vendredi 28 juillet 2017

En route Enmu

 Après avoir trouvé une maison dans le hameau de Spang, où recevoir est encore ancré dans la tradition zanskarpa, je démarre ma journée de randonnée un peu plus tôt qu'hier. Tellement tôt que je suis seul sur la piste et de ce fait, je surprends même les derniers animaux sauvages revenant d'avoir bu à la rivière.


 C'est toujours sympa de ne pas se sentir seul, surtout avec les animaux qui ne craignent pas trop l'homme ! 



Ce matin, la vallée est inondée de lumière et la température ambiante est toujours très, trop agréable, même si à cause d'elle, il me faut faire de satanés détours. Mais cela n'est rien car la marche en solitaire procure beaucoup de joie et de rencontre que je ne ferais pas si j'étais en groupe. Lorsque je parle de mes voyages dans l'Himalaya et que je précise que je suis seul, cela effraie les gens et la seule grande question qui vient immédiatement après est : " S'il t'arrivait quelque chose, tu ferais quoi ?" Il m'est alors difficile de tranquilliser mon interlocuteur car je ne sais pas trop quoi répondre puisque d'ici, il est impossible d'appeler à l'aide vu que les téléphones satellites sont interdits. Hé puis même s'ils étaient autorisés, se pose alors une autre question de savoir qui viendrait me chercher ?! Alors en trek je ne pense jamais à tout ça et je profite de ce que la nature me donne, c'est à dire, le plaisir d'être là. C'est ce que je m'accorde durant toutes ces semaines de marche. D'ailleurs, la solitude à long terme permet de penser à votre vie, vos joies, vos erreurs et il m'arrive même de remonter très loin dans mon enfance pour faire ressortir des souvenirs enfuis si profondément que je me demande comment ils peuvent bien me revenir aussi clairement.
Après, comme je vous le disais plus haut, il y a les rencontres insolites. Lorsque j'arrive dans un village et que les gens constatent que vous êtes seul, les portes s'ouvrent plus facilement pour vous offrir un simple thé, parfois même jusqu'au logement. Il va de soi que je laisse toujours de l'argent sous un coussin pour payer mon dû. Il est difficile pour un zanskarpa ou ladakhi de recevoir de l'argent de main à la main car le troc a toujours été pour eux la monnaie d'échange depuis des temps les plus reculés. Il vaut donc toujours mieux laisser discrètement de l'argent, leur plaisir sera d'autant plus grand. Evidemment, il faut bien reconnaître que depuis quelques années, les choses ont tendance à fortement changer dans ces régions. Avant, vous ne saviez pas traverser un village sans être invité à prendre le thé dans une maison. De nos jours, il est fréquent qu'on vous le donne avec des biscuits et qu'on vous le fasse payer. De même pour l'hébergement, il n'est pas rare que dans certains villages, on vous demande 1200 Rs (17 euros) pour une nuit sur une paillasse et un dal bien ordinaire. Hé oui, les traditions ont tendance à disparaître et avec les routes qui se construisent un peu partout au Ladakh, comme au Zanskar, les choses ne vont que s’aggraver. J'ai, hélas, bien dû le constater à Ichar.


Pour l'heure, j'ai Enmu en vue. Je vais pouvoir aller passer la nuit dans une bonne famille où j'ai déjà dormi, il y a quelques années. Bien sûr, personne ne va me reconnaître, mais l'important, c'est que je sais que j'y serai bien et que mon repas ne sera pas fait à la va-vite.

Pendant que le repas du soir se prépare, j'en profite pour faire un dernier tour dans les jardins et champs de la maison.
 

Après, je resterai sagement dans ma chambre, car demain, une longue journée est au programme, puisque j'irai jusqu'au monastère de Phuktal.

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