Ce matin, nul besoin de trop me presser, le bus venant de
Leh ne passera de toute façon pas avant
la fin de la matinée. Je peux donc déjeuner et remercier Palmo et son papa du
bon accueil et des bons petits plats que j’ai dégusté avec délectation, tout
en promettant que la prochaine fois que je viendrai, ce sera avec Pascale ou peut-être encore cette année pour faire le Tar La. Comme
je le disais, il y a une semaine, les départs ne sont jamais joyeux, mais ici,
la tradition ne s’attarde pas aux adieux déchirants. Il faut reconnaître que
cela va très vite, julley, un signe de la main, un sourire et chacun se
retourne pour faire ce qu’il doit faire. Moi je prends la direction des gorges qui m’emmèneront à nouveau au pont sur l’Indus, et puis la route pour de
nouvelles aventures.
Arrivé sur celle-ci, je n’ai plus qu’à déposer mon sac et à attendre patiemment l'arrivée du bus. Encore heureux qu’il n’y a pas pour l’heure trop de circulation, si bien que je peux rester tranquillement sur un muret qui me sert de siège. Je ferai bien signe d’arrêter à un chauffeur de camion pour qu’il me conduise à mon étape, mais il vaut mieux l’éviter pour aller à Lamayuru car là-bas, il y a deux routes : une servant de détournement, qui part vers le haut afin d’éviter le passage dans le village de trop nombreux camions et l’autre qui dessert le village. Finalement, au bout d’une demi-heure, le bus arrive à ma hauteur. Un petit signe de la main, je prends mon sac et me voilà installé dans l’allée centrale assis sur mon sac au lieu de me trouver assis sur une place prévue à cet effet. Rien de bien embêtant puisque d’ici une bonne dizaine de kilomètres, le bus s’arrêtera à Khaltse pour un arrêt repas de midi.
Je verrai bien après la pause s’il y a un siège qui se sera libéré. Dans tous les villages où les bus s’arrêtent, c’est le même topo : toujours de nombreux petits restos de route où les plats sont pratiquement les mêmes partout. Afin d’être en dehors du bruit et de la poussière, je vais manger dans un resto sur une petite place. Pour être vite servi, je commande un dal (riz, lentilles épicées, légumes) et un thé. Ce n’est pas le meilleur dal que j’ai eu l’occasion de manger, mais au moins, je vais pouvoir repartir le ventre plein. Après une demi-heure, coup de klaxon pour dire qu’il est temps de rejoindre le bus et que le départ est imminent. Je passe en vitesse dans un magasin pour y acheter une barre chocolatée. Comme elle est emballée par paire, il y aura une barre pour moi et une pour l’enfant assis non loin de moi dans le bus. Je me réinstalle sur mon sac croyant bien que c’est pour le reste du voyage lorsque quelqu’un vient me chercher et me signale qu’il y a une place dans le compartiment chauffeur.
Arrivé sur celle-ci, je n’ai plus qu’à déposer mon sac et à attendre patiemment l'arrivée du bus. Encore heureux qu’il n’y a pas pour l’heure trop de circulation, si bien que je peux rester tranquillement sur un muret qui me sert de siège. Je ferai bien signe d’arrêter à un chauffeur de camion pour qu’il me conduise à mon étape, mais il vaut mieux l’éviter pour aller à Lamayuru car là-bas, il y a deux routes : une servant de détournement, qui part vers le haut afin d’éviter le passage dans le village de trop nombreux camions et l’autre qui dessert le village. Finalement, au bout d’une demi-heure, le bus arrive à ma hauteur. Un petit signe de la main, je prends mon sac et me voilà installé dans l’allée centrale assis sur mon sac au lieu de me trouver assis sur une place prévue à cet effet. Rien de bien embêtant puisque d’ici une bonne dizaine de kilomètres, le bus s’arrêtera à Khaltse pour un arrêt repas de midi.
Je verrai bien après la pause s’il y a un siège qui se sera libéré. Dans tous les villages où les bus s’arrêtent, c’est le même topo : toujours de nombreux petits restos de route où les plats sont pratiquement les mêmes partout. Afin d’être en dehors du bruit et de la poussière, je vais manger dans un resto sur une petite place. Pour être vite servi, je commande un dal (riz, lentilles épicées, légumes) et un thé. Ce n’est pas le meilleur dal que j’ai eu l’occasion de manger, mais au moins, je vais pouvoir repartir le ventre plein. Après une demi-heure, coup de klaxon pour dire qu’il est temps de rejoindre le bus et que le départ est imminent. Je passe en vitesse dans un magasin pour y acheter une barre chocolatée. Comme elle est emballée par paire, il y aura une barre pour moi et une pour l’enfant assis non loin de moi dans le bus. Je me réinstalle sur mon sac croyant bien que c’est pour le reste du voyage lorsque quelqu’un vient me chercher et me signale qu’il y a une place dans le compartiment chauffeur.
Peu après Khaltse, nous quittons très vite les bords de l’Indus
qui continue son chemin vers le Pakistan par la vallée du Dha. Tandis que nous,
nous poursuivons sur l’ancienne voie caravanière qui faisait il y a très
longtemps, Srinagar-Lhassa. Avant d’arriver à Lamayuru, on longe le fameux
cirque désertique appelé le « Moonland ». J’ai beau être passé
plusieurs fois par ici, je suis à chaque fois fasciné par cet endroit. J’ai
même été, en 2012, y faire une balade qui m’a tellement enchanté, que je pense
bien renouveler cette expérience. A l’arrivée au village de Lamayuru, il n’est
pas besoin de faire un petit sifflement pour arrêter le bus, vu qu’ici, il y a
toujours quelqu’un qui monte ou descend.
A la descente du bus je me dirige directement vers le Tharpaling guesthouse afin d'y réserver ma chambre. Lorsque j'arrive sur place, c'est une des filles de la maison qui m'accueille. Elle est très étonnée de me voir vu que cela fait si longtemps. Aussitôt, elle me montre ma chambre et veut directement prévenir ses parents de ma présence. Je lui demande de maintenir le suspense et de dire qu'un vieux client est arrivé. C'est ce qu'elle fait, et lorsque le papa arrive, il me dit " je savais que c'était toi " et me prend dans ses bras en me demandant Khamsang le ? (comment ça va ?). Je lui réponds Khamzang in le (je vais bien). Skyot le (viens) et nous allons directement dans la cuisine. Zhuks le (assieds toi) et il arrive ensuite avec deux verres de thé et un thermos pour prendre le temps d’avoir de mes nouvelles. Il y a si longtemps que tu n'est plus passé par ici ? Je confirme son affirmation et lui explique en quelques mots, les évènements nous ayant empêchés de voyager pendant trois ans. Les verres de thé se vident et c'est au tour de sa femme d'arriver. Hé mémé, tu es de retour ?!! Hélas elle ne peut rester plus longtemps avec nous car la cuisine l'attend pour préparer le repas du soir. Qu'à cela ne tienne, elle écoutera notre conversation tout en travaillant.
A la descente du bus je me dirige directement vers le Tharpaling guesthouse afin d'y réserver ma chambre. Lorsque j'arrive sur place, c'est une des filles de la maison qui m'accueille. Elle est très étonnée de me voir vu que cela fait si longtemps. Aussitôt, elle me montre ma chambre et veut directement prévenir ses parents de ma présence. Je lui demande de maintenir le suspense et de dire qu'un vieux client est arrivé. C'est ce qu'elle fait, et lorsque le papa arrive, il me dit " je savais que c'était toi " et me prend dans ses bras en me demandant Khamsang le ? (comment ça va ?). Je lui réponds Khamzang in le (je vais bien). Skyot le (viens) et nous allons directement dans la cuisine. Zhuks le (assieds toi) et il arrive ensuite avec deux verres de thé et un thermos pour prendre le temps d’avoir de mes nouvelles. Il y a si longtemps que tu n'est plus passé par ici ? Je confirme son affirmation et lui explique en quelques mots, les évènements nous ayant empêchés de voyager pendant trois ans. Les verres de thé se vident et c'est au tour de sa femme d'arriver. Hé mémé, tu es de retour ?!! Hélas elle ne peut rester plus longtemps avec nous car la cuisine l'attend pour préparer le repas du soir. Qu'à cela ne tienne, elle écoutera notre conversation tout en travaillant.
Le diner, nous le prennons ensemble, avec tous les touristes dans l'annexe de la cuisine qui sert de salon. Après le repas, je passe un coup de téléphone à Pascale et lui envoie du même coup les deux photos que nous venons de faire. Merci Wifi !! Après, il est déjà temps de penser à rejoindre mon lit si je ne veux pas être en retard à la putja au monastère de Lamayuru qui porte le nom de " Yung-dung Thapa Ling et est un des plus anciens de la région. Il remonte au temps du maître indien de tradition bouddhiste Tilopa et son disciple Naropa. Ils ont d'ailleurs chacun leur statue dans la grotte où ils ont médité.
Pour aller au gonpa depuis la guesthouse, il me faut monter un chemin très abrupt qui mène directement sur le sommet des rochers où est accroché à flanc de montagne le gonpa. Arrivé dans l’enceinte de celui-ci, je me dirige directement vers une plateforme où trônent quatre grands stupas qui sont entourés par une longue série de moulins à prières. Je fais le tour par la gauche, comme le veut la tradition, en faisant tourner les moulins qui renferment des mantras dont le plus connu est OM MANI PADME HUM signifiant «Salut à toi, Ô Joyau dans le Lotus».
Je me dirige ensuite vers la grande salle de prière. Lorsque j’arrive, la cérémonie a déjà commencé et je m’installe le plus discrètement possible sur un des coussins disposés tout spécialement pour les visiteurs. Comme le festival annuel s’est déjà déroulé cette année, il y a de ce fait, moins de moines, mais surtout moins de touristes présents. A vrai dire, nous ne sommes que trois, ce qui m’arrange grandement, car il faut bien reconnaitre que certains touristes se comportent, que cela soit dans un festival ou une putja, comme s’ils assistaient à la dernière revue à la mode et font du n’importe quoi, afin d’immortaliser sans scrupule et sans retenue les cérémonies. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas et nous pouvons tous trois partir vers le chemin spirituel en compagnie des moines célèbrant l’office afin de conduire à l’éveil tous les êtres et les aider à trouver la libération de toutes les sources de souffrance, que sont l’orgueil, la jalousie, le désir, l’ignorance, l’avidité et la colère.
Les odeurs d’encens envahissent toute la salle pendant que les moines prient en psalmodiant des textes sacrés qui parlent de l'esprit, la philosophie et les enseignements de Bouddha. Pendant la cérémonie, quelsques moines servent à chaque personne de l’assemblée, du thé au beurre salé. Le moment est venu pour moi de sortir ma tsampa que je mélangerai avec le thé une fois que celui-ci me sera servi dans ma tasse en bois. Le petit déjeuner se passe alors dans le silence le plus complet afin que les pensées de chacun restent libres.
Un gong retentit, la cérémonie reprend, les moines reprennent directement la lecture des textes sacrés accompagnés de nombreux rituels, en utilisant notamment des objets de culte comme le dorjé, le gyaling et le hyangro et en accordant une grande place au mouvement. Le monastère culmine peut être à 3510 m, mais j’ai bien l’impression qu’à ce moment-ci, mon élévation mentale est bien au-delà.
La putja terminée, je range ma tasse et le reste de la tsampa dans mon sac et décide de rester dans la salle pour me plonger sur quelques pages de mon livre qui évoque, comme je vous l’ai déjà dit, l’art de la compassion. Etant donné qu’il ne fait pas très lumineux à l’endroit où je me trouve, je choisis d’aller m’assoir près d’une fenêtre pour avoir une lecture plus confortable. Au bout d’une heure, un moine vient me voir et m’invite à partager une nouvelle putja avec lui. J’accepte très volontiers et nous nous dirigeons vers une pièce plus petite où il y a des coussins, deux tables où sont déposés un livre tibétain aux couvertures en bois, un dorjé (Dorjé le principe masculin, est le symbole du chemin qu’il faut suivre et ghantâ (la cloche), principe féminin, qui incarne la connaissance, la vacuité. Il y a aussi un gyaling sorte de hautbois, un hyangro, tambour rond à deux faces recouvert de peau de chèvre ayant une poignée en bois et une baguette nommée "gajo" et des cymbales. Je m’installe à la table qui se trouve en face de celle du moine, la putja peut commencer. ……….. Après avoir fini la lecture de tous les feuillets, le moine les range bien soigneusement entre les deux planches et emballe le tout dans un tissu de couleur jaune ocre. Puis il relève la tête pour me dire thank you et je lui réponds d’un simple julley. Je ne saurais rien dire de plus, tellement le moment fut divin. Après un court silence, le moine me demande dans un anglais approximatif où je vais après Lamayuru. Je lui dis que j’ai l’intention d’aller à Urgyen Dzong pour le jour anniversaire de la naissance de Padmasmbhava (Guru Rinpoche), et qu’après, je débuterai un long voyage à pied depuis le Zanskar jusqu’au Tsomo Riri. Le moine sourit et me dit : This is good, but after the little Tibet, do you go to the great Tibet ? Là, c’est à mon tour de lui sourire et de répondre : No, that is not possible ! Et il me répond : Que les hommes sont ridicules avec leurs frontières ! Ils parlent souvent de paix, mais ils n’ont aucune solution à offrir pour y arriver, étant donné qu’ils n’étudient pas le problème à fond puisqu’ils l’examinent uniquement du point de vue politique, alors qu’un problème, pour être résolu, doit être placé sur le plan philosophique. Toutes autres solutions ne peuvent être que temporaires. Pour avoir une véritable paix, il faut cesser de tuer les hommes, en supprimant la peine de mort, mais aussi les animaux en interdisant la chasse et en introduisant le végétarisme pour tous. Ce n’est qu’après, qu’on osera parler de paix sans être ridicule. Et il poursuit en disant qu'on ne peut pas quotidiennement et impunément égorger des millions de bêtes innocentes, vu que même les animaux ont une âme et toutes ces âmes une fois libérées de leur corps, demandent obligatoirement justice. Surtout qu’aucun mangeur de viande ne se plaigne des coups que lui porte le destin. Même si le moine a eu la grande amabilité de ne pas me poser la question pour savoir si je mangeais de la viande, il est toutefois certain qu’à partir d’aujourd’hui, si je mange encore de la viande, je n’en mangerai plus jamais de la même façon !
Avant de se quitter, je tente de lui poser une question sur le Tibet en lui demandant s’il trouvait normal que nous ne puissions plus y aller ? Sa réponse fut tout aussi philosophique : je ne cherche pas à savoir pourquoi nous ne pouvons plus y aller. Je ne veux rien savoir car il y a différentes causes et il est évident que nous les ferons disparaître en créant un monde nouveau. Aujourd’hui, chaque pays sur cette terre est une des cellules de cette grande prison et il n’est pas question de passer d’un compartiment à un autre. Il n’existe même pas de salle centrale, soit pour y prendre des repas soit pour y travailler, car il n’y a pas un seul territoire à la surface de notre globe qui appartienne en commun à tous les hommes. Tout est domaine privé. Tous ceux qui ne partagent pas votre cachot s’appellent étrangers, terme auquel s’attachent mépris et méfiance. On crée des réserves pour protéger les animaux. Nous avons un urgent besoin de parc International pour bêtes humaines sans passeport. Avec les paroles qu’il venait de me dire, le moine m’avait offert assez de sujet de réflexions pour tout mon voyage. Avant de nous quitter, je le remercie bien chaleureusement et lui offre une photo du Dalaï Lama.
Je pensais avoir terminé la partie cérémonie mais le moine me dit qu'aujourd'hui, une autre cérémonie, très importante, est consacrée à la paix dans le monde et qu'elle se déroule dans la section de méditation du monastère. Je me dirige aussitôt vers ce lieu qui culmine sur une autre cime à l'arrière du monastère. Cette dernière cérémonie sera, dans l'après-midi, couronnée par la présence du grand Lama du monastère.
A première vue, ce cérémonial n'est pas trop différent d'une putja, sauf que pendant les prières des moines, un feu est alimenté durant toute la cérémonie. Chose difficile à faire, vu le peu de bois que l'on trouve au Ladakh. Lorsque j'arrive à l'endroit, les moines et nonnes sont déjà réunis avec un maître de cérémonie. Comme le grand Lama n'est pas encore présent, c'est au moine qui a rencontré le coeur intime de l'enseignement du Bouddha, grâce à la pratique de la méditation durant une période de trois ans et trois quinzaines, que la tâche est confiée.
Au soir, je quitte le gonpa et redescends vers la route pour rentrer à la guesthouse et me préparer pour le repas du soir.
Après cette bonne journée et pour ne pas trop vite redescendre sur terre, j’ai l’intention d’aller marcher demain, sur un monde lunaire, que l’on appelle ici Moonland. Moonland est un grand cirque désertique qui serait, parait-il, un ancien lac asséché. Pour pouvoir le visiter, il faut impérativement que le sol soit sec, sous peine de risquer de belles glissades sur le sol argileux. Ce décor particulier vaut largement le détour si on a assez de courage de monter là-haut ! C’est mon prochain objectif.
Pour aller au gonpa depuis la guesthouse, il me faut monter un chemin très abrupt qui mène directement sur le sommet des rochers où est accroché à flanc de montagne le gonpa. Arrivé dans l’enceinte de celui-ci, je me dirige directement vers une plateforme où trônent quatre grands stupas qui sont entourés par une longue série de moulins à prières. Je fais le tour par la gauche, comme le veut la tradition, en faisant tourner les moulins qui renferment des mantras dont le plus connu est OM MANI PADME HUM signifiant «Salut à toi, Ô Joyau dans le Lotus».
Je me dirige ensuite vers la grande salle de prière. Lorsque j’arrive, la cérémonie a déjà commencé et je m’installe le plus discrètement possible sur un des coussins disposés tout spécialement pour les visiteurs. Comme le festival annuel s’est déjà déroulé cette année, il y a de ce fait, moins de moines, mais surtout moins de touristes présents. A vrai dire, nous ne sommes que trois, ce qui m’arrange grandement, car il faut bien reconnaitre que certains touristes se comportent, que cela soit dans un festival ou une putja, comme s’ils assistaient à la dernière revue à la mode et font du n’importe quoi, afin d’immortaliser sans scrupule et sans retenue les cérémonies. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas et nous pouvons tous trois partir vers le chemin spirituel en compagnie des moines célèbrant l’office afin de conduire à l’éveil tous les êtres et les aider à trouver la libération de toutes les sources de souffrance, que sont l’orgueil, la jalousie, le désir, l’ignorance, l’avidité et la colère.
Les odeurs d’encens envahissent toute la salle pendant que les moines prient en psalmodiant des textes sacrés qui parlent de l'esprit, la philosophie et les enseignements de Bouddha. Pendant la cérémonie, quelsques moines servent à chaque personne de l’assemblée, du thé au beurre salé. Le moment est venu pour moi de sortir ma tsampa que je mélangerai avec le thé une fois que celui-ci me sera servi dans ma tasse en bois. Le petit déjeuner se passe alors dans le silence le plus complet afin que les pensées de chacun restent libres.
Un gong retentit, la cérémonie reprend, les moines reprennent directement la lecture des textes sacrés accompagnés de nombreux rituels, en utilisant notamment des objets de culte comme le dorjé, le gyaling et le hyangro et en accordant une grande place au mouvement. Le monastère culmine peut être à 3510 m, mais j’ai bien l’impression qu’à ce moment-ci, mon élévation mentale est bien au-delà.
La putja terminée, je range ma tasse et le reste de la tsampa dans mon sac et décide de rester dans la salle pour me plonger sur quelques pages de mon livre qui évoque, comme je vous l’ai déjà dit, l’art de la compassion. Etant donné qu’il ne fait pas très lumineux à l’endroit où je me trouve, je choisis d’aller m’assoir près d’une fenêtre pour avoir une lecture plus confortable. Au bout d’une heure, un moine vient me voir et m’invite à partager une nouvelle putja avec lui. J’accepte très volontiers et nous nous dirigeons vers une pièce plus petite où il y a des coussins, deux tables où sont déposés un livre tibétain aux couvertures en bois, un dorjé (Dorjé le principe masculin, est le symbole du chemin qu’il faut suivre et ghantâ (la cloche), principe féminin, qui incarne la connaissance, la vacuité. Il y a aussi un gyaling sorte de hautbois, un hyangro, tambour rond à deux faces recouvert de peau de chèvre ayant une poignée en bois et une baguette nommée "gajo" et des cymbales. Je m’installe à la table qui se trouve en face de celle du moine, la putja peut commencer. ……….. Après avoir fini la lecture de tous les feuillets, le moine les range bien soigneusement entre les deux planches et emballe le tout dans un tissu de couleur jaune ocre. Puis il relève la tête pour me dire thank you et je lui réponds d’un simple julley. Je ne saurais rien dire de plus, tellement le moment fut divin. Après un court silence, le moine me demande dans un anglais approximatif où je vais après Lamayuru. Je lui dis que j’ai l’intention d’aller à Urgyen Dzong pour le jour anniversaire de la naissance de Padmasmbhava (Guru Rinpoche), et qu’après, je débuterai un long voyage à pied depuis le Zanskar jusqu’au Tsomo Riri. Le moine sourit et me dit : This is good, but after the little Tibet, do you go to the great Tibet ? Là, c’est à mon tour de lui sourire et de répondre : No, that is not possible ! Et il me répond : Que les hommes sont ridicules avec leurs frontières ! Ils parlent souvent de paix, mais ils n’ont aucune solution à offrir pour y arriver, étant donné qu’ils n’étudient pas le problème à fond puisqu’ils l’examinent uniquement du point de vue politique, alors qu’un problème, pour être résolu, doit être placé sur le plan philosophique. Toutes autres solutions ne peuvent être que temporaires. Pour avoir une véritable paix, il faut cesser de tuer les hommes, en supprimant la peine de mort, mais aussi les animaux en interdisant la chasse et en introduisant le végétarisme pour tous. Ce n’est qu’après, qu’on osera parler de paix sans être ridicule. Et il poursuit en disant qu'on ne peut pas quotidiennement et impunément égorger des millions de bêtes innocentes, vu que même les animaux ont une âme et toutes ces âmes une fois libérées de leur corps, demandent obligatoirement justice. Surtout qu’aucun mangeur de viande ne se plaigne des coups que lui porte le destin. Même si le moine a eu la grande amabilité de ne pas me poser la question pour savoir si je mangeais de la viande, il est toutefois certain qu’à partir d’aujourd’hui, si je mange encore de la viande, je n’en mangerai plus jamais de la même façon !
Avant de se quitter, je tente de lui poser une question sur le Tibet en lui demandant s’il trouvait normal que nous ne puissions plus y aller ? Sa réponse fut tout aussi philosophique : je ne cherche pas à savoir pourquoi nous ne pouvons plus y aller. Je ne veux rien savoir car il y a différentes causes et il est évident que nous les ferons disparaître en créant un monde nouveau. Aujourd’hui, chaque pays sur cette terre est une des cellules de cette grande prison et il n’est pas question de passer d’un compartiment à un autre. Il n’existe même pas de salle centrale, soit pour y prendre des repas soit pour y travailler, car il n’y a pas un seul territoire à la surface de notre globe qui appartienne en commun à tous les hommes. Tout est domaine privé. Tous ceux qui ne partagent pas votre cachot s’appellent étrangers, terme auquel s’attachent mépris et méfiance. On crée des réserves pour protéger les animaux. Nous avons un urgent besoin de parc International pour bêtes humaines sans passeport. Avec les paroles qu’il venait de me dire, le moine m’avait offert assez de sujet de réflexions pour tout mon voyage. Avant de nous quitter, je le remercie bien chaleureusement et lui offre une photo du Dalaï Lama.
Je pensais avoir terminé la partie cérémonie mais le moine me dit qu'aujourd'hui, une autre cérémonie, très importante, est consacrée à la paix dans le monde et qu'elle se déroule dans la section de méditation du monastère. Je me dirige aussitôt vers ce lieu qui culmine sur une autre cime à l'arrière du monastère. Cette dernière cérémonie sera, dans l'après-midi, couronnée par la présence du grand Lama du monastère.
A première vue, ce cérémonial n'est pas trop différent d'une putja, sauf que pendant les prières des moines, un feu est alimenté durant toute la cérémonie. Chose difficile à faire, vu le peu de bois que l'on trouve au Ladakh. Lorsque j'arrive à l'endroit, les moines et nonnes sont déjà réunis avec un maître de cérémonie. Comme le grand Lama n'est pas encore présent, c'est au moine qui a rencontré le coeur intime de l'enseignement du Bouddha, grâce à la pratique de la méditation durant une période de trois ans et trois quinzaines, que la tâche est confiée.
Il est déjà 14h, c'est l'heure de faire une pause pour tout le monde et d'aller se restaurer avec différents plats végétariens, servis dans une pièce servant de cuisine et de réfectoire improvisé.
Une heure plus tard, le grand Lama arrive sur le lieu de la cérémonie. Les prières peuvent reprendrent.
Au soir, je quitte le gonpa et redescends vers la route pour rentrer à la guesthouse et me préparer pour le repas du soir.
Après cette bonne journée et pour ne pas trop vite redescendre sur terre, j’ai l’intention d’aller marcher demain, sur un monde lunaire, que l’on appelle ici Moonland. Moonland est un grand cirque désertique qui serait, parait-il, un ancien lac asséché. Pour pouvoir le visiter, il faut impérativement que le sol soit sec, sous peine de risquer de belles glissades sur le sol argileux. Ce décor particulier vaut largement le détour si on a assez de courage de monter là-haut ! C’est mon prochain objectif.
Me voilà parti en direction de cette terre de lune. Hélas, la météo n'est franchement pas de mon côté et il y a au-dessus de ma tête de gros nuages gris qui menacent le bon déroulement de ma balade. Au fur
et à mesure que je l’approche, je suis interpellé par la couleur jaune ocre du
site et cette couleur est encore plus accentuée par le contraste avec les
roches sombres environnantes. Mon seul regret, c'est le manque de luminosité.
Arrivé tout en haut, la vue conjointe du Moonland avec le gonpa de Lamayuru posé sur un piton rocheux, est tout à fait gigantesque. Ne serait-ce pas ça la face cachée de Moon Land ?! Le champ de bosses prend fin. Cependant, je désire continuer sur un dénivelé d’une centaine de mètres et me retrouver sur une grande surface plane. Car ces montagnes ont été formées par le mouvement tectonique de la plaque indienne qui glisse sous la plaque eurasienne depuis 50 millions d'années. Les spécialistes prétendent que lorsque le choc des deux continents s’est produit, les systèmes cambrien, ordovicien, silurien et dévonien ont formé la partie ouest de l'Himalaya, càd le Cachemire et l'Himachal Pradesh. Je me retrouve donc à l’endroit même où était autrefois le fond de l'océan Téthys et lorsqu’on est spécialiste, les traces des formations géologiques peuvent être observées ici même, selon les différentes couleurs des roches. En résumé, il faut se dire que l'Himalaya résulte de la convergence et la déformation des plaques indo-australienne et eurasienne et cette convergence est encore décelable aujourd’hui, puisqu’elle contribue à une augmentation de l'altitude de l'Himalaya d'un centimètre par an. Avant de rebrousser chemin, je me choisis une belle pierre qui trônera dans mon salon en guise de souvenir. Cela fait, je n'ai plus qu'à redescendre et profiter encore et encore de ce site qui est peut-être unique en Himalaya.
Je ne sais plus où poser mes yeux tellement je suis une nouvelle fois surpris par ce décor incroyable. Après plus de deux heures d’efforts,
j’arrive au pied de falaises ornées à leurs sommets, de stalactites et
stalagmites d'argile. Je continue à monter pas à pas.
Arrivé tout en haut, la vue conjointe du Moonland avec le gonpa de Lamayuru posé sur un piton rocheux, est tout à fait gigantesque. Ne serait-ce pas ça la face cachée de Moon Land ?! Le champ de bosses prend fin. Cependant, je désire continuer sur un dénivelé d’une centaine de mètres et me retrouver sur une grande surface plane. Car ces montagnes ont été formées par le mouvement tectonique de la plaque indienne qui glisse sous la plaque eurasienne depuis 50 millions d'années. Les spécialistes prétendent que lorsque le choc des deux continents s’est produit, les systèmes cambrien, ordovicien, silurien et dévonien ont formé la partie ouest de l'Himalaya, càd le Cachemire et l'Himachal Pradesh. Je me retrouve donc à l’endroit même où était autrefois le fond de l'océan Téthys et lorsqu’on est spécialiste, les traces des formations géologiques peuvent être observées ici même, selon les différentes couleurs des roches. En résumé, il faut se dire que l'Himalaya résulte de la convergence et la déformation des plaques indo-australienne et eurasienne et cette convergence est encore décelable aujourd’hui, puisqu’elle contribue à une augmentation de l'altitude de l'Himalaya d'un centimètre par an. Avant de rebrousser chemin, je me choisis une belle pierre qui trônera dans mon salon en guise de souvenir. Cela fait, je n'ai plus qu'à redescendre et profiter encore et encore de ce site qui est peut-être unique en Himalaya.
Mais les nuages se font de plus menaçant, tant et si bien que lorsque je me trouve tout en haut, voilà qu'il commence à pleuvoir. Evidemment, c'est ce que je craignais le plus, car le site va se transformer très vite en patinoire. Ni une ni deux, je redescends dare dare, mais la pluie redouble d'intensité. Je change de parcours et je me dirige vers une gorge, qui devient de plus en plus étroite. Heureusement, j'arrive quand même à m'en sortir et je me retrouve ainsi en sécurité au bord de la route. Des pieds à la tête, je suis couvert de boue. Lorsque j'arrive à la guesthouse, je n'ai que la solution de passer directement sous la douche, sous peine d'effrayer tout le monde.
La grande lessive terminée, je mets des vêtements propres et je rejoins dans la cuisine madame qui est en train de préparer le repas du soir. Comme je l'ai dit plus haut, ici c’est comme en famille, à l’heure du repas, tout
le monde est réuni pour manger ensemble. C’est
très agréable et nettement mieux que de manger chacun de son côté, comme c’est parfois le cas dans d'autres guesthouses.
Ce soir, je referai mon sac car pour moi, l'aventure continue. En espérant que demain les cieux soient plus cléments !!!