lundi 29 août 2011

Zanskar IV

29 août

Aujourd'hui, nous allons vers les villages du début de la vallée, ceux qui sont indiqués dans le bouquin de Michel Peissel, là où il a notamment trouvé des sculptures de différentes divinités pré-bouddhiques.
Nous choisissons d'y aller par le chemin du bas et nous reviendrons par le chemin du haut pour terminer au monastère des nonnes d'où on a une autre belle vue du monastère des moines.

Sur la petite route, nous arrivons à hauteur d'un mur de mani où nous rencontrons des écolières sur le chemin de l'école. 


 





Nous poursuivons jusqu'au village de Lami. Ici pas de monastère, que de vieilles maisons tibétaines et des paysans travaillant dans les champs. 


La balade se poursuit vers les villages de Kusser et de Resing avant d'arriver à celui qui nous intéresse plus particulièrement, celui de Hongchot. 




Arrivés sur place, nous ne trouvons pas l'ombre d'une sculpture. Le village n'est pas très grand et nous sommes forcés de nous renseigner auprès des habitants. Bien sûr, ce n'est pas évident, mais avec des gestes, on arrive toujours à se faire comprendre. Premier essai chez une vieille femme, mais elle ne semble pas comprendre ce que l'on cherche. Nous ne désespérons pas et allons vers une jeune fille et répétons les mêmes gestes. Cette fois la fille comprend et d'un geste, elle nous invite à la suivre. Nous n'étions pas très loin, la fille nous montre ce que nous voulions voir.


Les trois pierres sont là devant nous, c'est pour moi incroyable que plus de quarante ans après Michel Peissel, c'est mon tour de découvrir ces belles gravures,

Bientôt midi, nous allons jusqu'au grand moulin à prières pour manger un bout de saucisson et de chapati.
Nous rentrons maintenant à Karsha, par le chemin du haut. Nous dominons la vallée de plus de trois cents mètres. Revoilà Karsha où depuis le monastère des nonnes, nous avons une vue de profil sur le monastère des moines et sur la vallée.



Nous retournons au gonpa pour avoir des renseignements auprès des peintres tibétains sur les noms des sculptures de Hongchat. Arrivés sur place, je leur montre mes photos. Tous les deux sont étonnés car ils ne connaissaient pas ces sculptures, mais ils peuvent me dire leurs noms. Il y a Manchuchiri, la statue aux mille mains et mille pieds, une sculpture qu'ils ne connaissent pas et la suivante, c'est Chado. Ils me disent qu'ils vont aussi aller voir ça dans les prochains jours. Nous parlons encore un peu, puis nous redescendons vers le village pour rejoindre notre guesthouse. Le patron est là, occupé à faire des momos pour le repas du soir, en nous disant que c'est spécialement pour nous. Cela prouve, qu'à l'encontre de sa consoeur de Padum, lui n'est pas du tout physionomiste !!!! Merci patron. Dans la guesthouse, nous ne sommes plus seuls, il y a un autre touriste.
C'est un français qui vient de faire Lamayuru – Karsha en indépendant et qui continuera sur Padum jusqu'à Darcha. Nous profitons pour lui demander comment sera notre étape de demain. Sa réponse est nette, c'est la pire depuis son départ de Lamayuru à cause du sable et du vent qu'il y a là bas dans la plaine. Ok nous voilà prévenus !
De mon côté, je lui donne quelques infos sur le chemin qui va à Purne en lui signalant qu'il serait regrettable de ne pas visiter le monastère de Phuktal qui n'est qu'à 1h30 de Purne.
Pascale va dormir pendant que Nicolas va chercher ses cartes, nous continuons la conversation jusqu'à 22 heures 30.

30 août

Après avoir dit au revoir à tout le monde dans la guesthouse, nous montons une dernière fois jusque chez Brigitte, la française du monastère. Une dernière tasse de thé, un dernière petite couque. Un moine arrive en visite, c'est le Lama Sonam Wangchuk. Je profite pour lui poser des questions sur les moines qui accompagnaient Michel Peissel dans sa découverte du Zanskar. Les noms que je possède, sont Lobsang et Nodrup Trilé et aussi Nawang. Le moine, qui parle un peu français, me répond que les deux frères se nomme Tinley et pas Trilé. Je rectifie et demande si je pourais le rencontrer ? Hélas ils ne sont pas là, ils sont dans leur famille à Tungri.
Brigitte nous écoute étonnée car elle ne connaissait pas cette histoire et elle me dit que c'est dommage qu'ils ne soient pas là car ce sont des hommes intelligents qui ont beaucoup voyagé. Le rendez-vous est manqué, ce n'est pas trop grave, ce sera peut être pour une autre fois, je suis content qu'ils soient toujours en vie.
Lorsque nous redescendons, j'en profite pour faire une photo de la porte de la cellule de moine.

Nous voilà en route pour cette difficile étape qui va à Pishu. Nous avons tellement parlé avec Brigitte et le moine, qu'il est déjà dix heures. Evidemment, le soleil est depuis longtemps là et il chauffe déjà pas mal. 



Nous longeons le long mur de mani qui se trouve juste à la sortie de Karsha. Au bout du mur, un dernier regard sur le monastère, comme pour dire, merci pour cette
belle étape. Nous prenons
nos souvenirs avec nous et en route pour Pishu. 


A midi, nous sommes à hauteur de Rinam. Je demande à Pascale si nous entrons dans le village qui se trouve en contre-bas de la piste pour y manger ? Oui car le soleil tape très fort et Pascale aimerait attendre un peu à l'ombre des arbres. Le détour n'est pas trop grand.

Nous mangeons lorsqu'une femme nous apporte un thermos de thé et de la tsampa. Pour la remercier, nous lui offrons une photo du Daïla Lama.
Vers treize heures trente, bien que la chaleur soit toujours bien présente, il nous faut repartir, nous n'avons pas le choix.

Deux heures de marche et toujours pas de Pishu en vue. La chaleur devient terrible, la piste est sablonneuse et le vent est fort, nous nous retrouvons couvert de sable. 

Nous nous arrêtons pour boire un coup quand une caravane de mules arrive dans l'autre sens. Je demande au muletier combien de temps faut-il pour aller d'ici à Pishu ? Encore deux heures. Il continue son chemin et nous aussi. 
Puis soudain, nous entendons un 4x4 qui approche. Le chauffeur s'arrête à notre hauteur et nous demande si nous voulons continuer avec lui jusqu'à Pishu. Je pense que Pascale devait être pendue à mes lèvres pour espérer entendre un oui. Je l'ai tellement ressenti que je n'ai même pas envisagé de refuser la proposition !!

C'est comme ça qu'en moins de vingt minutes, nous nous retrouvons au beau milieu du village de Pishu. 



Toute la population est occupée à moissonner. A chaque soulèvement de la fourche, il y a de la poussière qui est emportée par le vent pendant que les grains retombent sur le sol. Le même geste des dizaines de fois, autant vous dire qu'il y avait encore plus de poussière ici que sur notre piste. 
Après avoir fait quelques photos, nous cherchons sans succès une guesthouse. 





Nous nous sommes alors rabattus sur le très vieux monastère de nonnes. Evidemment, ce n'est pas ce qu'on peut espérer de mieux après une telle journée, mais le plaisir des nonnes de pouvoir nous aider y est et nous n'en demandons pas beaucoup plus.


Dans ce monastère, il ne reste pas plus de sept nonnes dont quatre sont descendues au village pour travailler avec la population dans les champs et trois sont restées au monastère. Des trois, il y a deux toutes vieilles et une plus jeune qui fait un peu de maintenance.




Après avoir installés nos sacs dans une des pièces de la nonne Padmalamou, nous sommes retournés au village pour voir la fin des travaux des champs sous le soleil couchant.
De retour au monastère, nous avons partagé notre repas avec la nonne pour ensuite nous couchez aussitôt.


 31 août

Aux premières lueurs du jour, nous sommes réveillés par notre nonne aubergiste qui nous prépare du thé. Après avoir bu quelques tasses, Padmalamou nous invite à aller voir la salle de prières. 




Après la visite, nous nous sommes dit au revoir et avons pris la direction du pont de Pishu qui nous permet de passer la rivière Zanskar pour rejoindre le village de Zangla.




Avant de traverser la rivière, nous déjeunons à l'ombre de la montagne.
Les forces vives, nous voilà en route pour rejoindre l'ancienne capitale du roi Soman Thondup. Aujourd'hui c'est son fils, Nyime Norbu, âgé de 77 ans, qui est toujours là, mais sans pouvoir depuis que les Anglais ont quitté le pays.


Après une heure de marche, nous apercevons l'ancien château, il trône toujours sur son piton rocheux. Encore une heure et nous voilà enfin aux portes de Zangla.
Au centre du village, nous déposons notre grand sac au pied d'un arbre et allons visiter le monastère des nonnes. 



Arrivés sur place, nous sommes accueillis par une nonne qui nous demande si nous voulons voir la salle de prières. Rien de bien spécial sauf quelques peintures sur les murs.
La nonne nous demande si nous voulons rester dormir au monastère, mais pour cette fois, nous préférons choisir un homestay dans le centre du village. Ce sera notre chance et cela changera la suite de la visite de Zangla.



Nous redescendons au village. En chemin, nous rencontrons l'européenne qui était à la puja au monastère de Karsha. Nous lui demandons s'il y a un homestay dans le village. Oui en effet il y en a plusieurs et elle nous montre celui où elle loge. Pascale va voir et le trouve très bien. Moi je retourne près de l'arbre où on avait laissé le sac. Je le récupère et remonte à la maison.
Un thé de bienvenue et je profite pour poser quelques questions à l'européenne qui s'avère être une Hongroise au prénom de Monica. Je demande si elle sait si le roi est au village et si son palais est ouvert à la visite ? Elle me répond que le roi est parti à Leh et que le palais est fermé. Patatra je suis plus que déçu car je voulais absolument voir l'intérieur du palais avec la chambre que le Hongrois Csomo de Köros avait occupé pendant son expédition de 1823 à 1824.
Monica me dit que si je veux visiter le château, il n'y a pas de problème car elle possède la clé et veut bien me la donner à condition que je referme tout derrière moi. Je n'en crois pas mes oreilles, nous allons pouvoir visiter seuls, l'intérieur du château. C'est tout simplement incroyable.
Le temps de finir notre thé, nous nous préparons à monter vers cette citadelle imprenable pour les autres, mais pas pour nous puisque nous en avons la clé !! La montée au palais nous prendra une bonne heure.



Les premiers chortems sont là devant nous, il y en a au moins une vingtaine.
Nous continuons à monter vers le palais. 



Arrivés devant le palais, nous en faisons d'abord le tour, comme pour retarder un peu notre plaisir. Je n'arrive toujours pas à croire à notre histoire. Est ce vraiment les bonnes clés que nous avons dans les mains ?






Nous arrivons devant la porte. Un tour de clé dans le cadenas et celui-ci s'ouvre. L'instant est magique, j'ouvre la porte de bois et nous nous retrouvons devant un grand escalier de pierre. Arrivés en haut de cet escalier, nous découvrons une petite cour intérieure et plusieurs salles pas très intéressantes, où sont entreposé des matériaux pour la rénovation du site. Nouvel escalier qui nous conduit dans la partie restaurée, nous sommes maintenant face à deux portes. A ma cordelette, il y a trois clés, j'en prend une et j'essaie d'ouvrir le cadenas, cela ne va pas. J'essaie avec l'autre. 

OK, ça marche. Je rentre et là, c'est
tout simplement l'émerveillement, nous sommes dans la salle des prières du château. 


Devant nous se trouve des statues de bouddha de différents pays que le roi a sûrement reçu lors de voyages officiels de dignitaires dans la région. Les visages sont vraiment beaux. Nous avons là les plus belles pièces que nous n'avions jamais vu. Nous faisons des photos sans flash, pour ne pas altérer les couleurs de ces véritables oeuvres d'art. 


Il y a aussi dans cette pièce, qui doit faire plus ou moins vingt mètres carré, des minis stupas, des représentations de bouddha sur des thankas qui pendent aux murs, dont certains sont tombés en lambeaux avec le temps. Après avoir fait les photos de tous ces objets, nous nous asseyons afin de contempler l'ensemble.





On passe ensuite dans la dernière pièce à visiter. C'était la chambre personnelle de Csomo de Köros lorsqu'il était ici.





La visite est terminée, nous refermons tout derrière nous et redescendons jusqu'au village avec le sentiment d'avoir mis les pieds dans une petite partie de la grande Histoire tibétaine. 



Je reste littéralement sur mon nuage et je sais que les surprises ne sont pas encore tout à fait finies puisque Csomo de Kôros est passé par la vallée de la Tsarap. Pour se rendre au monastère de Phuktal où il a laissé une pierre sculptée que j'espère bien voir.
De retour à la homestay, nous sommes seuls. Nous faisons un thermos de thé en attendant Monica et Tsering qui sont à Padum.
Le soir, toute la famille est là, Monica commence à éplucher des pommes de terre. C'est alors que je lui propose un deal, elle épluche les pommes de terre pour ce soir et moi j'apporte de la viande. Elle me répond qu'il n'y a pas de viande au village. Peu importe, j'en ai de la séchée avec moi. Bonne idée qu'elle me répond, je ferai alors des pommes chips.                                                                               
Moi je continue à peler les pommes de terre et Monica fera les frites. La femme de Tsering prépare à manger pour les ouvrières qui ont travaillé aux champs et Tsering fait les comptes pour payer tout ce beau monde venu travailler.

La soirée est belle, nous mangeons comme des princes !!!!


Demain, nous pouvons rentrer l'esprit heureux de toutes ces découvertes effectues dans la vallée du Zanskar.


Décidément, ce village
n'apporte que des surprises, manger des frites avec de la viande et boire du chang (bière que les paysans font avec de l'orge) que demander de mieux. Qui est ce qui disait que l'on ne mangeait pas bien au Zanskar !!



1er septembre

Ce matin c'est Tsering nous prépare les omelettes pour le petit dej




C'est le dernier repas avant de rentrer au Mont Blac de Padum.

Après ces 4 jours de trek, nous pouvons retrouver notre chambre de Padum totalement heureux de tout ce que nous avons eu l'occasion de découvrir. En effet, notre aventure a été au delà de nos espérances, il est inutile de vous dire combien la chance nous a souri. Surtout cette rencontre avec Monica, qui nous a permis de visiter le château du roi de Zangla. Nous n'oublierons évidemment pas plus les autres rencontres que nous avons faites, comme celle avec Brigitte à Karsha, sans oublier la nonne Padmalamou qui nous a si gentiment fait une place pour passer la nuit un peu plus au chaud !
Le seul petit regret est de ne pas avoir pu rencontrer le moine Lobstang Tinley au monastère de Karsha,
Nous sommes maintenant dans le bus qui nous ramène à Padum. Le trajet prendra une heure et demi pour faire les 32 km qui séparent les 2 bourgs. Arrivés sur place, nous avons la surprise de revoir Jean-Louis avec qui nous allons boire quelques thés au lait, tout en racontant nos expériences respectives. Après quoi, Pascale et moi retournons au guesthouse afin de nous préparer tout doucement à notre deuxième circuit dans la région, en espérant qu'il sera tout aussi enrichissant que celui que nous venons de terminer.