dimanche 16 mai 2010

Kinnaur

Namaste tout le monde, nous allons continuer notre périple dans l'Himalaya. 
Cette fois, nous découvrirons trois vallées mythiques, celle du Kinnaur, du Spiti et du Zanskar.


Première étape de ce voyage " Le Kinnaur "

Toutes les expéditions de la grande époque des découvertes dans cette région de l'Himalaya, sont parties de la ville de Shimla, qui était la principale résidence d'été des gradés anglais. C'était donc de là que sont partis des Lafugie, Marco Pallis et autres pouur leur expédition. C'était l'endroit rêvé pour faire ses derniers préparatifs avant de partir vers, ce qui était à l'époque, la grande inconnue.

C'est donc en toute simplicité (!!!) que nous, nous sommes aussi partis de Shimla pour visiter cette région, puisque de nos jours, on ne peut plus parler d'expédition puisque cela fait fort longtemps qu'il n'y a plus rien à découvrir dans cette région du monde.

Grasse matinée et petit dej dans un boui boui indien où nous avons mangé des délicieuses crêpes aux légumes.
Après, nous sommes allés en repérage pour notre bus de demain matin, celui qui nous conduira à Sarahan dans le Kinnaur.
Heureux que nous avons pris une journée de repos car la route sera longue et difficile. Entre 7 et 10 heures de route pour 175 km.
Jadis c'était l'antique route vers le Tibet qui était encore libre. Aujourd'hui il ne l'est plus, mais ce n'est qu''un détail puisqu'un jour il le redeviendra, c'est certain.

Info météo de Shimla : Temps toujours ensoleillé et chaud mais nettement plus respirable qu'à Delhi et les nuit sont même plutôt fraîches. Nous sommes à 2165 m d'altitude.


On a beau prévoir ou se renseigner, vous pouvez être sûrs que tout ne va pas aller comme prévu !


........... Le réveil sonne, il est 4h30, nous voulons prendre le bus de 6h pour Sarahan, afin d'éviter les chaleurs du soleil. Hier on nous avait donc dit qu'il y avait 4 bus par jour, le premier à 6h, les autres partent avec une heure d'intervalle.
Ok, nous comptons sur ces renseignement et nous voila en route pour la station de bus. Arrivés sur place (5h15), nous allons directement au guichet pour réserver nos places de bus afin d'avoir les meilleures possibles. Le guichetier nous dit que le bus direct pour Sarahan ne part qu'à 9h15 (la journée continue aussi mal !). Nous sommes surpris et nous lui demandons s'il n'y a pas de bus à 6, 7, 8 et 9h ? Oui mais seulement à partir de juillet ! Ha, ok, alors pour ce coup là, nous sommes alors vraiment trop tôt, mais nous n'avons pas trop envie de retourner à l'hôtel car à Shimla, c'est toujours op & down lorsque l'on veut faire le moindre trajet et la station est au plus bas de la ville

Nous sommes assis sur un banc, lorsqu'un le même guichetier vient nous trouver pour nous dire qu'il a une autre solution pour nous. Dans 15 min. il y a un bus qui part pour Jeori qui est à 17 km de Sarahan. Nous ne devons pas bouger de là, il viendra nous appeler au moment voulu.
Là, bizarement nous reprenons espoir car s'être levés si tôt, pour être obligés d'attendre sur un banc, vous reconnaîtrez que cela ne rend pas forcément joyeux !!!!
Comme prévu, on vient nous chercher, le bus est déjà rempli mais le chauffeur a réservé les deux places à l'avant pour nous. Une fois installés, le bus se met en branle immédiatement.


La première partie de l'étape est assez jolie, avec ses grands sapins,.nous avons presque devant nous un décor alpestre.












La deuxième partie suit le cours de la rivière Sutlej. Hélas, il n'y a rien à en dire car c'est plus industriel. Pas de grosses entreprises, mais plutôt des carrières, qui ne cassent que les pierres, mais surtout le paysage.
Les kilomètres défilent, tant et si bien que si nous voulons resterassis sur notre siège, nous devons nous cramponner car la route est dans un état lamentable. Le rythme est tel qu'après seulement 6h30 de route les premières maisons de Jeori sont en vue.
Nous descendons du bus sous une grosse pluie. Nous allons nous abriter en attendant que l'averse passe. De l'autre côté de la rue, nous remarquons un petit resto où on sert des momos. Plutôt que de rester debout à attendre, nous décidons de traverser pour aller nous restaurer.
Nous venons juste de recevoir nos momos que le bus pour Sarahan arrive. Nous demandons à notre voisin de table dans combien de temps le suivant sera là ? Il nous répond une heure. Ok les momos passeront avant, puisqu'il n'est pas encore 13 h et qu'il ne reste qu'une heure de route pour arriver à l'étape du jour.
Mais notre bus ne démarre pas tout de suite. Le chauffeur taille bavette assez longtemps avec une autre personne tant et si bien que nous avons aussi le temps de vider notre assiette. Je me tourne vers notre voisin de table et je lui dit pourquoi pas prendre ce bus !
Je prends les sacs, je monte dans le bus et Pascale va payer et vient me rejoindre. Le bus démarre avec ses 2 passagers de plus.
Comme prévu, nous arrivons une heure après à Sarahan. Une fois de plus, nous nous abritons car la pluie continue à tomber. Pourtant le ciel n'est pas trop chargé, mais ce sont les nuages qui restent accrochés aux cîmes de l'Himalaya. 
Après un quart d'heure d'attente, nous pouvons chercher le guesthouse Bushair, où nous nous installons.
C'est là que nous découvrons qu'il y a un accroc dans mon grand sac à dos. La déchirure n'est pas très importante, mais je dois quand même faire réparer mon sac. Heureusement dans le village, nous trouvons un tailleur qui me répare cela vite fait, bien fait.
Entre temps, le ciel s'est dégagé et nous allons faire un petit tour dans le village. Il n'y a rien à faire, sauf à regarder les cîmes enneigées de la chaîne himalayenne et de visiter le temple de Bhimakali et l'ancien palais du maharajah. Ce sanctuaire passe pour l'un des plus beaux exemples d'architecture de l'Himalaya et effectivement, il l'est.


Demain, nous poursuivons notre périple au Kinnaur.



Nous avons fermé nos sac et nous sommes partis boire un café en attendant le départ du bus qui n'est prévu qu'à 7h15.
... C'est parti, on refait le chemin inverse pour redescendre dans la vallée. Là, changement de bus immédiat et nous voila en route pour le village de Karchham. 
Ce bus était complet, mais Pascale a trouvé une petite place à l'arrière et moi je suis assis devant sur le coffre du moteur à côté du chauffeur. La route et la vallée ne sont pas terribles. Il n'y a rien à en dire, si ce n'est que c'est la pire que l'on ait vue. Surtout que la pluie s'est mise à retomber et de ce fait, le décor semble encore plus gris.
Le chauffeur, sorte de kamikase de la route, dévale la pente à une allure folle. La piste n'est pas très large et je me demande comment notre kamikase va faire pour s'arrêter à temps, s'il y a un de sa confrérie qui devait arriver en sens inverse ?
Encore heureux que la pluie s'est mise à redoubler d'intensité, notre chauffeur a bien été obligé de lever sérieusement le pied. C'est avec soulagement que nous sommes arrivé à Karchhan.
Là, nous sommes obligés d'attendre le bus suivant, non pas au village, mais à un croisement en bord de piste.
Après 45 min d'attente, le bus arrive enfin. Nous sommes dans la vallée de la Baspa, un dénivelé de plus de 800m nous attend avant d'arriver à Sangla. Il paraît que c'est l'une des plus belles vallées ! Bof , pas mal, mais comme il pleut et brumeux, on ne voit pas grand-chose.
A mi-parcours, le bus s'arrête. Un sadhu offre à chaque voyageur un fruit sec et quelques sucreries. En échange, il reçoit quelques pièces. Notre voyage est ainsi béni !!!

Nous sommes à Sangla en attente d'une amélioration météorologique.


Celle-ci arrive frileusement dans l'après midi. Directement nous chaussons nos bottines pour aller jusqu'au fort de Kamru mais après seulement 15 min de marche, nous entendons les premiers coups de tonnerre. Nous faisons demi tour et arrivons juste à temps à l'hôtel avant de nous faire doucher.
Depuis, nous attendons toujours et nous ne bougeons plus de la journée.




Cette nuit, le ciel s'est véritablement déchiré au-dessus de nos têtes. Pendant plus de 4 h, les orages se sont succédés et une pluie battante s'est mise à tomber sur Sangla. Ce matin, on constate que le temps s'est très légèrement éclairci et que les sommets sont bien enneigés.

Après 1 café/thé, nous chaussons nos bottines pour refaire la balade que nous avions dû abandonner hier, en espérant que cette fois, que nous puissions aller jusqu'aux alpages qui se trouvent au pied de la montagne Raldang.

Dans un premier temps, nous traversons des vergers, le but étant d'arriver au fort de Kamru qui surplombe en principe le village. En fait, nous ne le trouverons jamais, mais nous ferons une belle balade.
Retour à l'hôtel, pour reprendre nos sacs et attendre le bus qui va à Chitkul et qui devrait arriver vers 12h. Nous voila en route pour une toute petite étape, 26 km seulement sépare les deux villages. La route, à flanc de montagne est superbe. Sur les 26 km, nous passons de 2620 m à 3335 m d'altitude, c'est dire si cela monte !!!!

Après seulement une demi heure de route, nous sommes stoppés. Avec le déluge de cette nuit, il y a eu un éboulement de terrain et l'armée est sur place pour dynamiter les gros blocs pierres qui se retrouvent sur la piste. L'occasion est belle pour faire quelques photos du décor et du glacier qui semble se déverser de la montagne juste en face de nous. En ce qui concerne les manoeuvres militaires, nous ne pouvons pas approcher, donc pas de photos.
J'ai eu aussi l'occasion de parler avec un chauffeur de 4X4 transportant des touristes et il m'apprend que la route du Spiti est bloquée après Kaza par la neige et que pour le moment, il est impossible de rejoindre Manali.
Ca c'est le genre de nouvelle qui ne me fait pas sauter de joie. Mais bon, pas de panique pour le moment, nous verrons bien lorsque nous serons là bas.
Entre temps, nous entendons une grosse déflagration, puis une deuxième et un bon quart d'heure plus tard, nous pouvons reprendre notre route. C'est aux alentours de 14h30 que nous arrivons à Chitkul.
Nous trouvons à loger au guest house Thakul (assez sympa) et nous voila déjà occupés à découvrir le village. D'emblée, nous sommes séduits par son atmosphère tranquille qu'il dégage.
Nous continuerons la découverte demain car le soleil commence déjà à se cacher derrière les montagnes et la lumière n'est plus très belle.

Ce matin, le ciel est complètement bleu. Comme c'est quasi la première fois depuis que nous avons quitté Shimla, l'instant est donc important !!!!

Nous décidons d'aller refaire un tour dans le village pour faire les photos. Après, nous nous dirigeons vers la montagne Rangrik Rang où du haut de ses 6503 m, il domine toute la vallée. 












La balade est belle, le printemps semble enfin là et tout autour de nous, les fermiers labourent leurs champs avec l'aide de boeufs et le soc.

















Nous poursuivons la balade à travers champs jusqu'au moment où nous arrivons à un camp militaire. Impossible d'aller plus loin puisqu'une sentinelle nous explique que nous nous dirigeons vers le Tibet et qu'à partir d'ici, la zone est interdite. Ben oui, normal, les chinois sont tellement infréquentables politiquement, qu'il vaut mieux laisser une barrière de sécurité avant qu'ils vous annexent !!
Puisque c'est ainsi, nous n'avons pas d'autre choix que de faire demi tour et de rentrer au guest house.
Afin d'éviter de prendre le même chemin qu'à l'aller pour retourner au village, nous choisissons de descendre jusqu'à la rivière Baspa et de suivre ses eaux tumultueuses gonflées par la fonte des glaciers. 
Une belle balade, même si j'aurais souhaité qu'elle soit un peu plus longue. Comme souvent dans la région, la politique en a voulu autrement !!!

Nous racourcissons notre séjour à Chitkul. Nous prenons le bus de 14h et redescendons la route en corniche vers Rekong Peo car le temps recommece une nouvelle fois à changer et comme nous avons fait le tour de la question ici, ce n'est donc pas si grave. Là bas nous passerons la nuit et demain, nous irons faire la demande de permis pour aller au Spiti. J'espère que nous l'obtiendrons sans problème.
Je me souviens encore qu'une année, le permis pour la vallée de la Noubra nous avait été refusé parce que nous voulions aller sans guide.
Toutes ces régions sont tellement sensibles que les choses peuvent parfois vite évoluer. Toujours cette politique !!!!
Enfin, nous verrons tout cela demain, pour le moment, nous nous rendons à l'arrêt du bus tout proche.

A bientôt 

Le transfert entre Chitkut et Rekong Peo, n'a pas été des plus rapide. La cause, beaucoup d'éboulements tout au long du trajet et il nous aura fallu 4h30 pour faire les 33 km.
Il est surprenant de constater le changement climatique qui s'est produit sur une si courte distance.
Ici il fait nettement plus sec et il y a déjà moins de végétation. L'espoir de trouver une route ouverte au Spiti augmente sérieusement.
Ce matin au petit dej, nous faisons le point et prenons des renseignements pour savoir où se trouve l'administration qui délivre le fameux sésame.
On nous dit que c'est un peu plus loin de l'hôtel mais que les bureaux ne s'ouvrent qu'à 10h. 

Nous avons l'intention de partir au plus vite pour rejoindre Nako et là bas souffler un peu avant de reprendre nos visites. A la condition évidemment, d'avoir les permis en poche. L'avenir proche nous le dira.

L'avenir a parlé. Nous sommes allés à l'office délivrant les permis et nous avons rempli les documents nécessaires pour les obtenir. Puis nos papiers dûment complétés sont partis dans les bureaux. Un quart d'heure plus tard et à notre plus grande surprise, on nous a annoncé que l'officier responsable était à Sangla et qu'il était impossible d'avoir les permis aujourd'hui. Stupéfaits, nous demandons s'il rentre encore dans le courant de cette journée. Impossible à dire et l'employé nous demande de repasser cet après-midi à 2pm.
Voilà, pas d'autre solution pour nous. 
Nous sommes donc bloqués à Rekong Peo. Nous retournons quand même voir à l'office puisqu'il est 3 pm et que le chef est peut être rentré. Comme prévu, le chef n'est pas là et on nous dit de repasser demain matin à 10h45. Tout est dit, nous attendrons.
Pour ne pas attendre bêtement, je rentre à l'hôtel et je fais la lessive de nos affaires sales comme cela au moins, nous repartirons propre !

......................... suite de l'histoire du Permis.
9 h nous sommes à l'office et on retrouve notre interlocuteur de choc, mais toujours rien. 
Nous retournons à 13h de peur de s'entendre dire qu'on est trop tard. Les heures défilent et toujours pas de chef en vue. L'attente est longue et elle durera jusqu'à 16h. Toutes sirènes hurlantes, le convoi du chef arrive. Sa jeep stoppe net devant l'entrée du bâtiment de son bureau.
Il nous voit assis là sur le banc et d'un geste de la main balayant les éventuelles remarques, nous dit froidement " PAS LE TEMPS" et monte dans son bureau.
Deux jours à attendre pour voir le bout de son nez et monsieur n'a pas le temps ................ nom de bouddha !!!!!
Je ne devais sûrement pas avoir ma bonne tête car un soldat vient nous trouver et nous dit de se rassoir que cela va aller.
Une demi heure passe, un garde nous dit de monter au deuxième étage, porte du fond, c'est le bureau du chef. Le secrétaire nous dit de nous assoir, bonjour vous allez bien ? Vous avez votre passeport avec la demande ? Ha vous êtes belges !
Il contrôle si tout est en ordre et signe les permis qui restent sur le bureau.
Là dessus, le chef rentre, nous regarde et nous demande si nous attendons depuis longtemps ? Depuis 2 jours. Il fallait venir à Kalpa, je vous les aurais bien signé vos papiers. C'est ça, cause toujours, vas pas nous faire croire que tu nous aurais reçu là bas !!!
Le secrétaire remet les passeports et les permis au chef qui nous les remet à son tour. Nous pouvons sortir.
D'un coup, les nerfs se sont relachés, nos yeux sont dans le vide, nous ne pouvons croire que l'aventure va enfin continuer.
Demain nous prenons la route du Spiti, ce sera fini les namaste, ils feront place au juley.

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