Il n'est pas encore huit heures et me voilà déjà en route vers les cimes du Stok La. Première constatation, c'est que la météo est idéale pour monter là-haut et la deuxième, c'est que la journée commence par un faux plat qui semble sans grande difficulté.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, cela monte quand même puisqu'autour de moi, je peux à présent apercevoir d'autres pics qui sont encore plus hauts que le Tar La. C'est là que je me dis que j'ai effectivement eu la bonne idée de faire demi-tour hier matin. Il n'y a pas à dire, la bonne intuition a une nouvelle fois joué en ma faveur !!
Sur cette constatation, je continue mon chemin le coeur encore plus léger d'avoir flairé le bon coup. Après plus de quarente-cinq minutes de progression, le terrain commence à changer de couleur. De la dominance grise, on passe progressivement au rouge ocre.
C'est ici que les choses sérieuses vont commencer. Je suis cette fois bel et bien sur les pentes du Stok La. Il me faudra encore une heure et demie pour voir les drapeaux de prières flottant sur le pass.
Et toujours ce fabuleux décor en perpétuelle transformation.
Je ne trouve même plus de qualificatif pour décrire mes émotions tellement je suis ébloui par tant de beauté. Je me balade depuis tant d'années en Himalaya que je n'arrive pas à comprendre comment ces montagnes peuvent encore m'étonner à ce point-là.
Lorsque je regarde une carte de l'Himalaya et que je constate avec horreur comment les hommes se sont permis de le découper pour s'approprier qu'un petit quartier, cela prouve encore une fois, la grandeur des hommes politiques.
Voilà pourquoi de nos jours, les amoureux de cette chaîne ne peuvent plus la découvrir comme bon leur semble ...... c'est à dire en toute liberté et sans garde du corps comme dans l'ex-Tibet.
En attendant, je monte toujours et lorsque je me retourne, je constate que le paysage s'élargit sérieusement.
Dix minutes plus tard, je peux même voir les champs verts de Rumbak.
Le sommet est enfin à portée de main, ou plutôt de pied.
Un dernier regard pour suivre des yeux tout mon tracé depuis la vallée où coule la Rumbak Shu.
Comme la météo est exellente, je vais pouvoir souffler à mon aise sur la cime et même manger un petit bout avant de redescendre.
Une arrivée au sommet reste toujours un moment très particulier. Après les photos souvenirs traditionnelles, je suis à chaque fois interressé de savoir comment la descente se présente et surtout de voir s'il y a un chemin bien tracé. Question de me tranquilliser un peu.
Le chemin semble parfait, je vais pouvoir me restaurer en toute décontraction, surtout qu'entre-temps, je me suis fait ratrapper par un groupe d'anglais et nous projettons de partager le repas.
Le repas terminé, les anglais décident de suivre la crète pour avoir une autre vue sur les montagnes. Moi je choisis de plonger directement sur l'autre versent.
Le sentier est solide sous mes pieds, si bien que tout va très vite. Oui, c'est de là-haut que je viens !!
Durant ma progression, je constate qu'il y a deux chemins. Celui de droite qui rentre très vite dans une gorge et celui de gauche qui passe encore un petit col qui mène dans une vallée se trouvant plus loin sur ma carte. Etant donné que je n'ai pas trop envie que le trek s'arrête trop vite, je choisis de prendre le chemin de gauche.
Me voilà à hauteur de mon fameux carrefour. Comme prévu, je prends le chemin plus long.
Ici il est vraiment impossible de se perdre !!
Si le chemin est bien tracé, il devient vraiment très pentu là sur ma droite.
Sur ma droite, je peux même admirer le très fameux Stok Kangri. Avec ses 6137 mètres, il est forcément visible de loin.
Voilà un sommet qui reste à faire, mais vu mon âge, je doute que le projet devienne inaccessible !!!
Je laisse le haut sommet et continue le chemin vers la vallée menant justement au Stok Kangri.
Ce sont les derniers centaines de mètres de dénivelé négatif.
Elle est là, rien que pour moi avec ses couleurs multiples. Ce que je ressens est franchement à la hauteur de ce trek qui est incroyablement beau.
A cet instant, je me demande même si je ne devrais pas continuer dans la vallée en direction de la haute montagne. Mon envie est très forte, mais je ne suis pas équipé pour, même pour aller jusqu'au camp de base.
Il faut bien avouer que la direction est tentante, pourtant je fait demi-tour.
Comme pour me faire encore un peu plus douter, je rencontre une caravane qui va porter du matériel au bas du Stok Kangri.
Comme toujours, j'échange quelques mots avec le mûletier, puis chacun continue sa route de son côté.
Si je dois être sincère, je suis déçu de ne pas pouvoir continuer vers le Stok Kangri, mais très vite, la beauté de cette vallée me fait oublier ma déception.
Même un couple de bharals se trouve là comme pour me dire que c'est la bonne direction que j'ai prise.
Au risque de me répéter, il est quand même rare de trouver une si belle nature.
Les couleurs s'étalant partout, j 'ai l'impression de déambuler à ciel ouvert dans une salle d'un musée.
Hélas, cela sent la fin de mon aventure. L'ouverture sur le monde civilisé est proche.
Dans moins d'une heure, je serai à Stok.
Lorsque je rentre dans le village, je vais boire un coca pour fêter la fin de ce beau trek qui, pourtant, n'est pas situé très loin de Leh.
Ce soir, je dormirai dans ma guesthouse Malpak.
A bientôt, pour ma toute dernière aventure 2017 au Ladakh. Ce sera le fameux et difficile Tar La.