lundi 31 mai 2010

Spiti. IV

Kaza / Kye

Deux possibilités au programme. Soit nous allons au monastère de Dhankar, monastère qui est juché sur une falaise, soit nous allons au monastère de Kye, qui lui est sur un piton rocheux à 4116 m au milieu des sommets blancs de plus de 5000 m.
Nous optons pour la deuxième solution car nous avons la possibilité de loger au monastère et le lendemain de continuer à pied vers Kibber et de poursuivre notre petit programme dans les alentours. Après, nous rentrerons à Kaza avant de visiter Dhankar et ses alentours, s'il nous reste encore un peu de temps pour le faire.

En route pour le monastère de Kye.


Arrivés là haut sur le piton, nous sommes directement séduits par l'endroit et c'est sans hésiter que nous décidons de prendre une chambre dans le monastère.
Le lieu est vraiment incroyable. De notre hauteur, nous dominons la vallée du Spiti et les montagnes sont presque à portée de main.
Comme dans tous les monastères, il fait calme mais la différence avec les autres, c'est qu'ici, par sa situation, la sérénité semble encore plus grande.



Lorsque nous avons déposé nos affaires dans notre chambre, nous nous sommes dirigés vers la salle de prières où la puja n'était pas encore terminé. Ici nous sommes en terre connue puisque la cérémonie est semblable à celle du monastère de Lamayuru. Enfin nous pouvons apprécier pleinement les chants et les instruments de musique des moines.









Après le puja, nous avons été manger directement dans la cuisine avec les moines un délicieux dal et du thé au lait comme boisson. 

 













Maintenant c'est la sieste pour tous. Nous sommes montés sur le toit du monastère, d'où nous contemplons ce panorama extraordinaire et nous nous amusons à regarder les choucas, ces oiseaux noirs volants dans le ciel et tout autour de nous. Impossible de ne pas penser ici, à la chanson des Beatles.

Pour le moment, c'est l'endroit qui nous plait le plus depuis le début de ce voyage. Le monastère de Kye est à coup sûr notre coup de foudre.








14h les moines recommencent à lire en murmurant des mantras, chacun dans son coin. Si bien que cela donne une espèce de quadrophonie suivant l'endroit où vous êtes. 

 


Dans un bâtiment, dans la cour appelée le mani lakhang, il y a un vieux qui lit aussi des mantras tout en faisant tourner un grand moulin à prières. A chaque demi rotation, un tintement d'une clochette se fait entendre à rythme régulier.
Vous y ajoutez le décor et vous restez dans votre coin, une bonne partie de l'après midi, en spectateur.

Pascale vient me chercher pour faire une parikama, càd une circumembulation autour d'un lieu sacré. En l'occurence, ici c'est tout simplement le tour du monastère.

A 18h, une trompe sonne depuis le toit du plus haut bâtiment, qui annonce l'heure du repas au monastère. Je ne suis pas tout à fait certain de ce que j'avance, mais je pense que c'est pour inviter les habitants du village d'en bas de venir manger s'ils n'ont rien chez eux. C'est une hypothèse mais je ne dois pas être loin de la vérité. Aussi non je ne vois pas très bien l'utilité de cet usage.

La journée se termine rapidement, chacun moine se retire dans sa cellule et nous, dans notre chambre. Tout est calme et la nuit peut commencer à tomber dans la vallée.

OM MANI PADME UM






1 juin

Kye / Kibber



C'est à pied et avec regret que nous quittons le monastère, pour nous diriger vers Kibber, le plus haut village électrifié d'Asie (4200 m).






Nous entamons la marche, mais 3 km plus loin arrive à notre hauteur un tracteur. Le chauffeur nous fait signe de monter. C'est sans hésiter que nous acceptons. Je me souviens du coup de Caterpilar au Ladack, mais le tracteur, ça c'est une première. 





Nous ne le regrettons pas le choix car le tracteur monte à peine un peu plus vite qu'à pas d'homme, si bien que nous avons le temps d'apprécier le paysage.
Après une demi heure, nous arrivons à destination sans même une goutte de transpiration !!!!


Pas trop le choix dans les guest house puisqu'il n'y en a qu'une qui est ouverte. C'est le Norlang qui se situe à l'entrée du village.
Nous déposons nos sacs dans la chambre et allons boire un thé au lait.
Première déception, il n'y a pas de lait, ce sera un thé noir. Nous voulons manger un bout, deuxième déception, il n'y a que des sachets de nouilles précuites où il ne faut y ajouter que de l'eau chaude.  Je demande des oeufs avec des chapatis ? Les oeufs on va les checher ailleurs et les chapatis, il les fait lui même. Décidément, notre séjour à Kibber commence fort !!!!!!
La troisième déception sera le village. De loin, il ne semble pas mal mais lorsque vous y mettez les pieds, il ne ressemble alors pas à grand chose. Nous faisons le tour complet pour être sûr de ne rien rater, mais visiblement il n'y a rien de plus et nous retournons à la guest house.


Un peu de repos, question de s'habituer aux 4200 m et nous repartons pour une balade dans les montagnes avoisinantes.
Ici rien à redire, les vues sont splendides, mais qu'est ce que nous avons difficile à progresser. Le souffle est court et les jambes ne répondent pas trop bien.
Nous passerons la nuit ici et demain matin, nous prendrons le bus de 8h qui retourne à Kaza.

samedi 29 mai 2010

Spiti III

29 mai

Kungry / Sagnam

Vers 3h du matin, je me réveille et je constate que de gros flocons tombent de l'autre côté de la fenêtre. Je me lève, j'ouvre la porte et c'est la stupéfaction. Il y a au moins déjà 10 cm de neige sur le sol et ça tombe toujours autant.
Je vais me recoucher en me demandant si nous pourrons arriver à temps à Manali ?! Nous n'en sommes pourtant qu'à 187 km avec un col, le Kunzum qui culmine à 4335 m, et la question n'est toujours pas résolue !
Je me rendors en me disant que demain est un autre jour et que l'on verra bien.


Le lever comme d'habitude au monastère est à 4h45. Mais au lieu de commencer la journée à vaquer à leurs occupations de tous les jours, les nonnes doivent d'abord déneiger les toits plats des bâtiments afin que l'eau ne s'infiltre pas dans le pisé. Ce qui l'endommagerait à jamais.
Le travail terminé, la journée peut commencer mais il faut se dépêcher puisque les nonnes retournent au puja de 7h et que nous avons pris du retard à cause du déneigement. 
Je profite pour faire des photos inédites.





Nous fermons nos sacs à la hâte et saluons toute la petite congrégation de nonnes qui nous a hébergé ainsi que la mère supérieure. Elle nous dit qu'elle n'est pas bien et qu'elle a mal à la gorge. Nous profitons de l'occasion pour faire un geste en lui donnant des médicaments. Ainsi tout le monde est content, puiqu'elle avait refuser tout dédommagement pour notre hébergement.

Nous reprenons la route dans la neige. Elle est telle qu'il nous est impossible de prendre le raccourci dans la montagne et nous sommes obligés de suivre la route qui va vers 
Mud.
La marche n'est pas trop difficile et nous y allons gaîment





Une heure de marche et un 4x4 arrive à notre hauteur. Nous demandons au chauffeur s'il va à Mud ? Il répond qu'il ne va que jusqu'à Sagnam.
Ce sera déjà ça de fait et nous montons dans le véhicule.



Arrivés sur place, nous constatons que l'endroit a du charme et décidons d'y passer une partie de la journée avant de continuer sur Mud.
Dans la région, les villages sont typiquement tibétains et sur les maisons flottent de nombreux drapeaux à prières.
Nous poursuivons la balade jusqu'au village voisin. Pour y arriver, il faut emprunter un pont branlant afin de passer la rivière du Pin. 
Impossible de continuer car la neige fond sous le soleil et "la campagne" est détrempée.
Forcés de retourner au premier village, nous en profitons pour manger un thuktal, une sorte de noodles soupe à la tibétaine. Trés bon.








Revigorés par le thuktal, nous continuons à pied jusqu'à Mud, il n'y a plus que 13 km. Tout au tour de nous, ce n'est que sommets, si bien que l'eau dévale en cascade de toutes parts. La piste devient de plus en plus étroite à cause de petits éboulements qui se sont produits. Je suis de plus en plus sceptique de savoir si nous allons avoir la possibilité de rejoindre le village de Mud.






La question ne se pose pas très longtemps. Après 6 km, nous sommes devant un gros éboulement. Il serait possible de continuer mais je ne prends pas le risque et décide de rebrousser chemin et nous retournons à Sagnam pour y passer la nuit.
C'est alors que le bus qui va au village de Mud arrive. A bord se trouve tous ceux qui viennent du monastère pour écouter le grand lama et comme ils veulent rentrer chez eux, ils commencent à déblayer la route.

Non, pour nous c'est bien le retour, je ne veux pas rester bloqué à Mud si la situation s'aggrave et nous faisons demi tour sans regret.
Arrivés à Sagnam, nous sommes sur les genoux. En tout, nous avons fait pas loin de 18 km à pied. Heureux de la belle journée, nous nous endormons comme des loirs.

30 mai

Sagnam / Kaza

Lever difficile, nous serions bien restés au lit mais nous voulons rentrer à Kaza. Alors pas d'autre solution que de se lever tôt pour avoir le bus de hier, qui doit normalement venir de Mud. Ici tout est possible !!!!
En effet à 7h30, nous voyons le bus arriver. Il est déjà plein car tout le monde retourne au monastère de Kungri. Nous poussons pour entrer dans le bus, alors que d'autres choisissent de monter sur la galerie. Comme toujours, tout le monde trouve sa place et le bus se met en branle.



Lorsque nous quitterons Kungri, il ne restera, dans le bus, que 5 passagers qui continueront leur route au lieu d'aller écouter le lama.
Arrivés à Kaza, nous constatons que tous les magasins sont fermés. Nous avions oubliés que nous étions dimanche. Bien, très bien alors nous faisons de même et allons directement à la guesthouse pour nous reposer. 

mercredi 26 mai 2010

Spiti. II

26 mai

Tabo / Kaza

Julley à vous tous,

Le monastère de Tabo n'est vraiment pas comme les autres. Nous constatons que l'ensemble est en pisé et que les bâtiments (temples) ne sont pas très hauts, en tout cas beaucoup moins hauts que les monastères que nous avons eu l'habitude de voir.
N'oublions quand même pas que ces constructions datent de 996 et qu'à cette époque, elles ne montaient sûrement pas plus haut.
Par contre ce qui frappe les visiteurs, c'est la beauté de l'ensemble, qui n'est en rien comparable à l'architecture de la région.
Ici, on a la nette impression d'avoir été transporté en plein désert malien avec ses maisons en pisé aux angles trés arrondis.
Le pisé est d'un brun très clair, ce qui rajoutte encore un peu plus à ce petit côté exotique.
Enfin, quoi qu'il en soit, ce n'est qu'une analyse d'un non initié sur la question, mais c'est en tout cas, l'effet que j'en ai ressenti.
Ca c'est pour l'effet extérieur. En ce qui concerne la partie intérieure, je peux vous affirmer que c'est un des plus beau monastère que j'ai vu jusqu'ici. Ses fresques, ses statues, ses draperies en font un ensemble particulièrement réussi.













Nous terminons ici la visite de Tabo, pour nous diriger vers la vallée du Pin, mais nous sommes obligés de transiter par Kaza où nous passerons la nuit. 




27 mai

Kaza / Kungry

Comme nous l'avions dit hier, nous sommes arrivés à Kaza qui est la capitale du Spiti. N'allez pas imaginer, parce que c'est la capitale, qu'il y a des feux multicolores et le confort d'une grande ville. Non c'est juste qu'il y a plus de monde que dans les autres villages, que la rue principale est bordée de quelques commerces en tous genres et qu'il y a un peu plus de voitures.
Pour le reste, les problèmes sont les mêmes que partout ailleurs dans la vallée. Il n'y a pas d'eau courante, il faut aller la chercher à la réserve (!) et j'aime autant vous dire qu'il faut une sacrée dose de courage pour se faire un brin de toilette. Nous n'avons pas le choix, à chaque étape, nous sommes gris de poussière.
Côté avantageux, il y a internet. Ce qui nous a donné l'occasion de mettre notre blog à jour. 

Tout propre, nous nous sommes dirigés vers le monastère de Kaza. Ce monastère date de 2009. En chemin, nous croisons une procession de moines descendant du monastère. 

La procession est assez longue car ils emportent avec eux les 103 mantras de Bouddha. En tête du cortège, il y a 2 moines qui soufflent chacun dans une grande trompe de 3 mètres de long, soutenues par plusieurs moines. Pour l'image, vous pouvez vous reporter dans l'album de "Tintin au Tibet" et vous aurez exactement la scène devant vous, sauf qu'ici, il n'y avait pas de capitaine Haddock pour tester les trompes.


Au monastère, rien de bien particulier, sauf que, comme il est tout neuf, il manque de la patine pour avoir le charme du lieu. Mais par contre, ce que nous avons beaucoup apprécié, c'est le mandala qui a été fait pour la cérémonie d'ouverture du monastère. Ce mandala est de toute beauté,  avec ses dégradés parfaits de couleurs. Cela démontre l'ampleur du travail des moines pour arriver à un résultat pareil.





Après le monastère bouddhiste, nous visitons le temple hindouiste qui le surplombe. De là-haut, nous avons une belle vue sur la vallée.













Visites terminées, il est temps de prendre le bus pour Kungry. 




Arrivés sur place, nous constatons que c'est l’effervescence parce que le grand lama, Zansa Kenze (pas sûr de l'orthorgraphe), est venu donner un séminaire de plusieurs semaines. 
De ce fait, des centaines de moines venus de toute la région, ont envahi les lieux et il est extrêmement difficilie de trouver une chambre libre. Un moine, voyant notre embarras, nous fit patienter et vint avec la solution d'aller dormir au monastère des nonnes. Ouf, nous étions sauvés.











28 mai

Kungri

Evidemment un monastère, même de nonnes, ce n'est pas le Club Med et nous devons nous plier au rythme de la vie monacale.
A 4h45, nous nous levons car à 5h du mat, les premières nonnes viennent dans la cuisine. En fait, chaque nonne a sa tâche. L'une prépare l'eau chaude, l'autre les repas, la 3ème fait la lessive, ... toute une organisation. Normalement, il y a 30 nonnes, mais avec la fête, certaines sont parties aider à la cuisine du monastère.
Nous partageons le thé au lait et la tsampa.





 A 6h30, nous quittons la nonnerie car il faut être au grand monastère à 7h. Le grand lama, Zansa Kenze commence ses prières. Lorsque nous arrivons, Il y a foule dans la salle et nous nous installons sur un tapis juste à côté de la sortie. Mais un moine vient nous chercher pour nous installer plus en avant.
Pendant une heure, tous les moines entonnent des mantras, puis on reçoit un pain, du thé pour ceux qui ont un gobelet, des biscuits et des bonbons. Après d'autres moines passent pour la distribution de riz non cuit, qu'il faut jeter en l'air càd sur la tête de la personne devant soi.
Pendant l'heure suivante, le grand lama poursuit la lecture en psalmodiant des mantras. Beaucoup de moines chuchotent entre eux ou somnolent, nous aussi !  
Enfin, le grand lama termine sa litanie. Tous les moines sortent et c'est la cohue pour retrouver ses chaussures. Imaginez la scène. Elles sont toutes sur un seul tas et on était +/- 900 dans le temple !!










A l'extérieur du temple, il y a autant de monde sur l'esplanade qu'à l'intérieur. C'est incroyable, à croire que tous les gens de la région sont ici.
Le temps semble se remettre peu à peu. Nous décidons de partir en balade au lieu de poursuivre l'enseignement du grand lama qui est une sorte de séminaire en tibétain auquel nous ne comprenons rien. Nous séchons donc les cours.


La nonnerie est fermée, nous prenons la piste de Kaza. Le ciel est changeant et la piste est boueuse. En chemin, nous nous arrêtons dans un petit resto pour manger un plat de momos, avant de retourner jusqu'au gompa. 
La journée au monastère se termine pour tout le monde et nous reprenons avec les nonnes le chemin de la nonnerie. Vers 17h30, celles-ci font du feu dans le vieux poêle avec des flattes de yak séchées afin d'avoir un peu de chaleur et préparer le repas du soir. Comme menu, ce sera riz + légumes + tomate. Cela remplit une nonne, mais pas mon homme (dixit Pascale).
Au repas, la nonne supérieure nous interroge sur notre destination de demain. Nous lui expliquons que nous avons l'intention de poursuivre notre voyage dans la Pin Valley tout en n'oubliant pas de la remercier très sincèrement pour son hospitalité, car sans son accord, nous n'aurions pas su où loger.
Vers 21h, tout le monde va se coucher, nous avec des images, elles avec des paroles plein la tête.