vendredi 11 octobre 2019

De Gokyo au Renjo La jusqu'à Marulung

Cette nuit, comme à chaque fois avant le départ d'un gros Pass, je n'ai pas très bien dormi.
Cela doit être le poids du challenge qui me turlupine un peu trop dans la tête. C'est d'ailleurs toujours les mêmes questions qui me reviennent. Du genre : Est-ce que cette fois, cela va encore passer ? Trouveras-tu ton chemin ? N'exagères-tu pas ? Ne serait-il pas temps d'arrêter ? ...... Enfin, toutes ces questions, qu'une fois en route, ne se posent plus. Cela doit être ce que les artistes appelent le trac. Mais comme je ne suis pas artiste, je dirais plutôt l'anxiété.
........ L'un ou l'autre, le résultat est le même, ma nuit ne fut pas bonne. De plus, lorsque je me suis levé à 6h, il y avait un tel brouillard que je me suis dis que ce ne sera pas possible de partir directement à l'assaut du Renjo La.
Pendant le petit déjeuner, j'en discute avec le patron du lodge et il me conseille effectivement d'attendre un peu. D'autres trekkeurs préfèreront ne pas attendre. Chacun est libre !!

Trois quarts d'heure plus tard, le Gokyo Ri commençe à pointer le bout de sa cime et les autres sommets suivent son exemple. Le patron me dit que, cette fois, je peux y aller.



Dix minutes plus tard, je me trouve déjà à l'intersection des chemins qui vont vers le Gokyo Ri et le Renjo La. Dans un premier temps, le chemin contourne l'étendue bleue.
Fort heureusement, les nuages se dissipent plus vite que mon avancée si bien que j'ai déjà une très belle vue sur les pics enneigés.

Devant un tel spectacle, mes anxiétés nocturnes se sont tout naturellement évaporées comme les eaux du lac semblent le faire sous les premiers rayons de soleil.


Tout cela est si beau que même un contre-jour photographique himalayen devient exceptionnel.


Mais je dois avancer, le chemin est encore long, même si le Renjo La paraît proche.



Ma progression continue. Toutefois, je ne peux résister à me retourner pour voir le chemin parcouru.


Devant moi, les traces du chemin ont tendance à disparaitre pour faire place à des éboulis.



Fort heureusement, les cairns sont bien présents, de-ci de-là, pour m'indiquer la voie à suivre.


Ces difficultés passées, j'arrive à présent sur un grand plateau sablonneux .....


......... où quelques primevères parviennent à s'enraciner.


Je dois maintenant le traverser complètement en gardant bien en ligne de mire, le Renjo La et les nombreux pics qui ferment l'horizon.



La vue sur le plateau est totale.


D'ici, j'ai déjà une vue extraordinaire, alors qu'est-ce que cela sera lorsque je serai au sommet du Renjo La !
En attendant, la neige fait son apparition sous mes pas. Arrivé au fond de cette plaine, je commence une dernière montée, particulièrement bien pentue.


Après une heure d'un combat inégal entre la montagne et moi, je pousse un ouf de soulagement quand j'arrive enfin sur cette plate-forme tellement souhaitée. Le temps de retouver mon souffle, mon regard se dirige immédiatement sur la kyrielle de sommets blancs qui sont là-bas au fond de ce décor idyllique.

Je peux ainsi admirer d'un seul coup d'oeil, le  Gyachung Kang, le Pumori, l’Everest, le Nuptse, le Lhotse, le Makalu. ....... Rien que du très haut !!



Le mythique Everest (8848 m) et le Lhotse I (8516 m)



De l'autre côté du Renjo La, la vue n'en est pas moins belle, avec la vallée de la Bhote kosi et son lac l’Angladumba Tsho, le Nangpa La et les montagnes du Rolwaling au fond.


Pour rejoindre le premier lac, j'ai droit à un bel escalier. Bon, il est un peu glissant mais il a le mérite d'exister !


A l'approche du lac, j'ai encore droit à une vue imprenable sur un très beau cirque rocheux. Décidément, cette descente est étonnante de beauté.


Le premier lac à peine dépassé, voilà un deuxième, le Relama Tsho, qui se découvre peu à peu au fil de mes pas.



Ce lac fait face aux mêmes montagnes qui bordent le lac de Gokyo.
Pour rappel, voici les deux faces.  
                              


Cela fait 2 heures que j'ai quitté le pass et j'arrive presque dans la vallée de Thame où passe la Bhote Kosi Khola, à hauteur du hameau de Lumde.

Cela n'en a pas l'air mais il me faudra bien une heure pour arriver en bas.


Dans la vallée, trouvant peut-être que je n'ai pas assez marché durant cette journée, je décide de continuer vers Marulung. Mais lorsque j'arrive là après trois quarts d'heure, je constate que toutes les maisons sont vides. En fait, ce hameau n'est tout simplement qu'un kharka (doksa au Ladakh) càd une bergerie et pour le moment, les yaks et biques sont dans d'autres alpages. Par bonheur, je vois sortir de la fumée par la cheminée d'une des maisonnettes. En arrivant, je crie 'namasté" ..... et un homme vient voir. Par gestes, je lui demande s'il est possible de dormir chez lui ? Avec d'autres gestes, il me fait comprendre qu'il n'a pas grand chose pour manger mais qu'il a quand même une petite place pour moi !! Ce sera mon lodge pour cette nuit.
Cela fait plus de 10 heures que je marche. 


Le monsieur m'offre du thé noir et moi je sors mon dernier paquet de biscuits.
Après cette pause, le monsieur m'explique (toujours par gestes) qu'il va aller traire ses dzomos et qu'il reviendra. Lorsqu'il revient, on prépare le repas du soir, ce sera des fried patato. Je lui offre alors de la viande séchée (pour accompagner les pommes de terre).
................. Juste pour l'anecdote, pendant le repas, je ne verrai jamais la couleur de la viande sèchée !!


Au soir, chacun se trouve un coin sur le plancher de la maisonnette.
Sans en avoir l'air, je viens de terminer mon circuit des trois pass au Khumbu.
Ce n'est évidemment pas pour cela que j'en ai fini avec les montées, vu qu'après Thame, j'espère bien pouvoir poursuivre jusqu'à Kongde. L'année passée, on nous avait fortement déconseillé de monter car le chemin était tout à fait verglassé. Deux touristes, qui n'avient pas écouté les conseils, avaient dû être héliportés. Evidemment, on était aussi à la mi-novembre. J'ai donc des fortes chances de passer cette fois-ci.

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