mercredi 9 août 2017

Camp base du Yalung Nyau La au Tsomo Riri

Je ne sais pas si c'est à cause du froid qui m'est tombé dessus hier après l'orage ou est-ce que j'aurais mangé quelque chose que je n'aurai pas digéré, mais cette nuit, j'ai eu une dysenterie, à ne pas fermer l’œil de la nuit. Par expérience, je sais dès lors que la journée suivante va être particulièrement difficile et le pire de l'histoire, c'est que le programme de la journée est particulièrement exigeant. Dans ces conditions, que faire: rester la journée ici ou prendre le risque de partir ?
Je me persuade quand même à partir.


Dès les premiers cent mètres, je sais que la journée va être extrêmement compliquée pour moi, car j'ai les jambes en coton. Mon allure est nulle et dire que ce sacré sommet est encore à un minimum de trois heures pour quelqu'un qui est en forme ! Alors combien de temps vais-je mettre pour arriver à ce sacré sommet ? Je ne le vois même pas d'où je suis ! Je peine tant et plus, si bien qu'un groupe de trekkeurs qui est pourtant parti bien après moi, est déjà à ma hauteur. Leur guide responsable de ce trek, un certain Philippe Chabloz, un guide bien connu dans le monde des trekkeurs, me demande en passant à mes côtés si ça va ? Je lui réponds que non, qu'à la suite d'une dysenterie, je n'ai pas de jambes ! 
- Bon allez, me fit-il,  passe moi ton sac jusqu'au pass, tu auras ainsi un peu plus facile pour y arriver. Je te regarde déjà depuis un bout de temps et crois-moi, tu n'as pas belle allure ! 
- C'est gentil Philippe, ce n'est pas une question d'orgueil, mais je préfère quand même garder mon sac, merci à toi. 
- Comme tu veux, mais je reste alors à tes côtés.
Comme dans tout milieu difficile, la solidarité en montagne est bien réelle, c'est un fait évident. Mais je n'allais pas être au bout de mes surprises, car au fil des heures, ce n'est pas seulement Philippe Chabloz qui allait tout faire pour que j'arrive au Tsomo Riri, mais aussi tout son groupe de quinze personnes. Pour l'heure, nous sommes toujours que deux.
- Allez Serge, passe-moi ton sac car cela ne va vraiment pas pour toi.
- Ok, Philippe, je n'y arrive plus, je suis au bout de ce que je peux faire. Et me voilà délesté de mon sac à dos. Désormais, mon blog ne s'appellera plus qu'Errances !!
- Philippe : ça va-t'il mieux ainsi ? 
- Serge: oui, j'arrive même à te suivre !
- Philippe: c'est normal puisque c'est moi qui marche à ton rythme !!
Malgré les difficultés dans de telles circonstances, l'atmosphère de notre couple d'aventuriers reste à la hauteur des sommets qui nous entourent.
- Philippe: les chevaux nous rattrapent, je vais pouvoir mettre ton sac sur le dos de l'un d'eux et il le gardera jusqu'au lac.
- Je suis franchement touché par tant d'attentions et je dis à Philippe que c'est trop.
- ............. Mais ne t'en fais pas pour tout ça, je suis certain qu'avec l'expérience que tu as, tu ferais exactement pareil !
- Serge: Ok, mais merci quand même !



Je dois avoir l'air tellement sans vigueur que même ce petit animal ne me crains pas.


Malgré tout ça et toujours en compagne de mon bon samaritain, nous avançons si bien que l'horizon commence à se dégager et l'air devient un peu plus frais. C'est bon signe, le sommet ne doit plus être très loin.

 


A onze heures trente, c'est chose faite.
Tout le groupe est réuni, je suis le photographe de service et j'ai autant d'appareils photographiques à mes pieds que de personnes devant moi !
La séance photo est terminée, mais j'ai oublié d'en faire une avec mon appareil. Je vais donc devoir en demander une à ceux avec qui je suis resté en contact.
Je lui réserve donc déjà une place ici et j'y met déjà celle que j'ai faite des guides.
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Au sommet, même à 5440 m, il fait beau et le groupe décide, non pas de faire le repas de midi, on le fera plus bas, mais de manger leur en-cas. Inutile de dire que leur gentillesse est profonde et je recevrai aussi mon en-cas. Qui soit dit en passant me fera le plus grand bien car mes jambes me porteront un peu mieux.


Après toutes ces heures de marche, voici enfin le lac Tsomo Riri, en vue.
Même si cela ne se voit pas, mon bonheur est  immense malgré cette terrible journée.


Mes yeux ne sont plus que pour lui.


Derrière nous, les chevaux qui sont restés plus longtemps que nous au sommet, dévalent la pente à toute allure.


Il ne leur faudra pas longtemps pour nous rattraper.



Mais ils vont devoir nous attendre, vu que là-bas au fond de la plaine, ce sera la pause repas.
Chez Adventure Tours, ils savent faire les choses en grand et cela dans n'importe quel endroit où leurs clients se trouvent. Nous aurons droit dans ce petit coin de bout du monde à un menu complet, du potage au dessert, en passant par le plat principal et une entrée. Chapeau bas les gars.



Après ce repas "gastronomique" nous rentrons sur un plateau que seul le Ladakh, le Tibet et la Mongolie peuvent nous donner.

 

Au bout de la plaine, il y a un doksa, avec trois ou quatre familles.


Le Tsomo Riri n'est pas encore à nos pieds
 

Mais il n'y en a plus pour très longtemps.

 

C'est chose faite, je suis sans voix.
 
 

Au camp, pendant le repas du soir, Philippe est venu me trouver pour me demander quels étaient mes projets ? Je lui dis que mon projet est d'aller au sud du lac et de remonter sur Pang par la vallée de la Phirse Chu. Philippe me dit que le projet est important, mais qu'il ne pense pas que je sois encore en état pour entreprendre une telle aventure. Il ajoute que demain, le groupe rentrera à Leh avec trois vans et si je le veux, il y aura bien une place pour moi. Le temps de mettre les choses à plat et de juger le pour et le contre, je lui réponds que demain, je rentrerai avec eux à Leh.

Ce que Philippe Chabloz, ses guides, ses cuisiniers, ses horsemans et ses participants ont fait pour moi, est tout simplement magnifique. Merci à tous. 

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