dimanche 23 septembre 2012

Diskit

Le retour à Diskit a été pour le moins épique. Nous étions dès le départ de Turtuk, dans un bus surbondé. A l'intérieur du bus, nous étions des dizaines de passagers serrés les uns contre les autres, cela au milieu de caisses, sacs (les nôtres) et produits locaux. La situation était tellement folklorique à l'intérieur de ce bus, que certains ont préféré se réfugier sur la galerie et être confrontés au froid matinal. 
Toutes conditions de voyage apportent son lot d'incidents. Rassurez-vous, ce sont exactement les mêmes que dans nos transports en commun. A la seule différence près, c'est qu'ici tout se passe dans la bonne humeur !
Encore heureux qu'au fil des kilomètres, le bus s'est quelque peu vidé de ses occupants et nous avons pu continuer notre voyage autrement que suspendus aux mains courantes. 


J'ai même eu l'occasion de faire ces deux photos. C'est vous dire à quel point notre situation était devenue confortable !!

Lorsque nous sommes arrivés à Diskit, il nous restait un peu plus de quarante huit heures de permis dans la vallée. Nous voulions rejoindre le village Sumur mais hélas en voyage, on ne tient pas toujours compte des jours de la semaine. Ce fut à notre dépens car nous nous sommes très vite rendu compte que nous étions dimanche et que le dimanche, il n'y a pas de bus pour Sumur, ni  dans le reste de la vallée de la Nubra. Bon à savoir " le bus qui quitte Turtuk le dimanche, est un bus qui continue jusqu'à Leh". 

Obligés de changer de programme, nous nous tournons vers la solution la plus facile càd rester à Diskit et aller visiter le gonpa, et surtout son Dukhang qui est sûrement un des plus beaux Dukhang du Ladakh.
Avant d'aller voir tout ça, nous allons choisir une chambre dans un guesthouse du centre ville. En ce dimanche, la rue principale, avec son ambiance western spaghetti, donne froid dans le dos. Il ne manque que l’harmonica et une gare ferroviaire pour nous demander si l'idée de rester ici, est vraiment la meilleure idée que nous ayons eue ?!
Qu'à cela ne tienne, nous n'avons guère le choix et nous rentrons déposer nos sacs dans la Karakoram guesthouse. 


Après quoi, nous allons faire une balade du côté du gonpa

Dans la montée qui mène au monastère, nous allons revoir ces deux gravures que j'ai découvertes l'année passée et que  je veux montrer à Pascale. Nous sommes qu'à mi-chemin de la balade mais nous avons déjà une belle vue sur la vallée. Sur les hauteurs trône une statue géante de Bouddha Maitreya, assis sur un trône. C'est le plus grand (30 m de haut) du Ladakh, il dépasse de dix mètres celui de Likir et a été inauguré par le Dalaï Lama le 25 juillet 2010.


                                                   

Après la petite halte pour contempler le paysage proposé, nous nous sommes dirigés vers le monastère.


Le gonpa de Diskit est encore un ces monastères construits dans un décor incroyable. 


Lorsque je franchis l'enceinte d'un monastère, je suis à chaque fois ébahi par l'harmonie des différents temples.


Les portes qui donnent au Gonkhang sont fermées. Et comme je ne veux pas rater sa visite, je suis obligé de trouver le moine qui possède la clé. Dans ce dédale de pièces, de temples, d'escaliers, ce n'est pas chose aisée. Par chance, je rencontre un moine qui me servira d'explorateur pour dénicher le moine qui a la responsabilité de faire visiter l'ancien Gonkhang et de donner quelques explications sur les divinités qui reposent derrière leurs voiles.



En attendent le moine et son porte clé, je regarde les lokapalas qui sont les gardiens des quatre horizons ou les quatre grands rois. En général, ils sont placés de part et d'autre de la porte d'entrée des temples : les deux premiers à gauche et les deux suivants à droite de la porte. Ici ils sont tous les quatre réunis. De gauche à droite, vous avez le gardien du sud qui a le visage et les mains bleus ou verts et tient une épée (khadga) en signe de son statut de défenseur de la foi. Son nom en sanscrit est Virudhaka.
Le gardien de l'est a pour couleur le blanc et joue d'un instrument à cordes (pipa) et règne sur une armée de musiciens célestes, les Gandharvas. Son nom en sanscrit : Dhritarashtra.




Le gardien de l'ouest a pour couleur le rouge et tient un petit chorten sur sa main droite et un serpent dans la main gauche. Il règne sur les Nagas, défenseurs de la loi bouddhique. Son nom en sanscrit, Virupaksha
Le gardien du nord a le visage rose ou jaune. Il tient dans sa main droite une bannière de victoire et dans la main gauche une mangouste qui crache des joyaux (nakula) et est le plus important des quatre rois. Son nom en sanscrit est Vaishravana.

Sur un autre mur, il y a la roue de la vie.
Présentée dans tous les monastères, la roue de la vie est l'un des symboles bouddhiques les plus anciens et les plus signifiants. 
Serrée entre les griffes de Yama, seigneur de la mort, elle dépeint les six mondes des renaissances possibles  
                    
 I. Le monde des devas,
êtres célestes bénéficiant d'un karma favorable (somme d'actions antérieures méritoires).

II. Le monde des asuras,
êtres puissants et jaloux qui disputent aux dieux leur domaine.

III. Le monde des hommes,
prisonniers de l'orgueil et de l'attachement au "moi". Leur souffrance sur terre est
la maladie, la vieillesse et la mort. Mais leur intelligence induit la conscience et la possibilité de trouver la voie de la délivrance.

IV. Le monde des animaux,
dominés par l'ignorance et l'impossibilité de distinguer les bonnes des mauvaises actions.


V. Le monde des pretas,
êtres avides, tourmentés de désirs insatisfaits, ils ne peuvent assouvir ni leur faim ni leur soif.

VI. Le monde des enfers,
brûlants ou glacés, y souffrent ceux qui ont accumulé un lourd poids d'actions négatives.

Sur la roue extérieure de la roue, douze images illustrent la chaîne de causalité de 
l'existence humaine, sans commencement et sans fin.


Le moine est arrivé avec les clés du vieux et du nouveau Gonkhang. Avant d'entrer dans le vieux Gonkhang il nous signale qu'il est interdit d'y faire des photos, mais que je pourrais faire des photos tout à l'heure dans le nouveau. Avec un sourire, je lui réponds que c'est bien dommage car c'est justement dans le vieux qu'il y a les plus belles pièces !! Lorsque je passe la porte, c'est à nouveau l’enchantement de revoir ce grand nombre de statues de la taille d'un homme, l'effet est tout simplement saisissant. 

Le premier choc passé, il ne nous reste plus qu'à fouiner du regard, comme dans un vieux grenier qui est plongé dans la pénombre, pour voir toutes les pièces. J'y passerais  des heures à prendre des photos pour essayer de refléter l'atmosphère qui règne dans cette pièce. Mais voilà, on ne peut pas, alors je n'ai que mes mots qui ne suffisent pas pour vous faire partager la vision que j'ai devant moi.
Après cette euphorie bien légitime, nous allons dans le nouveau Gonkhang où là ce n'est évidemment plus la même chose. Nous terminons la visite car le moine n'a pas les clés d'un autre vieux temple qui est situé plus haut que ceux où nous sommes.



Nous allons sur les toits pour profiter une dernière fois de la vue magnifique sur la vallée, puis nous redescendons à notre aise et rentrons au village en passant par les chortens du monastère.






En sortant du monastère nous ferons une petite halte en compagnie d'un moine qui nous racontera sa vie au monastère. Ce fut un bon moment.



Demain matin, nous quitterons Diskit, non pas pour la vallée de la Nubra qui est du côté de Sumur, mais bien pour un retour à Leh. Nous avons fait ce choix car le temps du permis nous est compté et nous ne voulons pas faire les dernières visites à la hâte.

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