La nuit a été froide, si bien qu'au petit matin, le décor et même ma tente étaient couverts de givre. Tant et si bien, que malgré de multiples efforts, je ne suis pas parvenu à allumer mon feu pour me préparer une tisane chaude. C'est forcément le ventre vide que j'ai quitté mon emplacement ce matin. Cela ne me tracasse pourtant pas plus que cela et je reprends le sentier là où je l'avais laissé hier en fin de journée. Il est 7h30 et je me dirige vers Sumda Chenmo, lorsque tout à coup, je remarque que quelqu'un vient vers moi. Cette personne s'approche et je remarque que c'est une femme avec un carnet à la main. Tout de suite, je comprends qu'elle vient pour me "taxer" la nuit que j'ai passé sur le terrain du hameau de Marjak. C'est une coutume très répandue au Ladakh. Voilà donc la brave dame qui m'explique que je suis redevable de 100 Rs pour avoir mis une tente sur terrain. Tente qu'elle n'a d'ailleurs pas vue, mais elle se doute bien que je n'ai pas passé la nuit à la belle étoile !!! Je paye mon droit avec le sourire et je lui demande par la même occasion de faire une photo pour le souvenir. Ce qu'elle accepte avec autant de plaisir que mes 100 Rs !!!!
Tout le monde est content, un petit juley et Madame me quitte mission accomplie.
J'arrive très vite aux portes du village de Sumda Chenmo. En passant devant le gonpa, qui est fermé, mon estomac me rappelle qu'il fait ramadan depuis hier soir et que cela ne lui fait pas plaisir !! L'estomac a toujours raison et je dépose mon sac devant le gonpa afin de chercher un coin où je pourrais allumer un feu entre trois pierres. Je ramasse quelques brindilles et du bois un peu plus gros pour allumer le tout sur un carré de terre où les moines ont l'habitude d'allumer leur feu. Le bois est bien sec et le feu prend vite. Une heure après, je mange mon Maggi Noodle. Evidemment, la fumée a attiré l'attention dans le village et je suppose qu'un villageois a envoyé sa fille pour voir ce qui se passait au gonpa.
Dans son petit atelier, nous avons aussi parlé de son travail. Je n'arrivais pas à comprendre comment d'une simple feuille de cuivre, Sonomagchuk, c'est son nom, parvenait à faire des boites rondes avec couvercle. Tout ça avec un simple marteau, une enclume et un feu. Ces petites boites terminées étaient de véritables merveilles. Lorsque j'avais dans mes mains le fruit de son travail, je pouvais aisément ressentir l'énorme labeur que cela représentait pour avoir un objet aussi fin. J'ai bien évidemment fait l’acquisition d'une de ces petites boîtes. Elle trônera en bonne place dans l'appartement de Bruxelles.
Le trésor de Sonomagchuk.
Ce sera à coup sûr un très grand souvenir dans ce voyage. Je peux d'ailleurs vous assurer que lorsque nous nous sommes quittés, Sonomagchuk avait la larme à l’œil.
Merci à toi l'artiste. Je repasserai un jour chez toi. Inbouddha.
Les rencontres sont ainsi faites, je marche à nouveau seul, mais mes pensées restent tournées vers le petit atelier de Sonomagchuk, comme je suis certain que les siennes sont aussi dans la direction où je vais.
Ma journée est loin d'être finie. Je dois à présent rallier le Lanak La par un tout nouveau sentier qui traverse des alpages pour ensuite arriver à un petit torrent que je devrai franchir au lieu-dit "Lagos"
Là, je dois chercher un pont composé de trois rondins, qui devrait me permettre de passer le torrent. J'ai beau chercher, je ne trouve rien qui ressemble à un pont de bois. Il a dû sûrement être emporté par la dernière crue hivernale. Ce qui me force de faire un passage à gué dans une eau très froide. Puis, le chemin remonte vers le Lanak La.
Sur le sentier, je revois le chemin qui vient de Sumda Chenmo.
En nonante minutes je suis au-dessus du col du Lanak. Aujourd'hui, il fait beau, je peux observer les multiples couleurs des roches qui sont autour de moi. Le spectacle est total.
Puisque je suis en haut, il ne me reste qu'à redescendre vers le lieu-dit "Lanak" où je choisirai un endroit pour y mettre ma tente.
La journée a été riche en émotions. Cette nuit, je trouverai sûrement un sommeil profond qui me fera toucher les étoiles du firmament. Il est maintenant 17h30 et une bonne odeur de noodles vegeteble flotte dans l'air.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire