lundi 23 avril 2012

Le Ladakh est incapable de résister à la surcharge des voyageurs.


Leh, le 23 Avril 2012 :

Alors qu'il devient une destination de vacances, le Pays des Neiges est incapable de résister à ce déluge de visiteurs. Chaque année, le nombre de touristes qui choisissent le Ladakh comme escapade augmente de façon exponentielle, affectant directement l'environnement et la culture du Pays des Neiges. De quelques 400 visiteurs il y a deux décennies, le Ladakh est maintenant parcouru par des milliers de voyageurs chaque année.

L'été venu, quoi de mieux que les montagnes couvertes de neige et les magnifiques panoramas du Ladakh ? 

Un manque de compréhension et de respect pour l'environnement du Ladakh de la part des visiteurs n'arrange pas les choses. Pendant des années, le Ladakh est resté une région stratégiquement et géographiquement isolé dans l'Himalaya occidental. Il s'agit d'une région semi-autonome comprenant les districts de Leh et de Kargil, et soumise à des conditions climatiques extrêmes. Le désert glacé de haute altitude supporte un écosystème unique qui abrite une population clairsemée avec quelques espèces rares de flore et de faune. En raison du long isolement du monde extérieur, un réservoir de gènes uniques, spécialement adaptée aux rudes conditions climatiques, s'est développé dans la région. 

Fait inquiétant, ce qui était rare est maintenant au bord de l'extinction. Le réchauffement climatique a eu des répercussions dans la région et, à part les habitants indigènes, personne ne s'en soucie vraiment, 
peut-être parce que non touché directement par le changement. 

Demandez à n'importe qui, il vous dira que le développement est la première cause de la crise 
environnementale et traditionnelle dans la vallée. Toutefois, ce n'est pas le développement qui dévaste la région, c'est le déséquilibre et le manque de perspective d'avenir dans les politiques de développement. 

Dans le passé, les traditions de prudence et de coopération couplées à une connaissance intime de l'environnement local ont permis aux Ladakhis non seulement de se maintenir mais de prospérer.
L'agriculture était la principale occupation alors que la survie était le seul grand défi qu'ils devaient affronter. Les champs étaient irrigués avec l'eau de fonte de la neige et des glaciers - la seule source d'eau pour la région. Environ 80 pour cent des Ladakhis dépendent de la fonte des glaciers qui, aujourd'hui, diminuent à un rythme alarmant. 

Le Ladakh est incapable de résister à la surcharge des voyageurs en conjonction avec les changements 
qu'ils apportent «inconsciemment». Le tourisme et le développement économique ont marqué le début d'influences majeures qui ont frappé particulièrement l'agriculture ladakhi. Les gens ont tourné le dos à leur source traditionnelle de subsistance et ont opté pour des emplois saisonniers liés à l'accueil touristique en ville. Pire encore, des denrées alimentaires subventionnées, offertes par un gouvernement bien intentionné, sont considérablement moins chères que les produits alimentaires cultivés localement.
Les gens ont abandonné leurs fermes. Les jeunes, acteurs déterminants de l'avenir de la région, ne savent même plus comment faire pousser l'orge sur leurs terres. 

Le but de la vie est de vivre en accord avec la nature", estimait l'ancienne génération du Ladakh, qui se 
souvient encore des beaux jours anciens. Il y avait une plus grande harmonie avec la nature en termes de systèmes classiques de gestion de l'eau et de l'assainissement. Une fosse à compost était utilisée pour les excréments. Elle n'impliquait pas l'emploi de l'eau, et ainsi supprimait la nécessité d'égouts et de canalisations.

L'utilisation de toilettes à chasse d'eau dans la plupart des hôtels, a été augmentée de collecteurs. Ceci 
est devenu la principale raison de la pollution des cours d'eau autrefois purs, car, en l'absence d'un système d'égouts, les eaux usées entrent dans les cours d'eau, polluant ainsi la seule source d'eau potable pour la population locale. Le Ladakh d'aujourd'hui appelle à l'aide. La célèbre fraîcheur de l'air est étouffé par les vapeurs de diesel, les ordures sont entassées dans les rues et la qualité de l'eau s'est détériorée. Cet ensemble montre l'image du "nouveau" Ladakh. 

Comme l'hiver devient plus froid et l'été plus chaud, la recrudescence du nombre de voyageurs et à leur 
suite des hôtels, restaurants et autres activités liées au tourisme a fait des ravages sur le fragile équilibre de la nature. L'orage qui a balayé la communauté le 5 août 2010 est un exemple redoutable de la fragilité nouvelle de l'environnement. De fortes pluies, inconnues dans cette région de haute altitude sont devenues un phénomène plus fréquent. 

Comme on dit, mieux vaut tard que jamais. La communauté a pris conscience de la crise. Diverses organisations tentent de rassembler les communautés pour sauver le pays des neiges de la catastrophe.
Parmi elles, le Ladakh Ecological Development Group (LEDeG) encourage le développement écologique et durable. De même, le groupe de femmes, Aama Tsogspa joue un rôle crucial dans la préservation de l'environnement avec des initiatives à succès comme l'interdiction de sacs en polyéthylène dans la vallée. Pour créer un sentiment de responsabilité chez les visiteurs, des règlements de conservation sont également mis en oeuvre. Les idées, adaptées à l'environnement local, se sont avérés fructueuses, comme la mise en oeuvre des ressources d'énergie renouvelables. Les communautés tentent de prendre des mesures correctives avant qu'il ne soit trop tard.

Traduction d'un article de " http://news.reachladakh.com/" du 23 avril 2012. 

PS: En randonnée, je garde mes déchets !

Les randonneurs sont en général des citoyens soucieux de l'environnement et de la nature et font attention à ne pas la polluer ou la dégrader. 

Mais l'on retrouve toujours, et malheureusement, des détritus au bord des chemins, dans la nature ou dans les rivières.

Quelques conseils pour bien gérer ses déchets en randonnée...

La première règle est de toujours emmener un sac qui fera office de poubelle, et que l'on gardera avec soi pour collecter les déchets.
Aucun détritus ne doit être laissé dans la nature ! L'objectif du randonneur est de ne laisser aucune trace de son passage... Zéro déchet.
Avant le départ, organisez-vous et anticiper votre production de déchets. Emmenez le moins d'emballages possibles : réduisez les emballages au strict minimum et privilégiez ceux qui sont recyclables ou dégradables.
Par exemple, apportez votre nourriture dans un sac en papier ou un journal, prenez une gourde plutôt qu'une bouteille d'eau en plastique...
Mais lorsque vous partez en randonnée pendant plusieurs jours, que faire avec les déchets accumulés ?
Les déchets organiques peuvent être enterrés dans la nature, à plus de 50 mètres d'un cours d'eau (épluchures, trognons de pommes restes de nourriture..)
Concernant les besoins naturels, ils peuvent être également enterrés ; du papier toilette 100 % biodégradable pourra être utilisé et également enfouit.
Tous les autres déchets accumulés tout au long de la randonnée gardez-les ! Et jetez-les dans une poubelle quand ce sera possible. Concernant les déchets qui peuvent être recyclés, jetez-les dans une poubelle de tri à votre retour !

Merci à tous de bien vouloir y penser lorsque vous serez sur les chemins de trek.


Le tourisme au Ladakh en chiffres

La rigueur du climat ladakhi ne permet une exploitation touristique de masse qu’entre les mois de mai et d’octobre2 avec des pics entre juin et août. L’hiver, l’accès au Ladakh n’est possible que par avion.
En 1974 seule la vallée de l’Indus est ouverte au public à cause des conflits indopakistanais et sinoindien qui se déroulent au nord et à l’est. De 1974 à 1988, le Ladakh va voir sa fréquentation touristique annuelle augmenter chaque année pour passer de zéro à 25'000 personnes. Si au début le Ladakh est fréquenté par des post-soixante-huitards voyageant seuls et très chichement ou par des passionnés de culture bouddhiste et d’archéologie, les guides touristiques vont par la suite rendre cette nouvelle destination populaire grâce à son attrait culturel et à son potentiel de trekking.
À ses débuts, la destination ladakhie est liée à la région du Cachemire3. Les troubles politiques qui s’y déroulent ensuite engendreront une baisse subite du nombre de visiteurs (de 23’000 à 7'000 personnes en 1990). Les années qui suivent montrent une stabilisation de la fréquentation, oscillant entre 15'000 et 23'000 personnes jusqu’en 2001. Pendant cette période, le Ladakh peut développer sa capacité d’hébergement4 et affiner ses produits touristiques5. La destination se fait de plus en plus connaître. Pour éviter une division des terres, la femme épousait l’aîné et les frères d’une même famille. Deux lois, une interdisant la polyandrie fut promulguée en 1941 ainsi qu’une autre exigeant le partage des terres équitablement entre les frères en 1949 furent petit à petit appliquées.
Il existe un petit nombre de touristes qui s’y rendent l’hiver pour faire le trekking sur la rivière gelée du Zanskar.
Il est alors déjà possible de se rendre à Leh par des vols directs depuis New Dehli.
Le nombre d’hôtels a en moyenne doublé entre 1984 et 1992, à savoir qu’en 1992, Leh compte 30 hôtels toutes catégories confondues et 50 guesthouses enregistrée ».
Un exemple de produit créé pou le tourisme est le Ladakh Festival qui a lieu au mois de septembre. « Il réunit une palette importante d’arts et de rituels religieux traditionnels ladakhis, notamment le tir à l’arc, les matchs de polo, les danses masquées, etc. ».

Dans les agences de voyage occidentales grâce aux tour-opérateurs proposant des séjours spécialisés destinés au tourisme de niche comme les voyages culturels ou les trekkings. De nouvelles régions sont ouvertes (Nubra et Rupshu).
Les événements terroristes du 11 septembre vont à nouveau plomber la fréquentation touristique mais depuis 2002, la hausse est sans précédent avec plus de 35'000 personnes en 2005. Nous supposons qu’aujourd’hui la fréquentation doit atteindre un nombre de personnes situé entre 40'000 et 45'000 par année. En 2008, on recense 66 Hôtels et 129 guesthouses, soit plus du double qu’en 1992. Cette augmentation est certainement liée aux problèmes politiques népalais. Ce sont d’ailleurs deux destinations de montagne complémentaires. En effet, le tourisme népalais fonctionne à plein régime au printemps et en automne tandis qu’il est « paralysé » par la mousson pendant l’été. Ce qui n’est pas le cas du Ladakh. Pourtant si on compare le Ladakh avec son voisin himalayen, il ne représente en 2000 que 3% de sa masse touristique3. Le Ladakh reste donc une destination de niche dans le tourisme himalayen.

La vallée de l’Indus est la destination « phare » du Ladakh.

*Premièrement, elle est située de part et d’autre du principal noeud touristique : la capitale Leh. C’est le « terminus » des deux routes qui mènent au Ladakh et c’est là que se situe l’aéroport.
Quasiment tous les touristes transitent par Leh. La plupart des hébergements et des agences locales sont d’ailleurs concentrés sur la surface de ce centre urbain. Selon les observations, il y aurait environ 80% des touristes entrant au Ladakh qui visitent un ou plusieurs grands monastères comme Hemis, Phyiang, Lamayuru et Thikse.

*Deuxièmement, la vallée de l’Indus est aussi l’axe culturel le plus développé.
En effet, le passage de la route de la Soie dans cette vallée et le soutien des nobles ladakhis ont richement doté les édifices culturels. À proximité de cet axe commercial millénaire se trouvent des monastères très anciens (XIe siècle) ou prestigieux, ainsi que les palais monumentaux des rois ladakhis. Par exemple, Alchi et Hemis, deux complexes religieux d’architecture bouddhiste tibétaine, ont été proposés en 1998, par l’Inde, à la liste du patrimoine culturel mondial. Un troisième, Basgo a reçu « the Award of Excellence of The UNESCO Asia-Pacific Heritage Awards 20076 ».
Au Népal, les problèmes politiques liés aux guérillas maoïstes ont certainement « favorisé » la destination ladakhie.
En 2000, le Ladakh ne représente que 18'055 touristes contre 500'000 au Népal.
Une petite partie des voyageurs qui vont au Zanskar évite Leh s’ils arrivent depuis le Cachemire.
91% des hébergements du Ladakh sont situés dans la vallée de l’Indus.

*Troisièmement, comme un court séjour sans activité physique prolongée est conseillé afin de s’acclimater à l’altitude élevée du Ladakh, la vallée de l’Indus dispose de quelques jours pour dévoiler ses charmes. Ainsi l’offre touristique est résolument tournée vers le tourisme culturel. En effet grâce au réseau routier qui mène à tous les grands monastères, il est possible de visiter les constructions les plus éloignées, comme Hemis ou Lamayuru, en une journée. Les circuits « en étoile » s’adaptent parfaitement à la clientèle qui désire garder un logement de qualité à Leh et rayonner pendant la journée. Tandis que les voyageurs qui veulent parcourir la vallée vers l’aval ou l’amont pour accéder par exemple au départ d’un trekking et ceux qui quittent le Ladakh par la route peuvent aussi visiter quelques monastères situés le long du trajet.

Pour terminer la vallée de l’Indus possède encore deux avantages.
D’une part le privilège de l’ancienneté, puisqu’elle a été la première région ouverte aux voyageurs, fait qu’elle est la plus représentée sur les cartes postales et sur les photos des brochures touristiques. D’autre part elle offre la liberté de mouvement contrairement aux régions frontalières soumises à autorisation.

Une culture vivante riche en traditions

Si une partie des Ladakhis voit son mode de vie évoluer vers une société modernisée, la majorité d’entre eux vit proche d’un environnement naturel difficile. Le climat froid, l’altitude et le peu de ressources hydrologiques ont obligé ce peuple à trouver des solutions originales dans la construction de leur habitat et dans le système agro-pastoral. Pour le voyageur, c’est l’occasion de redécouvrir un monde où l’homme doit disposer de chaque potentialité naturelle grâce à un savoir-faire adapté.
De plus, la culture est très répandue dans le paysage : monastères et palais dominant la vallée, stupas et mane walls présents dans chaque village, drapeaux de prière dressés sur les crêtes et les cols. Les composantes culturelles se servent des composantes naturelles pour donner une signification au territoire. Ces paysages culturels stimulent le désir d’approfondir les connaissances du bouddhisme et de ses artefacts. C’est une tradition religieuse qui a de plus en plus de succès en occident grâce entre autres à la figure emblématique du Dalaï-Lama. Cette culture vivante est par ailleurs confirmée par les festivals religieux des monastères, qui sont chaque année plus fréquentés par les touristes. La forme du bouddhisme pratiqué au Ladakh provient des liens qu’il a toujours entretenus avec le Tibet. Mais l’occupation de celui-ci par la Chine et la disparition du bouddhisme en Inde ont contribué à la valorisation des biens de culture tibétaine sur le territoire indien. Il en résulte la proposition pour deux complexes religieux d’architecture bouddhiste tibétaine, Hemis et Alchi, de figurer sur liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO.

La conscience locale d’un équilibre fragile
Moins d’une dizaine d’années après l’ouverture du Ladakh aux touristes, une prise de conscience
environnementale locale est apparue sous l’impulsion d’ONG formées par les premiers voyageurs. En effet, ceux-ci se sont rendus compte de l’impact du tourisme sur une population vivant très simplement et peu préparée à cette dynamique socioéconomique nouvelle venant se greffer sur un environnement fragile.
Même s’il manque encore des infrastructures de gestion environnementale, nous avons pu observer en général : des visiteurs « sensibilisés » à cette problématique, des agences touristiques « sensibilisant » leurs clients et des associations proposant des mesures « sensibilisantes ». Le bannissement des sacs plastiques en 1998 dans la capitale Leh grâce à l’action d’une ONG est un exemple de la dynamique environnementale en place.