vendredi 11 novembre 2011

Mort de l'ethnologue Michel Peissel

L'ethnologue et écrivain Michel Peissel, passionné par la culture tibétaine et l'Himalaya qu'il a exploré pendant près d'un demi-siècle, est mort aujourd'hui à l'âge de 74 ans d'une crise cardiaque, a-t-on appris auprès de sa famille.

Michel Peissel (né à Paris en 1937, mort le 7 octobre est un ethnologue, explorateur et écrivain français. Il fut qualifié de dernier explorateur de ce XXe siècle.
À 18 ans, il lit par hasard l’ouvrage de Fosco Maraini2 sur le Tibet (Segreto Tibet, paru en 1951) et séduit par ce pays mystérieux, achète une grammaire tibétaine. Il fait une partie de ses études en Grande-Bretagne à Oxford et aux États-Unis, à l'université de Harvard. Il obtient un doctorat d'ethnologie à la Sorbonne.
À 21 ans, au cours d'un voyage au Mexique, il découvre les vestiges de 14 sites mayas dans la forêt tropicale du Quintana Roo. Il réalise qu’il existe encore des territoires inconnus en plein XXe siècle. Il décide d’être explorateur, et ses notions de tibétain le guident tout naturellement vers l’Himalaya.

Alors qu’il est étudiant aux États-Unis, il réussit à rencontrer le frère du 14e Dalaï Lama, Thupten Jigme Norbu, l’un des seuls Tibétain sur le sol américain ; ce dernier lui donne une lettre de recommandation à l'attention du premier ministre du Bhoutan, état voisin du Tibet. Mais il lui faudra plusieurs années avant de concrétiser ses rêves de voyage dans ces contrées interdites.
À partir de 1959, il est parmi les premiers à parcourir les royaumes fermés de l’Himalaya comme le Mustang, au nord du Népal. Il passera de nombreuses années à sillonner à pied ou à dos de mulet le Bhoutan, le Ladakh, le Zanskar et le Tibet. Il rapportera de ses rencontres avec les peuples de l’Himalaya des témoignages aussi divers que livres4, articles, films documentaires, dessins et aquarelles.

Partisan de l’indépendance du Tibet dès la première heure et aidé par sa connaissance de la langue Tibétaine, il contacte les guérilleros tibétains. Son livre Les Cavaliers du Kham sur la guerre secrète des Khampas lui vaut d’être temporairement interdit de séjour en Chine, en Inde et au Népal (après la mort de Mao Zedong, le Président Deng Xiaoping lui permettra par un décret de reprendre ses recherches au Tibet).

Il utilise un aéroglisseur, pour lui permettre de franchir en 1972 la chaîne de l’Himalaya sur la Kali Gandaki entre les monts Dhaulagiri et Annapurna. Il conçoit par la suite son engin sur coussin d'air (voir brevet) qu’il utilisera en Amérique centrale, puis lors d’une expédition sur le Gange pour remonter les rapides et naviguer les eaux blanches.

En 1998, il identifie le plateau de Dansar au Gilgit-Baltistan comme étant l’Eldorado grec, le pays des « fourmis chercheuses d'or » d’Hérodote. En 1995, ses travaux sur les chevaux tibétains le mènent à la découverte d’un cheval archaïque qu’il nommera le Cheval de Riwoché. Passionné par la préhistoire de l’Asie Centrale, il met au jour de nombreux sites troglodytes vieux de trois mille ans, et documente la survivance de l’art scythe au Tibet. Homme de terrain, il figure aujourd'hui parmi les meilleurs connaisseurs du monde tibétain.

En 1987 avec des archéologues mexicains, il construit une pirogue géante maya pour naviguer (en 1988) 700 km en haute mer et démontrer le rôle du commerce maritime des Itza dans l'effondrement des cites du bas empire maya. Thèse secondée par Jacques Soustelle. L'année suivante 1989, il construit une barque viking et traverse l’Union Soviétique à la rame et à la voile, de la Baltique à la Mer Noire, soit 2 500 km, remontant la Dvina et redescendant le Dniepr. Il reproduit ainsi le périple des Varègues, fondateurs au VIIIe siècle de la monarchie russe. Ce voyage révèle des qualités insoupçonnées des barques vikings, capables de remonter à la voile en glissant sur les bas fonds les rapides les plus forts. Ses recherches bousculent toutes les idées reçues sur les communications dans la Russie du IXe siècle.

En 1994, Michel Peissel part à la recherche de la source du Mekong qu’il situe au col de Rupsa, à 4 975 mètres d'altitude à la tête du Dza Nak, le Mekong noir, reconnu depuis plus d'un siècle par les cartographes comme la principale branche du fleuve. Des expéditions ultérieures, sino-japonaises et américaines, démontreront que la source géographique véritable est sur la branche nord, le Dza Kar, un torrent dont la source serait éloignée de plus de 4 500 mètres de l'embouchure que la source « historique » trouvée par Michel Peissel.

Michel Peissel a écrit 20 ouvrages, une biographie, deux romans et 17 documents sur ses expéditions. Totalement bilingue, il écrit certains de ses livres en anglais.

Le Royaume perdu du Quintana-Roo, Plon, Paris, 1965
Tiger for Breakfast, Dutton, New-York, 1964
Mustang, Royaume Tibétain Interdit, Arthaud, Paris, 1969
Bhoutan inconnu, royaume d’Asie, Arthaud, Paris, 1971
Les Cavaliers du Kham, guerre secrète au Tibet, Robert Laffont, Paris, 1972 (ISBN 9782221034446)
Le Grand Passage de l’Himalaya, Robert Laffont, Paris,1976
Himalaya continent secret, Flammarion, Paris, 1977
Les Portes de l’Or, Robert Laffont, Paris,1978
Zanskar, royaume oublié aux confins du Tibet, Robert Laffont, Paris, 1979
Les Royaumes de l’Himalaya, Pierre Bordas et Fils, Paris 1986
La Tibétaine, roman, Robert Laffont, Paris,1986
Itza ou le mystère du naufrage maya, Robert Laffont, Paris, 1989
L’Or des fourmis, Robert Laffont, Paris, 1992
La Route de l’ambre, Robert Laffont, Paris, 1992
Un Barbare au Tibet, Le Seuil, Paris, 1995
La Khamba, roman, Anne Carrière, Paris, 1996
Dernier horizon ; à la découverte du Tibet inconnu, Robert Laffont, Paris, 2001
Tibet, the Secret Continent, Cassel's Illustrated, London, 2002
Tibet, le pèlerinage impossible, La Martinière, Paris, 2005
Un très grand Monsieur qui m'a fait découvrir, par ses livres, le monde tibétain et m'a ainsi incité à parcourir de nombreuses vallées de cette grande chaine de l'Himalaya.

Merci Monsieur Peissel.