dimanche 2 septembre 2012

De Purne jusqu'au pied du Shingo La

Je vais quitter les rives de la Tsarap Chu pour ceux de la Kargyak Chu. 
Cela commence fort car après le pont de Purne, il y a directement une belle montée qui ne me laisse pas trop le temps de prendre mon rythme et qui fait mal. Heureusement, elle ne dure qu'une bonne demi-heure.
En haut, la vue sur Purne et la montagne où se trouve le village Char est splendide.




Ensuite, j'ai la possibilité de découvrir le début de la balade d'aujourd'hui. L’avantage de cette vue est que je constate qu'il m'est impossible de me tromper de chemin, vu qu'il n'y en a qu'un. J'arrive rapidement au tout petit hameau de Teta. Comme il n'y a que deux maisons, le tour en est vite fait !



L'étape suivante est Kuru qui est un peu plus grand que son voisin. 


La balade est agréable, mais parfois dangereuse ! Normalement je devais passer ce pont pour rejoindre Tangze, mais comme il y a un autre un peu plus loin où les chevaux passent, je me dis que ce n'est peut-être pas nécessaire d'aller sur le premier. 

 Ce sera une bonne idée car quelques minutes plus tard,  je rencontre Dolma qui rentre chez elle avec son cheval. Petit arrêt pour avoir des nouvelles et me demander si je suis passé cette année à Purne ? 
En général, lorsque l'on rencontre une personne en chemin, la conversation n'est jamais très longue, cela se limite toujours à deux voire trois questions - réponses. Après, chacun continue son chemin. Sur les sentiers du Zanskar, le principal est d'avoir l'information voulue. Chacun continue sa progression vers sa destination.

Pour la suite de la journée, je n'ai hélas plus de photo. J'ai mis involontairement et sans m'en apercevoir la molette de mon appareil dans un autre mode de prise de vue. Evidemment le résultat s'est vu trop tard,  un jour et demi avait passé. J'ai bien récupéré quelques photos, mais bon, la grande majorité des photos ne sont pas là.  


J'arrive au pont où passe les mules et chevaux. Je franchis la Kargyak Chu et je me dirige vers le village de Tangze. Il est 13 h 30 et je me dis que c'est le bon moment de me préparer une Maggi. Je m’installe en dehors du village, je récupère un peu de bois de ci de là et j'allume mon feu. Pendant la cuisson, je réfléchis à la suite du programme de ma journée : Kargiak n'est qu'à deux heures de marche et il y a encore à mi-parcours le village de Thable où je peux éventuellement passer la nuit au cas où je n'aurais plus envie de continuer. 
Le coup est jouable et je quitterai Tangze après le repas.
Me voila en route, je traverse quelques champs, je passe devant un camp et je prends la direction de Kargiak.
Effectivement, une heure après avoir quitté Tangze, j'arrive à Thable. Avant d'arriver au village, il y a la Phirtse Chu à franchir. Pour ne pas aller jusqu'au village, j'essaye de la passer à gué. Impossible de le faire sans enlever mes godasses et je choisis d'aller jusqu'au pont et de rentrer dans le village. Une, deux et à la troisième maison, il y a quelqu'un qui me propose de rentrer boire un thé. Il ne m'en faut pas plus pour déposer mon sac et  rentrer dans la maison. Je bois mon thé, reçois aussi du yaourt et au moment de repartir, je me rends compte que le temps s'est nettement rafraîchi. Je me dis que je serais aussi bien ici pour passer la nuit qu'à Kargiak. Je rentre à nouveau dans la maison, mais cette fois avec mon sac. Les propriétaires qui m'avaient déjà posé la question, sont ravis de savoir que je vais passer la nuit chez eux.

Ce sont des gens très pauvres, il n'y a pas grand-chose à manger si ce n'est leur production. Mais une chose est certaine, ce que j'ai eu, je l'ai reçu avec la chaleur du coeur. Après le repas et bien qu'il fasse noir depuis bien longtemps, ils partiront encore traire les bêtes et faire le fromage. A 21 heures, tout le monde est au lit, moi dans la cuisine et eux dans la réserve.

Notes du 2 septembre

Il est 5 h lorsque j'ouvre les yeux. Je constate qu'il n'y a pourtant plus personne dans la maison, le couple est sûrement déjà au boulot. Devant mon tapis, il y a un thermos avec du thé sucré, une tasse et un bout de pain d'orge. Je devine que c'est pour mon petit déjeuner.

Je replie mon sac de couchage, referme mon sac et je sors de la maison. Sur le bas de la porte, je vois le couple au loin, qui est au beau milieu d'un champ occupé à moissonner. 
Inutile de les faire revenir, je rentre à nouveau dans la maison pour y déposer mon dû. 
Je ressors, je crie en leur direction un grand juley et je reprends la route vers Kargiak. Deux cents mètres plus loin, je me retourne, ils sont toujours dans le champ, je fais un dernier juley suivi d'un signe de la main. Le message est passé, cela nous suffit à tous les trois.

A 8 h 30, j'arrive à Kargiak où je continue sur la même rive en direction du Gumburanjon.


Pas grand monde dans les alentours, mais lorsqu'il y a quelque chose qui bouge, c'est un yack impressionnant. 


Je suis au pied du Gumburanjon. C'est ici que Jean-Louis m'avait dit lorsque je l'ai quitté à Phuktal, de faire attention car il y avait des passages à gué très délicats.

J'en passe un, deux, trois, mais le dernier me semble difficile. Je cherche un endroit où se serait plus simple pour passer mais je ne trouve rien de mieux. Je dois me dépêcher car il est 13 h et si j'attends plus longtemps, il est évident que je ne passerai plus aujourd'hui. Comme je n'ai pas trop le choix dans la présentation, j'opte pour un passage qui me semble le plus adéquat. Je rentre dans l'eau, mais j'ai un moment d’hésitation et plouf, je suis dans l'eau. D'un seul coup, je me relève et dans mon élan, je traverse sans m'arrêter. Je peux pousser un ouf de soulagement car je suis de l'autre côté ! 
Je me sèche, regarde si mon appareil n'a pas pris l'eau (même s'il est waterproof, on ne sait jamais). Tout est bon, je remets mes chaussures et en avant pour le camp au pied de mon dernier col, le Shingo La. 


Comme pour me remettre de mes émotions, je découvre entre des gros blocs de pierres, deux coquelicots bleus. Je pense que trouver cette fleur en septembre est plutôt rare. Elles ne sont peut-être plus de première fraîcheur, mais bon, moi non plus !!!!

J'imagine alors que c'est un présage qui me permettra de finir cette aventure sans soucis.  Pourquoi pas !!
Le camp est au bout de cette vallée, et dans une bonne heure je serai sur place.

Lorsque j'arrive, c'est la douche froide. Le camp est si sale qu'il est difficile de trouver une place entre les crottes en tous genres et les ordures. Jamais je n'ai rencontré un camp aussi sale. D'autres trekkeurs sont là, c'est un couple de suisses qui sont là avec leurs vélos, un muletier, mais eux font le trajet en sens inverse. 
Je suis obligé de faire un sérieux décrassage du sol avant de pouvoir monter ma tente. Je suis tout à côté de la tente des suisses, mais il m'est impossible de faire autrement.

Les dés sont jetés, c'est ici que je vais passer la nuit, manger et peut-être même rêver, malgré l'altitude de 4700 mètres !! 

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