Ce film ne date pas d'hier, mais il est, hélas, toujours d'actualité. C'est en hiver que de nombreux tibétains tentent de franchir la frontière par les hauts sommets en espérant que l'armée chinoise soit moins vigilante en cette période de l'année à cause du grand froid.
Ce n'est pas toujours le cas, mais c'est le prix de la liberté.
Une de mes photos, prise au Sichuan et que j'ai voulu illustrer à ma façon.
Pas sûr que les autorités chinoises apprécient !!
Je voulais aussi illustrer cette page avec un autre
témoignage qui a été tourné au Tibet par Hugo Latulippe et François Prévost
sous le titre " Ce qu'il reste de nous". Ce film est un terrible témoignage
à voir jusqu'au bout.
PS: Le film fait 1 h 16. Trop long, il est donc impossible
de le présent sur cette page.
Voici la présentation du film.
À partir de 2000, après quelques années de préparation, la
Montréalaise Kalsang Dolma entreprend le premier d'une série de voyages dans
son pays d'origine, le Tibet, qu'elle n'a pas connu, étant née en Inde dans un
camp de réfugiés. Sous son manteau, elle cache un écran vidéo portatif qui
contient un message du Dalaï Lama : le chef spirituel et politique des
Tibétains est interdit dans son pays depuis cinquante ans par les autorités
chinoises, qui le considèrent comme une menace à la sécurité nationale. En plusieurs
endroits du pays, la jeune femme montre son message aux gens rassemblés en
petits comités et recueille leurs commentaires, qui témoignent tous de leur
attachement à leur dirigeant exilé et des rigueurs de l'occupation chinoise.
Inutile de préciser que ce film a été tourné de manière
clandestine, à l'insu des autorités chinoises, Voyages effectués par
l'équipe entre 1996 et 2004.
Adresse pour visionner ce document unique est : https://www.youtube.com/watch?v=xINTM39WVX0
Toute la polémique entourant les quelques cinquante dernières
années du territoire tibétain sous le signe de l’occupation du gouvernement de
Pékin aura dévoilé l’être humain sous son jour le moins clément. Un des peuples
les plus pacifiques habitant la surface de cette planète perdit son héritage et
sa liberté sous la menace des armes pour son territoire riche en ressources
naturelles qui demeurait jusqu’alors pratiquement inexploités des mains avares
de l’homme. Bref, toujours à la recherche de la bonne affaire, nous nous serons
auto-écartés du sommet de la chaîne alimentaire pour y élever un système
économique sans merci. À l’opposée, l’histoire que l’on tait religieusement
relate la ténacité d’une population envahie et contrainte au silence qui espère
patiemment que ceux, c’est-à-dire nous, qui tournent le dos à une vérité
pourtant bien connue se soulèveront pour faire cesser cette emprise
dictatoriale et aliénatrice mise sur pied au nom du profit.
Malgré des conditions de vie peu enviables, c’est dans la
spiritualité et la non-violence que le peuple tibétain proteste contre ces
injustices. Ce film est le fruit de huit longues années de travail leur
conférant la majeure partie de la place à l’écran pour qu’ils puissent enfin
dire quelques mots à un monde endormi. La prémisse du film des cinéastes
québécois François Prévost et Hugo Latulippe nous convint à suivre la
Montréalaise d’origine tibétaine Kalsang Dolma alors qu’elle se rend dans le
pays de ses ancêtres munie d’un écran miniature porteur d’un discours de leur
chef spirituel et politique en exil, le Dalaï Lama. Elle transporte donc ce
message d’espoir d’un bout à l’autre de cette région n’apparaissant désormais
plus sous le nom de «Tibet» sur les cartes géographiques en recueillant dans le
plus grand des secrets les réactions des principaux concernés.
D’entrée de jeu, il faut absolument souligner le courage des
Tibétains qui ont bien voulu participer à ce film en étant tout à fait
conscients des risques de répression politique importants auxquels ils
s’exposaient. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ce documentaire ne sera
jamais présenté ailleurs qu’en salles sous une surveillance accrue. D’un autre
côté, il est primordial de louanger l’initiative des cinéastes et
collaborateurs de ce projet qui ont traversé les frontières pour nous offrir
une réflexion qui s’avère être du même coup plus ambitieuse et également plus
percutante que la plupart des autres documents surtout historiques d’ordinaire
portant sur cette problématique. Le but visé ici est évidemment de susciter une
vive réaction chez les spectateurs, de les confronter à une inaction dont nous
sommes tous passablement responsables et de nous exposer aux conséquences
qu’elle implique d’un point de vue humanitaire. Si le film force la note en la
faveur de la cause tibétaine, et c’est tout à son honneur, Ce qu’il reste de
nous ne se transforme pas pour autant en un vulgaire pamphlet, bien au
contraire. Ce documentaire sait comment utiliser l'héritage de cette culture
dotée d'une sagesse des plus extraordinaires afin de livrer son message, mais
porte également un regard assez critique par rapport à cette forme de
protestation qu'est la non-violence.
Entrecoupant les vives réactions d’un peuple valsant
continuellement dans l’incertitude face à son avenir qui est tout de même
devenu déjà un peu plus confiant grâce à un message d’une brève durée de cinq
minutes, on retrouve l’extérieur des frontières. On nous fait savoir sans
grandes surprises que l’ONU fut informée dès les premiers instants par le
Dalaï Lama de l’invasion non justifié du Tibet par les forces chinoises.
Depuis, le reste du monde sait et pourtant, comme il y a environ cinquante ans,
à l’image de l’ONU, rare sont ceux qui agissent. Et non, il ne s’agit pas d’une
manifestation non-violente parallèlement à celle d’un peuple vivant d’espoir. C’est
une situation qui témoigne comme à bien des égards l’indifférence occidentale
face au sort d’autrui. Les raisons? L’économie, quoi d’autre? Il y a bien sûr
les richesses naturelles du territoire tibétain qui entrent en ligne de compte,
mais également la menace d’embargo commercial par la Chine, qui représente une
somme assez imposante dépassant les 900 milliards chaque année, envers
quelconque des nations du monde qui se joindraient à la cause du Dalaï Lama.
Ce qu’il reste du peuple tibétain? Encore et toujours ce
même espoir de voir le vent tourner, de voir les priorités de l’homme se
transformer. En attendant des changements qui ne s’opéreront peut-être pas de sitôt,
en attendant que ceux au pouvoir tournent ne serait-ce qu’une fois le dos au
profit en regardant d’un air dégoutté leurs mains manipulatrices des portefeuilles les plus remplis pour prendre en considération les enjeux humains
résultant de cet afflux de dollars, une oppression se poursuit en silence et
surtout, loin des regards. En voici un qui saura rafraîchir les mémoires.
Jean-François Vandeuren