Lorsque j'ai ouvert ma tente ce matin, j'ai constaté que d'énormes nuages gris stagnaient au-dessus de Lungmoche. Ni une, ni deux, j'ai directement compris que j'allais avoir une journée difficile. Sans tarder, je replie ma tente, referme mon sac et je me suis immédiatement mis en route avant que la pluie ne commence à tomber.
Mais elle n'a pas tardé à m’arroser intensément et cela ne s'est pas arrêté de toute la journée. Le décor est peut-être aussi beau que les autres jours, mais j'avance tête baissée sous ma cape. De temps à autre je sors quand même mon appareil photo pour immortaliser ces moments pénibles. A 9h30, j'arrive à hauteur du village de Yakhang, un village de nomades où il y a aussi un monastère de nonnes. Mais ce village n'est pas en bord de piste. Il faut remonter un autre chemin de plus ou moins cinq cents mètres. D'où je suis, je vois les maisons et le monastère, mais rien ne bouge et il n'y a même pas un filet de fumée sortant d'une cheminée. C'est sûr, personne n'est là en ce moment et je décide de continuer mon chemin. Un peu plus loin, j'arrive à une passerelle de fer qui me permettrait d'aller au camp nomade de Pangchen. Avec un temps pareil, je me pose la question s'il est bien sage de monter jusque-là, sans être certain qu'ils sont là en cette période de l'année !
Dans le doute et avec cette pluie incessante, je préfère continuer vers Zara.
A 10h45, j'arrive dans un campement d'ouvriers qui construisent la future route. Je demande s'il est possible de m'abriter un instant avec eux ? Illico presto, ils me font une petite place et comme c'est l'heure du repas, j'ai droit comme eux à ma portion de dal vegetables. Pendant le repas, la conversation s'engage. C'est comme cela que j'apprends qu'ils sont tous népalais et qu'ils viennent chaque année au Ladakh pour travailler sur les routes. Un travail pénible pour seulement 800 Rs par mois, logé et nourri par la compagnie des routes.
Je serais bien resté encore un petit moment avec eux sous la tente mais le boulot les attend malgré ce temps dégueu. Ils n'ont pas le choix, et moi non plus, je continue donc mon chemin là où je l'avais laissé pour faire cette pause bien sympathique et réconfortante.
Deux heures plus tard, je m'approche enfin de la route de Manali - Leh. Il me faudra encore une bonne heure pour traverser une plaine sans fin avant que je n'arrive au tea chop de Skyangchu.
Lorsque j'arrive sur place, je remarque que je ne suis pas le seul à être trempé jusqu'aux os. Les motards qui font cette route mythique, un peu comme les américains avec la fameuse route 66, le sont tout autant que moi. Tous assis au tour d'un réchaud à mazout, nous parlons bien évidemment de la météo du jour et de ses conséquences. C'est comme cela que j'apprends que le sommet du col du Tanglang La (5300 m) est pour le moment bloqué par la neige.
Tout cela n'est pas de très bonne augure pour les prochains jours que je vais passer sur les sentiers menant au lac Tsomo Riri. Sentiers qui culminent allègrement bien au-dessus des 5000 m. Je sors un instant pour regarder les premières montagnes que je devrai passer, afin de me faire une idée plus précise sur la situation. Visiblement, il ne faut pas être un expert météorologique pour comprendre que ça ne va pas aller comme il le faudrait et si je veux être en sécurité sur ces sommets himalayens, il serait plus sage d'attendre ici que la situation s'améliore.
Un ladakhi me demande quels sont mes projets. Je lui réponds que normalement, je prévois d'aller au Tsomo Riri, mais je doute fort que cela soit possible dans l'immédiat ! Son sourire et sa réponse me confirment mes craintes et il me dit qu'il ne faut surtout pas partir aujourd'hui. Je le remercie et je retourne dans le tea chop pour reprendre une autre tasse de thé avec les motards et vérifier si mes vêtements et mon sac commencent à sécher. Evidemment, dans un environnement aussi humide, il est illusoire de penser que quelque chose peut sécher. C'est à ce moment-là, que je me dis qu'il serait sûrement plus sage de carrément rentrer à Leh afin de tout laver, de me reposer et de manger autre chose que des nouilles ou des dals vegetables. Ma décision est prise, je rentre à Leh. Je demande au patron du tea chop si le bus de Manali ou de Keylong doit encore passer ? Il me répond que oui, mais il va voir s'il n'y a pas une autre solution pour moi. Il demande à des indiens qui font le trajet avec un 4x4 s'ils veulent me prendre avec eux ? La réponse est simple, c'est non !! Cela ne m'étonne pas du tout et je lui dis que je vais attendre le bus. Mais voilà que deux bus d'une même compagnie arrivent au tea chop. Ils sont tous les deux vides car ils reviennent d'un dépannage. Le patron retente le coup et cette fois, ce sont des ladakhis et la réponse est affirmative. Je charge directement mes affaires et me voilà en route pour Leh avec un bus pour moi tout seul.
Kilomètre après kilomètre, la météo commence à s'améliorer, les températures remontent et de ce fait, la neige a évidemment fondu. Je ne regrette toutefois pas mon choix et lorsque je serai à Leh, je vais réadapter mon circuit pour aller d'une façon ou une autre au Tsomo Riri et dans la région de Mahe.
A 15h15, nous sommes au pied du Tanglang La.
La montée est toujours aussi impressionnante car la route est éternellement en réparation.
A 16h, nous franchissons le sommet et deux heures plus tard, je suis à Leh.
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