Ce matin, j'ai été obligé de tout refermer, alors que rien
n'était sec. Rien de trop grave, puisque je sécherai tout ce soir lorsque je
serai à St Dalmas Valdeblore. C'est là que commence le GR52 qui me conduira à
Menton, via la vallée des Merveilles.
J'ai passé ma nuit sur une bute qui se trouvait non loin du
refuge Longon. On le distingue ici sur la photo. Je pense que j'avais bien
choisi mon emplacement de bivouac, car si j'avais été sur un terrain plat, j'aurais sûrement été trempé avec les trombes d’eau qui sont tombées cette nuit !
Voilà, je me dirige à présent vers St Sauveur sur Tinée via le village de Roure.
En chemin, je croise l'hélicoptère qui apporte tous les matériaux de construction dont les hommes travaillant au refuge ont besoin pour faire les rénovations.
Lorsque j'arrive à Roure, je me dirige aussitôt vers l'épicerie car j'ai soif et je voudrais acheter quelque chose de sucré pour me désaltérer. Manque de chance, nous sommes aujourd'hui dimanche et c'est le jour de fermeture. Je resterai donc sur mon envie de boisson sucrée.
Ce petit village de Roure est exposé plein sud et s'accroche sur une pente abrupte pour dominer la vallée de la Tinée.
Au détour des pittoresques ruelles du village, je découvre les vestiges du mécanisme du cable qui reliait le village à la vallée. Il servait uniquement qu'aux marchandises.
Je descends donc jusqu'à St Sauveur sur Tinnée par le petit chemin qui serpente sur la pente escarpée. St Sauveur ne semble pas si loin mais pour y arriver, il faut un minimum d'une heure de marche. Il y a évidemment une route, mais elle est moins sympatique.
Une fois dans la ville, je constate que le dimanche est aussi le jour de fermeture de l'épicerie. Comme je n'ai plus rien à boire ni à manger, je suis obligé de me diriger vers un restaurant pour me ravitailler. Le patronne est bien accueillante et après mon repas, elle me demande si je fais le GR5 et si après St Sauveur sur Tinée, j'ai l'intention de faire le GR52 ?! Je lui réponds que je suis parti du Lac Léman, il y a plus d'un mois et que j'ai le projet d'aller jusqu'à Menton. Sur ce, elle me répond que ces derniers jours, de nombreux trekkeurs ont du faire demi-tour à St Dalma Valdeblore car il n'y a plus d'eau dans toute la vallée des Merveilles. Dans ces conditions, elle me conseille de tout simplement arrêter ici ma traversée des Alpes et de prendre le bus pour Nice de 17h30. Comme pour me confirmer ses dires, la brave dame me tend le journal où sont écrit les nouvelles et prévisions météorologiques dans le sud de la France : Fortes chaleurs sur le sud du pays, 11 départements sont en
vigilance orange canicule. La vague de chaleur se poursuit sur le sud du pays.
Les maximales varient entre 30 et 35 degrés des Charentes au Centre, au Massif central
et aux Alpes, et entre 35 et 39 degrés plus au sud, avec encore des pointes à
40 degrés. La semaine prochaine, les températures seront encore plus hautes.
Me voilà bien décontenancé par ce qu'elle vient de me dire et de ce que j'ai pu lire dans le journal ! Que faire pour bien faire ? J'avais jusqu'à 17h30 pour réfléchir ! La décision était difficile à prendre, mais je devais bien me mettre à l'évidence, que continuer dans de telles conditions aurait été déraisonnable.
Je téléphone à Pascale pour lui expliquer la situation.
...... Si près du but, 70 km de Nice et 110 km de Menton, et devoir arrêter pour une question d'eau et de canicule, est une chose difficile à accepter. Comme la dame du restaurant, Pascale me conseille aussi de rentrer car elle trouve qu'il est inutile de prendre des risques pour terminer coûte que coûte mon aventure sur le GR5. Dans la foulée, elle se propose de trouver une solution pour que je rentre à la maison le plus vite possible.
D'accord, fais pour le mieux, que cela soit par avion ou par train, peu m'importe, du moment que je ne doive pas attendre trop longtemps dans une chambre d'hôtel de Nice.
Pascale me retéléphone pour me dire qu'elle a trouvé et acheté un ticket d'avion pour demain matin sur Air Corsica. Les trains étaient quand à eux tous complets et en plus, j'avais un changement de gare à Paris. Ici, j'ai un vol Nice / Ajaccio à 8h10 et ma correspondance pour Charleroi-Sud 20 min après. Ce qui me fera une arrivée à la maison aux alentours de 13h. Puisque l'aventure ne pouvait quand même pas se poursuivre, du moins dans des conditions optimales, c'était la bonne solution.
Il est évident que j'aurai préféré terminé autrement ma grande traversée des Alpes, mais je rentre en entier et en bonne santé, c'est le principal. J'ai maintenant tout l'hiver pour réfléchir à la prochaine destination. J'ai déjà le Népal sous le feu, mais peut-être que ce sera un autre GR en France. L'avenir me le dira.
A bientôt.
Serge