et en bonne santé, c'est le principal. J'ai maintenant tout l'hiver pour réfléchir à la prochaine destination. J'ai déjà le Népal sous le feu, mais peut-être que ce sera un autre GR en France. L'avenir me le dira.
A bientôt.
Serge

dimanche 17 juillet 2022

De Roya au refuge de Longon

 C'est une nouvelle très grosse journée qui m'attend aujourd'hui. En effet, j'aimerais rejoindre, depuis Roya, le refuge de Longon. Ce n'est pas pour y dormir car je sais qu'il est actuellement fermé pour cause de transformations. Mais on nous annonce des orages en fin de journée  et je voudrais éviter de devoir dormir sur un des différents cols que je dois passer aujourd'hui. Je n'ai donc pas d'autre solution que de devoir aller jusqu'aux environs du refuge pour y mettre ma tente et dormir sans trop de risque. 
C'est parti. Il est 6h50.


Le départ se fait à la droite de l'église, pour entrer immédiatement dans une forêt.




J'en ressors à proximité d'une cascade qui dévale sur une paroi rocheuse.


Après un rétrécissement, commence les premières pentes du Col de Crousette.





Pour arriver à la bergerie de Sallevieille à 1955 m.
Elle semble d'ailleurs un peu perdue au milieu de ce champ de pierres.


La montée est loin d'être finie, j'en ai encore pour au moins 1h30 avant d'arriver au sommet.


Rien à redire, ce décor reste gigantesque.




Mais les heures passent et je n'ai toujours pas le col en vue.




Cette fois, je suis enfin à la fin de cette longue et exténuante montée du col de Crousette.(2480 m.)


Je n'en crois pas mes yeux, le gîte de Roya ne serait qu'à 2h30 du col. Alors que moi, j'ai mis 4 heures. Bon d'accord, je fais des photos, mais quand même !!
Je n'ai plus qu'à redescendre et augmenter ma foulée pour espérer rester dans les temps.


C'est le moment où j'arrive à un replat herbeux avec un ruisseau aux eaux bien froides qui viennent droit des montagnes. C'est là que je m'arrêterai pour me préparer des pâtes aux légumes. Il faut bien reprendre des forces !


Mais ce ne sera pas la meilleure idée que j'ai eue. En effet, à peine avoir mangé ma ration, que de gros nuages bien menaçants arrivent sur moi. Ni une ni deux, je remballe le tout et j'essaye de me trouver un abri car il est clair qu'un orage arrive à grand pas.

Je n'aurai pas le temps de trouver quelque chose que les premières gouttes commencent à tomber. Puis, ce sera le déluge. Je sors mon poncho d'une des poches de mon sac afin de me protéger au maximum. L'orage sera bref, mais mes souliers seront une nouvelle fois trempés.


La vue sur le hameau de Vignols ne me  fera pas sécher. Dans un premier temps, j'hésite à poursuivre la journée et à descendre dans ce hameau en espérant y trouver un lieu pour y passer la nuit et surtout me sécher. Mais dans le doute, je préfère encore avancer, que de descendre là-bas pour rien.
C'est donc le moment pour moi de commencer la montée du col des Moulines. Le chemin est à flanc de montagne mais il reste bien tracé.


En tout cas, même avec l'orage qui vient de s'abattre, le chemin reste bien praticable.


Evidemment, avec l'humidité ambiante, le brouillard commence à monter.



Après avoir franchi le col, c'est un énorme plateau qui s'ouvre. Ce sont à nouveau des plateaux d'alpage. C'est ici que commence la descente vers le refuge.


Le soleil a tendance à vouloir réapparaitre. mais ce ne sera qu'illusion. Heureusement, le refuge est en vue. Comme prévu, il est effectivement fermé pour causes de travaux. J'irai donc planter mes piquets de tente un peu plus loin.
Ce sera une nouvelle nuit d'orage pour moi. Avec le bruit de la pluie qui frappe ma toile de tente, plus les orages, il est impossible de dormir convenablement.
Demain, je rejoindrai St Sauveur sur Tinée. Cela ne devrait pas être une trop grosse journée.