mercredi 20 novembre 2013

L'hiver est aux portes de l'Himalaya, c'est la période de l'exil pour les tibétains

Ce film ne date pas d'hier, mais il est, hélas, toujours d'actualité. C'est en hiver que de nombreux tibétains tentent de franchir la frontière par les hauts sommets en espérant que l'armée chinoise soit moins vigilante en cette période de l'année à cause du grand froid. 
Ce n'est pas toujours le cas, mais c'est le prix de la liberté.


Une de mes photos, prise au Sichuan et que j'ai voulu illustrer à ma façon.
Pas sûr que les autorités chinoises apprécient !!


Je voulais aussi illustrer cette page avec un autre témoignage qui a été tourné au Tibet par Hugo Latulippe et François Prévost sous le titre " Ce qu'il reste de nous". Ce film est un terrible témoignage à voir jusqu'au bout.

PS: Le film fait 1 h 16. Trop long, il est donc impossible de le présent sur cette page.

Voici la présentation du film.

À partir de 2000, après quelques années de préparation, la Montréalaise Kalsang Dolma entreprend le premier d'une série de voyages dans son pays d'origine, le Tibet, qu'elle n'a pas connu, étant née en Inde dans un camp de réfugiés. Sous son manteau, elle cache un écran vidéo portatif qui contient un message du Dalaï Lama : le chef spirituel et politique des Tibétains est interdit dans son pays depuis cinquante ans par les autorités chinoises, qui le considèrent comme une menace à la sécurité nationale. En plusieurs endroits du pays, la jeune femme montre son message aux gens rassemblés en petits comités et recueille leurs commentaires, qui témoignent tous de leur attachement à leur dirigeant exilé et des rigueurs de l'occupation chinoise.
Inutile de préciser que ce film a été tourné de manière clandestine, à l'insu des autorités chinoises, Voyages effectués par l'équipe entre 1996 et 2004.


Adresse pour visionner ce document unique est :  https://www.youtube.com/watch?v=xINTM39WVX0 


Toute la polémique entourant les quelques cinquante dernières années du territoire tibétain sous le signe de l’occupation du gouvernement de Pékin aura dévoilé l’être humain sous son jour le moins clément. Un des peuples les plus pacifiques habitant la surface de cette planète perdit son héritage et sa liberté sous la menace des armes pour son territoire riche en ressources naturelles qui demeurait jusqu’alors pratiquement inexploités des mains avares de l’homme. Bref, toujours à la recherche de la bonne affaire, nous nous serons auto-écartés du sommet de la chaîne alimentaire pour y élever un système économique sans merci. À l’opposée, l’histoire que l’on tait religieusement relate la ténacité d’une population envahie et contrainte au silence qui espère patiemment que ceux, c’est-à-dire nous, qui tournent le dos à une vérité pourtant bien connue se soulèveront pour faire cesser cette emprise dictatoriale et aliénatrice mise sur pied au nom du profit.

Malgré des conditions de vie peu enviables, c’est dans la spiritualité et la non-violence que le peuple tibétain proteste contre ces injustices. Ce film est le fruit de huit longues années de travail leur conférant la majeure partie de la place à l’écran pour qu’ils puissent enfin dire quelques mots à un monde endormi. La prémisse du film des cinéastes québécois François Prévost et Hugo Latulippe nous convint à suivre la Montréalaise d’origine tibétaine Kalsang Dolma alors qu’elle se rend dans le pays de ses ancêtres munie d’un écran miniature porteur d’un discours de leur chef spirituel et politique en exil, le Dalaï Lama. Elle transporte donc ce message d’espoir d’un bout à l’autre de cette région n’apparaissant désormais plus sous le nom de «Tibet» sur les cartes géographiques en recueillant dans le plus grand des secrets les réactions des principaux concernés.

D’entrée de jeu, il faut absolument souligner le courage des Tibétains qui ont bien voulu participer à ce film en étant tout à fait conscients des risques de répression politique importants auxquels ils s’exposaient. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce documentaire ne sera jamais présenté ailleurs qu’en salles sous une surveillance accrue. D’un autre côté, il est primordial de louanger l’initiative des cinéastes et collaborateurs de ce projet qui ont traversé les frontières pour nous offrir une réflexion qui s’avère être du même coup plus ambitieuse et également plus percutante que la plupart des autres documents surtout historiques d’ordinaire portant sur cette problématique. Le but visé ici est évidemment de susciter une vive réaction chez les spectateurs, de les confronter à une inaction dont nous sommes tous passablement responsables et de nous exposer aux conséquences qu’elle implique d’un point de vue humanitaire. Si le film force la note en la faveur de la cause tibétaine, et c’est tout à son honneur, Ce qu’il reste de nous ne se transforme pas pour autant en un vulgaire pamphlet, bien au contraire. Ce documentaire sait comment utiliser l'héritage de cette culture dotée d'une sagesse des plus extraordinaires afin de livrer son message, mais porte également un regard assez critique par rapport à cette forme de protestation qu'est la non-violence.

Entrecoupant les vives réactions d’un peuple valsant continuellement dans l’incertitude face à son avenir qui est tout de même devenu déjà un peu plus confiant grâce à un message d’une brève durée de cinq minutes, on retrouve l’extérieur des frontières. On nous fait savoir sans grandes surprises que l’ONU fut informée dès les premiers instants par le Dalaï Lama de l’invasion non justifié du Tibet par les forces chinoises. Depuis, le reste du monde sait et pourtant, comme il y a environ cinquante ans, à l’image de l’ONU, rare sont ceux qui agissent. Et non, il ne s’agit pas d’une manifestation non-violente parallèlement à celle d’un peuple vivant d’espoir. C’est une situation qui témoigne comme à bien des égards l’indifférence occidentale face au sort d’autrui. Les raisons? L’économie, quoi d’autre? Il y a bien sûr les richesses naturelles du territoire tibétain qui entrent en ligne de compte, mais également la menace d’embargo commercial par la Chine, qui représente une somme assez imposante dépassant les 900 milliards chaque année, envers quelconque des nations du monde qui se joindraient à la cause du Dalaï Lama.


Ce qu’il reste du peuple tibétain? Encore et toujours ce même espoir de voir le vent tourner, de voir les priorités de l’homme se transformer. En attendant des changements qui ne s’opéreront peut-être pas de sitôt, en attendant que ceux au pouvoir tournent ne serait-ce qu’une fois le dos au profit en regardant d’un air dégoutté leurs mains manipulatrices des portefeuilles les plus remplis pour prendre en considération les enjeux humains résultant de cet afflux de dollars, une oppression se poursuit en silence et surtout, loin des regards. En voici un qui saura rafraîchir les mémoires.
Jean-François Vandeuren