vendredi 30 octobre 2009

Au pays des Khampas. VI

30 octobre

Direction Dege

Ce matin, nous savons que l'étape de la journée sera une étape de montagne.
En effet la route de Dege est, selon les infos, sublime. En cours de route, nous verrons les crêtes neigeuses de la très haute montagne de Chola Strectching à 6168 m et le glacier de Xinhua qui descend presque jusqu'à la route à 4100 m. Au passage au sommet du col de La de Tro Chola +/- 5100 m, les tibétains jettent des papiers colorés de prière par les fenêtres et chantent pour seulement espérer que tout le monde arrive en sécurité jusqu'à Dege. La vue de là haut est surprenante.
Les infos ont dit vrai mais une fois là-haut, le voyage n'est pas fini. La longue descente commence, heureusement que sur ce versant- ci, il y a moins de neige que de l'autre côté et il nous faudra encore deux heures pour arriver à destination.






Nous sommes arrivés à Dege sur le coup de 15 h. Il nous faut maintenant chercher un hôtel. Jamais je n'ai eu aussi difficile d'en trouver un. Ou c'était interdit aux étrangers, ou c'était dans un état pas possible. Ma recherche a duré plus 1 h 30 pour enfin trouver un hôtel acceptable mais comme tout n'est jamais parfais en Chine, nous sommes sans électricité. Ce sera donc très probablement une soirée à la lueur de la chandelle.
Comme nous sommes fatigués, je ne vais pas tirer de conclusions hâtives mais au premier coup d'oeil, la ville n'est pas terrible. Ici il y a déjà beaucoup plus de chinois qu'à Garzé. Donc beaucoup moins de maisons traditionnelles et beaucoup plus de béton gris. Cela laisse préjuger de ce que va devenir toute cette région à l'avenir. Bien triste tout cela. Mais ce qui est encore plus triste c'est ce que vont devenir tous ces tibétains alors qu'ils sont sur leurs terres.
Pour demain, le programme est le suivant : balade jusqu'à l'imprimerie datant de 3 siècles.  Après balade dans la montagne !!

31 octobre

Une journée sympa à Dege

....................... Notre petite "déception" d'hier est passée très vite aujourd'hui. Par bonheur, la ville chinoise de béton n'est pas très étendue. Dès que nous quittons une des deux rues principales, il ne nous faut pas longtemps pour retrouver les quartiers tibétains. Nous nous sommes directement dirigés vers l'imprimerie. Là le spectacle est avant tout au dehors car elle constitue un grand lieu de pèlerinage. Des dizaines de personnes tournent autour de l'édifice, aux hauts murs de couleurs pourpres, en faisant tourner leurs moulins à prières.
Nous continuons notre chemin pour atteindre un village et y découvrir une culture encore vraie, non trafiquée par les chinois. 











 Nous visitons un monastère et assistons à un puja.   Nous poursuivons à travers les ruelles de terre battue et rencontrons des gens sympathiques et même si la conversation est forcément limitée, heureusement qu'il y a les gestes.












De là, nous retournons jusqu'à l'imprimerie où les visites sont possibles mais pas souhaitées, car en ce jour, un grand Lama est en visite et une cérémonie a lieu toute la journée. De l'extérieur, on entend les chants, les sonneries des trompettes, le tintement des clochettes, le roulement des tambours etc ....

Comme nous avons déjà assisté à ces cérémonies, nous pouvons très bien imaginé ce qui ce passe là-haut derrière les grands murs de l'imprimerie. Nous attendrons donc demain pour visiter les lieux.
A la fin du puja, le grand vieux Lama escorté par de nombreux moines s'en retourne dans son monastère. Tandis que les trompettes sonnent du haut du bâtiment et toute l'assistance réunie à l'extérieur salue une dernière fois le Lama.
Les sonneries des trompettes continueront à se faire entendre dans la vallée durant une bonne demi heure. Un concert gratuit bien agréable aux oreilles pendant que des dizaines de tibétains continuent à tourner autour de l'édifice.


















La fête tibétaine est finie, 

1 novembre

Visite de l'imprimerie.

En 1950, l'imprimerie fut fermée par le gouvernement chinois et transformée en hôpital, mais heureusement les livres ont pu être préservés par la population. En 1979 l'interdiction est levée, et 100 ouvriers travaillent aujourd'hui à l'impression des sutras avec les mêmes techniques traditionnelles qu'au 18ème siècle. Aucune machine électrique n'est utilisée et le travail se fait près des fenêtres, à la seule lumière du jour. Au rez de chaussée, des ouvriers préparent l'encre et lavent les blocs de bois. Les textes sont en effet gravés à la main en relief dans des planchettes, certaines datant du 16ème et du 17ème siècle.
Au premier étage, le papier est imprimé à la main : un homme enduit la planche d'encre et la recouvre d'une feuille, son partenaire frotte énergiquement afin que l'encre pénètre le papier. Ils répètent ces mouvements d'automates à l'infini tandis que les sutras s'accumulent sur la petite table à côté d'eux. Plus haut, des images sacrées sont imprimées sur des tissus jaunes ou blancs avec la même technique.
L'imprimerie de Dege est également depuis deux siècles la plus grande bibliothèque de la région. Elle contient 80% de l'héritage littéraire tibétain. Les ouvrages sacrés des cinq courants du bouddhisme sont gardés ici, mais aussi des livres rares d'histoire, de physique et de philosophie.
J'imaginais quelque chose de plus grand mais lorsque je me balade dans les différentes pièces, je me rends bien compte que tous les coins et recoins sont exploités au maximum. Rien que les nombreux rayonnages aux tablettes sculptées de milliers de sutras, prennent beaucoup de place et il faut aussi un emplacement pour le séchage et le triage. A vrai dire, il faut une bonne organisation pour réaliser ce travail titanesque dans si peu d'espace.
Aux étages supérieurs, nous avons trouvé la caverne de Bouddha. Là sont entreposées des images sacrées qui aident à la formation de la méditation.
C'est dans ce haut lieu spirituel que notre visite de l'imprimerie s'achève. L'endroit est en rien comparable à ce que nous avions vu jusqu'à présent. Il laissera un bon souvenir parmi les visites que nous avons faites.


















Plus grand chose d'autre à découvrir dans le coin. Nous allons à l'hôtel pour discuter du programme à venir car il y aura sûrement du changement. Mais encore rien de très précis dans nos têtes.
2 novembre

De Dege vers Garze

Il est de plus en plus difficile de continuer notre circuit. Les chauffeurs nous demandent des prix exorbitants pour continuer vers Baiyü ou même vers Serxü. Il est impossible depuis Dege de partager un mini van avec d'autres personnes, tous les chauffeurs veulent faire taxi privé avec nous. Visiblement, ils rigolent entre eux de nous car ils pensent que tôt ou tard, nous aurons besoin d'eux pour quitter la ville. Ils ne se gênent même pas pour faire des petits signes d'au revoir avec la main.
C'est pas grave, je vais droit chez eux et je montre 100 yuans et je dis que c'est mon dernier prix. Les rires moqueurs fusent à mon égard.
Toujours pas très grave et je rigole aussi pour ne pas perdre la face. Devant eux, je m'installe au bord de la route et toujours avec mon billet de 100 yuans, j'ai l'intention de faire du stop. 10 minutes de patience, sous les regards amusés de mes amis, le premier camion arrive. Quel est le routier sympa qui refuserait un petit supplément de salaire pour charger deux touristes ?
Comme prévu, le camion s'arrête et nous charge pour la ville de Mani, cela bien sûr, devant les regards médusés de mes amis et ce fut à mon tour de faire un petit signe de la main pour leur dire au revoir. ................ Je jubilais.


Nous voila donc dans un camion de 30 tonnes pour passer un col à plus de 5000 m. Ca va être du sport !!!!
Après une heure et demi de route, nous voilà au pied de cette ascension de plus de 23 km pour arriver au sommet. Vu dans ces conditions, le spectacle est encore plus impressionnant que vu d'un van. Il nous faudra quand même plus de 5h pour arriver à Mani.




Forts de notre expérience de stop, nous renouvelons l'expérience pour rentrer à Garzé. Là nous aurons un peu moins de chance, il nous faudra attendre 1h 30 pour qu'un véhicule s'arrête. Cette fois, nous ferons le trajet jusque Garzé pour 50 yuans.
Nous sommes donc à Garzé et nous avons décidé de continuer notre circuit sur Luhuo, Dawu pour arrêter à Pamai où il y a pas mal à faire question visite. Cela rattrapera ce que nous n’avons pas vu dans la région de Serxü.
De toutes façons, je pense que point de vue circuit, j'avais vu un peu grand. Vu la grandeur du pays, le moindre déplacement prend des heures, alors si nous ne voulons pas rater l'avion, il est préférable qu'on le raccourcisse.

A bientôt pour la suite de nos aventures.

mercredi 28 octobre 2009

Au pays des Khampas. V

28 octobre

Départ pour Garze

On nous dit hier soir que le départ est à 8h. Comme toujours en Chine, nous faisons le pied de grue car le rendez-vous n'est pas respecté. A 8h45 je la trouve mauvaise de m'être levé pour rien et je demande à Pascale d'aller voir pour un autre mini van. Comme c'est juste à côté, elle revient 2 minutes après avec un autre chauffeur. Nous discutons du prix et il est moins cher que l'autre. Sur ces entrefaites, le premier chauffeur arrive et c'est la discussion. Je lui dis qu'il n'avait qu'à arriver à l'heure et nous partons illico avec le deuxième. Nous voilà partis pour 6h de route. Evidemment dans la région du Kham, pour sortir d'une ville, il faut presque automatiquement passer un col. C'est ce que nous faisons pour quitter Litang. Une fois au dessus, ce n'est quasi qu'une descente douce jusqu'à Garzé. La route sinueuse parcourt dans un premier temps une gorge étroite, qui au fil des kilomètres, s'élargit de plus en plus pour devenir presque une petit plaine. 






Nous avons maintenant comme décor les montagnes enneigées de la chaine Chola Sham.
Après une courte halte à Xinlong pour se restaurer, nous suivons le cours de la rivière Yalong Jiang jusqu'à Garzé. 

Une fois arrivés sur place, nous cherchons un hôtel. Notre choix s'arrête sur l'hôtel Himalaya, hôtel chic de la ville. Mais en vérité, nous n'avons pas trop le choix, soit c'est des arrières pièces de magasins, soit un hôtel plus luxueux. Nous avons donc choisi le luxe au prix de 10 euro !!
Après s'être installés, nous avons été faire un tour dans la rue principale. L'ambiance est à peu près la même qu'à Litang mais il y a beaucoup plus d'ethnies différentes. Cela se remarque aux costumes ainsi qu'aux coiffes. Cela nous plait et nous avons décidé de rester un jour de plus pour découvrir un peu plus à fond ces gens et cette ville ainsi que son monastère qui est une école de Geluk. Pour le moment, nous ne pouvons pas vous en dire plus, nous connaissons Philippe mais pas l'école !

A demain
29 octobre
Une jounée à Garze

Comme Pascale me le disait hier soir, nous commençons à vieillir et avons besoin de plus en plus de "confort" durant nos voyages. En effet, la question pourrait être posée car sur la route, il n'y en a plus beaucoup de notre âge qui voyage de cette façon. Non ce n'est pas un coup de blues mais une simple constatation !
Il faudra bien qu'à l'avenir, nous y pensons. Pas que nous allons dans l'immédiat changer de mode de voyage mais se diriger vers d'autres logis, toutefois dans la mesure du possible.  Nous n'avons d'ailleurs nullement regretté l'épisode de la masure mais cela ne doit rester qu'un épisode dans un voyage.
.............. Dans un tel confort, il est évident que nous nous sommes levés un peu plus tard et à 10h nous nous sommes mis en route pour découvrir la ville, sous un ciel qui est toujours bien bleu. C'est d'ailleurs comme ça depuis que nous avons quitté Zhongdiang.

Quel plaisir de se balader dans ce pays Kham, les gens sont d'une gentillesse incroyable. Il faut dire qu'ici, les chinois ne sont pas encore majoritaires mais pour combien de temps encore ? Mais bon, sur ce sujet, je suis un bon touriste et je me tais pour encore quelques jours. Après il sera toujours temps de dire ce que j'ai lu furtivement sur les paumes de certaines mains qui m'étaient directement adressées. Petits messages très courts mais très explicites.
Comme souvent lorsque je veux découvrir une ville, je commence ma visite par le marché local. Je trouve que c'est encore le meilleur endroit pour découvrir une population, tout le monde va au marché. Et en effet, chapeaux ronds, chapeaux plats, chapeau pointus, bonnets rouges, bonnets jaunes, tout le monde est là à faire ses petites courses pour la journée. Il faut reconnaitre que le marché est bien achalandé. Comme presque partout dans le monde, il y a les différentes viandes du coin (Yak, poulet, porc), légumes, fruits, épices, etc ..... Nous avons même trouvé un marchand de marrons chauds. Mais ici, ils les cuisent avec du café. Un vrai délice. J'en mange encore pendant que je vous tape ces quelques lignes.





Après le marché, nous avons continué par la rue principale jusqu'au vieux Garzé. 





De là, nous sommes sortis un peu de la ville pour y découvrir un superbe panorama sur la vallée, les villages et campagnes environnants avec toujours en toile de fond les montagnes enneigées.
Ensuite, nous avons franchi un pont suspendu pour traverser la rivière Yalong Jiang pour faire une belle et grande balade à travers les champs. De ci, de là, les paysants labourent leurs terres avant l'hiver. Nous arrivons à un premier village où les maisons ont chacune leurs petites enceintes de terre pisé où les flattes de yak sèchent allègrement.
Au milieu de ce village, nous entrons dans un vieux monastère où les moulins à prières sont encore tous en bois décorés de peinture. Pascale me montre un très beau petit masque. Nous l'aurions bien acheté mais nous nous sommes contentés de le photographier.












Le retour se fait à l'aise jusqu'à l'hôtel d'où nous vous écrivons notre compte-rendu.

Nous cherchons un accès internet wifi, mais pas de chance, nous ne trouvons rien. Tant pis.
Restaurant chinois, style grillades, avec au milieu de la table, une plaque chauffante où nous cuisons nous-mêmes les différents aliments : viande de yak, oignons, pommes de terre, etc…