dimanche 23 juillet 2017

De Karsha jusqu'à Zangla

Même si ce premier mois de voyage a été une réussite complète, je peux dire qu'aujourd'hui, mon aventure va prendre une tout autre tournure. Fini pour moi les visites, les festivals et jours de repos dans des guesthouse plus ou moins confortables. A présent, il me faudra marcher, même beaucoup marcher, pour atteindre les rives du Tsomo Riri (si tout va bien !).


Il est neuf heures et je quitte Karsha sous un ciel bleu. Immédiatement après le village, il me faut longer un mur mani qui fait bien un kilomètre de long. Cette journée s'annonce sans grande difficulté, si ce n'est de devoir marcher un minimum de cinq heures, en plein soleil sur un désert de pierres. Pour pouvoir voir le village de Pishu, il me faudra suivre la rive gauche de la rivière Zanskar et rejoindre le pont pour atteindre l'autre rive en toute sécurité. De là, encore quelques kilomètres pour enfin arriver à Zangla. Ce sera mon étape du jour, même si au départ je projetais d'aller jusqu'à Pishu pour y déposer des photos de deux vieilles nonnes. Hélas, j'ai appris à la nonnerie de Karsha que les deux nonnes en question avaient franchi le cap d'une autre vie. Il est donc inutile que j'ailles jusque là et je préfère aller directement à Zangla. Voilà pour le topo de la journée, mais pour l'heure, je marche sur une piste qui disparaitra d'ici quelques kilomètres.



Même si la température commence à monter, je peux m'estimer heureux qu'il n'y ait pas de vent. Car ici, le vent se transforme vite en tempête et la plaine deviendrait poussiéreuse à souhait, à un point tel que c'en serait fini de ce fabuleux décor.
Si je parle ainsi, c'est évidemment par expérience, car il y a quelques années, je me suis retrouvé en pleine tempête, que j'avais même l'impression d'être au beau milieu du Sahara. 
Hé oui, c'est bien connu, la météo est particulièrement capricieuse en montagne !!



Sur ma piste, j'arrive à la hauteur du premier village dénommé Rinam; il est d'ailleurs annoncé sur un panneau.

A Rinam, je constate, avec soulagement, que la population ne connait pas de pénurie d'eau puisqu'il est desservi par une importante canalisation. Je me dis que si l'eau est potable pour eux, elle doit l'être aussi pour moi et j'en profite donc pour faire le plein de ma gourde. Me voilà chargé de deux kilos en plus sur le dos, mais ce sont deux kilos qui peuvent s'avérer bienfaiteurs.  J'ai appris à prévoir.
Quelques kilomètres plus loin, je peux même voir la rivière en amont, d'où provient l'eau que je boirai dans les prochaines minutes. Me voilà rassuré d'avoir pu constater qu'il n'y a pas de chemin menant à la source, mon eau est donc bien potable. 




Sur le coup de treize heures, je rencontre un berger et son troupeau.



J'ai quelques victuailles avec moi et comme je n'ai pas encore manger, je décide de partager mon repas avec cet homme. Lorsque j'arrive à sa hauteur, je lui propose le marcher suivant : ma nourriture contre une tasse de thé ?!
Le berger me sourit et me dit qu'il a même dans sa besace du chang !!!
Nous nous asseyons tous les deux pour festoyer ensemble au milieu de la plaine.
Entre nous deux, il est bon de constater que le courant passe et il passe tellement bien que son bidon de bière se vide comme s'il était perforé. Le chang n'est peut être pas de première pression, mais le boire en plein soleil, cela risque bien de me jouer des tours pour rejoindre Zangla !!! Mon compagnon ne s'en inquiète pas trop et me propose même un petit dernier pour la route !!! 


Evidemment dans de telle conditions, la suite de mon avancement vers le pont de Zangla, se transformera très vite en un remake du film "Un pont trop loin". Encore heureux que depuis l'épopée de Michel Peissel en 1976, ce pont a été fameusement rénové car en son temps, alors qu'il venait de l'avoir franchi, il disait qu'il avait eu la peur de sa vie. Il faut dire qu'à cette époque, ce pont ressemblait à ça.

Photo que j'ai trouvée cette année au Zanskar.

Après avoir franchi à mon tour le pont, il me reste que quatre kilomètre pour rejoindre Zangla. Plus trop envie de faire le restant du trajet à pied, j'ai donc attendu le passage d'une voiture afin de pouvoir cuver mon chang. Hips !

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