samedi 5 juillet 2014

De Marjak au camp en bas du Dundunchen La

Depuis que j'ai quitté Angchang, je n'ai plus rencontré personne sur ma route. Cela ne me manque vraiment pas car j'ai pu ainsi apprécier cette solitude et me plonger corps et âme dans cet Himalaya qui me procure tellement de contentements.
La nuit a été froide, si bien qu'au petit matin, le décor et même ma tente étaient couverts de givre. Tant et si bien, que malgré de multiples efforts, je ne suis pas parvenu à allumer mon feu pour me préparer une tisane chaude. C'est forcément le ventre vide que j'ai quitté mon emplacement ce matin. Cela ne me tracasse pourtant pas plus que cela et je reprends le sentier là où je l'avais laissé hier en fin de journée. Il est 7h30 et je me dirige vers Sumda Chenmo, lorsque tout à coup, je remarque que quelqu'un vient vers moi. Cette personne s'approche et je remarque que c'est une femme avec un carnet à la main. Tout de suite, je comprends qu'elle vient pour me "taxer" la nuit que j'ai passé sur le terrain du hameau de Marjak. C'est une coutume très répandue au Ladakh. Voilà donc la brave dame qui m'explique que je suis redevable de 100 Rs pour avoir mis une tente sur terrain. Tente qu'elle n'a d'ailleurs pas vue, mais elle se doute bien que je n'ai pas passé la nuit à la belle étoile !!! Je paye mon droit avec le sourire et je lui demande par la même occasion de faire une photo pour le souvenir. Ce qu'elle accepte avec autant de plaisir que mes 100 Rs !!!! 


Tout le monde est content, un petit juley et Madame me quitte mission accomplie.


J'arrive très vite aux portes du village de Sumda Chenmo. En passant devant le gonpa, qui est fermé, mon estomac me rappelle qu'il fait ramadan depuis hier soir et que cela ne lui fait pas plaisir !! L'estomac a toujours raison et je dépose mon sac devant le gonpa afin de chercher un coin où je pourrais allumer un feu entre trois pierres. Je ramasse quelques brindilles et du bois un peu plus gros pour allumer le tout sur un carré de terre où les moines ont l'habitude d'allumer leur feu. Le bois est bien sec et le feu prend vite. Une heure après, je mange mon Maggi Noodle. Evidemment, la fumée a attiré l'attention dans le village et je suppose qu'un villageois a envoyé sa fille pour voir ce qui se passait au gonpa. 
Un sourire un peu gêné de l'enfant lorsqu'elle aborde "l'étranger", mais la rencontre se passe bien lorsqu'elle remarque que le feu n'était allumé que pour faire à manger. Quelques signes pour se faire comprendre et je lui offre un de mes bics pour qu'elle puisse faire ses devoirs d'école. La jeune fille est contente et rentre à la maison. Je termine mon repas, remets le carré de terre en ordre, remballe mes affaires et je continue vers le village. Quand j'arrive à proximité, j'entends des coups de marteau qui résonnent. Je crie un juley entre deux percussions et je vois un homme sortir de chez lui. Juley, et il me fait signe de venir. Lorsque j'arrive, je remarque que ce n'est pas de sa maison que mon homme est sorti mais bien de son atelier. Cet homme est un artisan en ferronnerie de cuivre. C'est d'ailleurs la grosse spécialité de toute la région de Chiling. Il m'invite à boire le thé dans son atelier où je resterai presque quatre heures. Tout au long de cette rencontre, nous aurons l'un et l'autre de grands fous rires. 


Dans son petit atelier, nous avons aussi parlé de son travail. Je n'arrivais pas à comprendre comment d'une simple feuille de cuivre, Sonomagchuk, c'est son nom, parvenait à faire des boites rondes avec couvercle. Tout ça avec un simple marteau, une enclume et un feu. Ces petites boites terminées étaient de véritables merveilles. Lorsque j'avais dans mes mains le fruit de son travail, je pouvais aisément ressentir l'énorme labeur que cela représentait pour avoir un objet aussi fin. J'ai bien évidemment fait l’acquisition d'une de ces petites boîtes. Elle trônera en bonne place dans l'appartement de Bruxelles. 



Le trésor de Sonomagchuk.


Ce sera à coup sûr un très grand souvenir dans ce voyage. Je peux d'ailleurs vous assurer que lorsque nous nous sommes quittés, Sonomagchuk avait la larme à l’œil. 
Merci à toi l'artiste. Je repasserai un jour chez toi. Inbouddha.





Les rencontres sont ainsi faites, je marche à nouveau seul, mais mes pensées restent tournées vers le petit atelier de Sonomagchuk, comme je suis certain que les siennes sont aussi dans la direction où je vais.  



 Ma journée est loin d'être finie. Je dois à présent rallier le Lanak La par un tout nouveau sentier qui traverse des alpages pour ensuite arriver à un petit torrent que je devrai franchir au lieu-dit "Lagos"

Là, je dois chercher un pont composé de trois rondins, qui devrait me permettre de passer le torrent. J'ai beau chercher, je ne trouve rien qui ressemble à un pont de bois. Il a dû sûrement être emporté par la dernière crue hivernale. Ce qui me force de faire un passage à gué dans une eau très froide. Puis, le chemin remonte vers le Lanak La.


Sur le sentier, je revois le chemin qui vient de Sumda Chenmo.


En nonante minutes je suis au-dessus du col du Lanak. Aujourd'hui, il fait beau, je peux observer les multiples couleurs des roches qui sont autour de moi. Le spectacle est total.



 Puisque je suis en haut, il ne me reste qu'à redescendre vers le lieu-dit "Lanak" où je choisirai un endroit pour y mettre ma tente.



 La journée a été riche en émotions. Cette nuit, je trouverai sûrement un sommeil profond qui me fera toucher les étoiles du firmament. Il est maintenant 17h30 et une bonne odeur de noodles vegeteble flotte dans l'air.



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