dimanche 25 octobre 2009

Au pays des Khampas. III

25 octobre

Direction vers le pays des Khampas

Ce matin, le lever a été difficile, mais il fallait bien se mettre en route si nous voulions arriver à Litang au début d'après-midi. Question d'avoir le temps de trouver un hôtel, prendre une douche, un bon repas et vous envoyer de nos nouvelles, puisque nous savons par Benoît (un copain qui est passé par ici) qu'à Litang, il y avait des connections internet.
A peine sortis de l'hôtel, nous sommes aussitôt accostés par un chauffeur qui nous demande où nous allons. A Litang. Ok je pars moi aussi là-bas et pour le prix, c'est 50 yuans. Le deal est conclu et nous allons manger avant de partir.
A 11h30, nous quittons Daocheng. Sur la route pas grand chose à dire, sauf que nous faisons une halte au monastère de Sangui Sightseing qui est un monastère important de la région. Hélas pas le temps de le visiter, mais on aura d'autres occasions à voir au Sichuan.




Sur le coup de 14h30, nous sommes arrivés à destination et le chauffeur nous conduit directement dans un hôtel qui nous convient.
Pour nous, la journée est finie, nous ne ferons plus rien sauf farniente.
Pour info, Litang est à 4100 m d'altitude et que c'est une ville importante historiquement. C'est dans cette ville qu'a commencé en 1956, la révolte des Khampas contre les chinois. Celle-ci s'est étendue rapidement à tout le Kham. Puis en 1957 et 58 à L'amdo et en 1958 et  59 à l'actuelle région du Tibet. En 1959, Lhassa est sous contrôle chinois et le Daila Lama s'exile en Inde à Dharamsala. C'est notre petit cours historique du jour.
Bonne journée à tous, merci de nous suivre et à bientôt pour d'autres aventures.



26 octobre


Visite des environs de Litang

Il ne faut pas longtemps, les premiers mètres suffisent pour constater que nous sommes vraiment dans un autre monde. Ici la grande majorité de la population est tibétaine. Les silhouettes et les visages des gens sont étonnants. Des visages burinés par le soleil des hauts plateaux. Les hommes ont de longs cheveux noirs, le chapeau style cow-boys sur la tête et leurs longs manteaux fourrés de poils de yak noués aux hanches. Il ne manque plus qu'une gare, un révolver, une mouche et harmonica pour tourner un bon western.





Mais la comparaison avec le Far-west s'arrête là car les Khampas ne chevauchent plus leurs chevaux mais des motos.









Les Khampas sont des gens curieux et chaleureux, surtout vis-à-vis des étrangers. Ils aiment savoir qui tu es, d'où tu viens, le nom de ton pays, ton nom et où tu vas ...........etc. Les questions sont sans fin.

La ville de Litang se trouve sur une steppe, steppe tellement grande qu'il nous est impossible d'envisager de faire le tour à pied ou même à vélo pour visiter les différentes curiosités qui sont sur ce plateau. Pour faciliter les visites de la journée, nous avons donc choisi de prendre un chauffeur.
Pascale et moi nous nous sommes posé la question si nous devions relater ce début de journée, tellement notre sensibilité d'occidental vis-a-vis de la mort, a été mise à rude épreuve. Nous pensons cependant devoir le faire afin de montrer les coutumes d'autres civilisations. Il nous aura fallu plus de 24 h pour pouvoir trouver les mots justes pour vous relater ce que nous avons vu.

Rites funéraires
Nous partons pour une sorte de crématorium situé au-dessus de la ville, dans la montagne. En arrivant, nous voyons 2 petits bâtiments d'où s'échappent de la fumée. Nous ne sommes pas surpris puisque l'on nous avait dit que c'était une cérémonie de crémation.
Un peu plus loin, nous apercevons un attroupement de vautours entourant un homme, que nous appellerons sacrificateur. Visiblement ces rapaces attendent nerveusement de pouvoir bondir sur la dépouille allongée sur le sol. S'agit-il du sacrifice d'un yak ?
Au fur et à mesure que nous approchons, nous comprenons. Le sacrificateur reçoit un paquet avec la dépouille d'un défunt. Il déshabille celui-ci et un membre de la famille va brûler ces vêtements sur le bûcher pendant que le sacrificateur lacère en morceaux la dépouille avant de l'offrir aux rapaces. C'est le festin, et en 20 minutes, il ne reste que les os. L'homme alors rassemble les os et les concasse avec une hache et un marteau tout en saupoudrant le tout des cendres des vêtements du mort .
Il terminera avec la boîte crânienne qu'il cassera d'abord en deux afin d'y retirer son contenu pour le mélanger aussi au os. Lorsque le tout est broyé et mis en un tas, il se retire pour permettre aux vautours de se goinfrer une dernière fois.
C'est macabre et très difficile à supporter, mais ce sont les rites funéraires locaux. Il faut savoir les respecter.








Texte pour la défunte.

La jeune maman est morte, elle n'avait que 25 ans. Elle n'ira plus sur les chemins de la steppe afin de ramasser du bois pour protéger ses enfants des nuits froides des hauts plateaux du Kham. Son âme l'a quittée pour une réincarnation possible ou peut-être vers d'autres cieux plus doux, personne ne le saura jamais tant qu'il sera sur cette terre. Son corps, lui, est encore là, allongé face contre terre, protégé par le sacrificateur de la horde de vautours qui entourent la dépouille de la maman. L'homme se retire, la horde de rapaces se précipite sur le corps pour emporter avec eux l'enveloppe corporelle qui devait être très belle. En moins de temps qu'il ne faut pour comprendre, la chair de la belle maman a disparu et les vautours se retirent pour ne laisser que le squelette devant ses proches médusés.
Le sacrificateur rassemble les os pour les concasser en terminant par le crâne et la horde revient une dernière fois emportant à jamais les restes de l'être cher.

Adieu femme fidèle, adieu jolie maman, adieu fille chérie.


................ Après la visite du lieu funéraire, nous sommes allés au monastère de Shaga et sa montagne, "bardée" de drapeaux de prières, l'effet est assez spectaculaire. Nous sommes montés au sommet, d'où on a une très belle vue sur toute la steppe.













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