jeudi 3 octobre 2019

De Dingboche à Chukhung

Hier soir, après ma discussion avec le patron, j'ai pas mal réfléchi sur la question du lieu de départ pour rejoindre Lobuche. Etant donné que le chemin partant de Dingboche a tendance à vouloir se cacher pour moi, j'ai décidé de démarrer à partir du sentier que j'ai vu à Chukhung.


Aujourd'hui, je retourne donc là-haut, en remontant la vallée de l'Imja Khola par le même sentier, mais cette fois, chargé de mon sac.

Le décor est évidemment toujours aussi beau.


Arrivé à Chukhung, je retourne directement au même lodge qu'hier, vu que celui-là est au plus près du départ. Une fois sur place, je dépose mon sac à dos dans la chambre pour aller ensuite, avec mon programme, dans la salle à manger où je m'installe à une table afin de réviser complètement l'itinéraire de demain. 
Avec un small pot black tea, la lecture peut commencer. 
Il est évident que cette première étape de la série des trois pass est une étape particulièrement, si pas, la plus difficile de  ce circuit. C'est bien pour cela que le passage du Kongma La est très peu fréquenté. Il est aussi impératif de rester autant que possible sur le chemin surtout pour l'ascension finale qui semble être une voie unique. Quant à la descente, elle se fera sur la face nord, donc forcément, paroi glissante avec de la neige. Il faudra vraiment faire attention. 
Le défi est important.

Comme la journée de demain s'annonce plus que compliquée, je préfère me reposer le reste de la journée au lodge.

Le 4 octobre

Cette étape s'annonce assez longue. En effet, les moyennes les plus optimistes parlent de plus de 10 heures de marche. Je décide donc de partir dès le lever du jour, étant donné que j’aimerais arriver à Lobuche avant le coucher du soleil. 
Comme je le disais hier, le sentier qui part, dans un premier temps, vers le Nuptse, glacier montant à l'Everest, se trouve directement après le lodge. Lorsque j’y suis, je trouve un chemin bien marqué par de nombreux cairns. C’est parti pour mon premier sommet de ma série de trois.


Au début, le sentier reste à flanc de montagne. Au fur et à mesure de mon avancée, le décor s’élargit et je peux voir la vallée de l'Imja Khola qui descend à Dingboche à gauche, et sur ma droite et sur ma gauche, le Nuptse ainsi que les deux Lhotse et en face l'Ama Dablam. Après seulement 45 minutes, j’arrive à l’embranchement avec le sentier venant directement de Dingboche. Comme quoi, il existe bel et bien celui-là !!!

Pour l'heure, il fait un peu frais mais très vite, le soleil vient me réchauffer, en même temps que d'autres montagnes se découvrent peu à peu.
L'anxiété que j'avais au départ a complètement disparu à tel point que j'en oublie presque les difficultés qui m'attendent.


J'arrive sur une portion herbeuse avec toujours le Lhotse en toile de fond .....


....... et aussi la vallée qui est là tout en bas.


J'ai beau avoir un objectif 12 mm sur mon appareil photo, je n'arrive même pas à avoir le quart de ce décor grandiose. Je suis obligé de faire deux photos afin de pouvoir tout montrer.
Il est d'ailleurs temps de dire au revoir à ce décor car il va bientôt se cacher.


Ce qui est à présent fait. Adieu vallée profonde et peut-être à une autre fois. 


Je m'en éloigne de plus en plus.



Le sentier reste marqué et pourtant, je vais faire une grosse erreur de jugement. Au lieu de continuer tout droit, je bifurque sur la gauche à cause d'un cairn (mal placé !).

J'aurais dû m'apercevoir plus tôt de mon erreur car le chemin avait tendance à disparaître pour faire place à des traces du passage de yaks. Hélas, j'ai continué ....
Au bout d'une bonne demi-heure, j'ai en vue un grand cirque qui est fermé par une imposante falaise. Je me demande par où je dois passer pour arriver au Khongma La. Je ne vois rien de bon. Je dépose alors mon sac pour monter sur un plateau afin d'essayer d'apercevoir au moins un sentier. Mais il n'y a toujours rien !
Bon, je sais au moins que par ici, je n'y arriverai pas et que je n'ai pas d'autres choix que de faire demi-tour. 


Cette erreur m'aura fait perdre une bonne heure mais en redescendant, je retrouve heureusement le bon chemin. Pour confirmer que cette fois je suis sur le bon sentier, j'aperçois un autre trekkeur solitaire, mais sûrement plus rusé ou pire, plus malin que moi !!!


En fait, et je le comprendrai plus tard, j'ai bifurqué tout simplement trop tôt.


Inutile de continuer à y penser, autant garder la tête froide pour continuer à avancer car le sommet est loin d'être en vue. C'est d'ailleurs comme cet autre trekkeur qui est devenu un simple petit point perdu dans ce cadre immense. Je ne le vois d'ailleurs plus.



Il est temps de trouver un deuxième souffle pour pouvoir franchir ce nouvel obstacle qui se présente à présent devant moi.
J'enclenche la plus petite vitesse et je monte pas à pas dans ce décor qui ne finit pas de grandir.


Moi seul ici, c'est tout simplement fabuleux, je n'en crois même pas mes yeux.
Cette aventure prend une tournure tellement grandiose que je ne me rends pas compte qu'il y a déjà 5 heures que j'ai quitté le lodge. Et toujours pas de sommet en vue !
Mais les premiers lacs d'altitude sont à présent là. C'est le signe que le sommet est proche.


Je ne vais de toute façon plus savoir monter bien haut puisque le plafond semble si bas !


.............. et pendant ce temps là, l'Ama Dablam reste impertubable.


A presque 5500 m, j'arrive enfin sur un grand plateau d'où je peux enfin apercevoir le sommet de Khongma La, situé à +/- 80 mètres au-dessus de ma tête.
Je peux faire exploser ma joie, je pense avoir réalisé une véritable prouesse.


Et voilà le sommet tant espéré.


Mais les derniers lacs restent à dévouvrir. Ce sera fait durant la dernière grimpette.




Le pass n'est plus qu'à une encablure.


Et Lobuche là-bas, de l'autre côté du Khumbu glacier. 


Il ne me reste que la descente. Hélas, elle est longue et compliquée dans les premiers cents mètres.



.......... Oui, c'était là-haut et j'ai dû descendre tout ça.


Dernière grimpette pour franchir la lèvre moranique du Khumbu glacier.
C'est le moment où un autre exercice commence ainsi qu'un autre spectacle.


Hélas, il est déjà presque 16h et il est un peu tard pour faire des photos. De plus, il faut que je me dépêche si je veux rejoindre l'autre côté avant la période entre chien et loup.
 

Dernière photo de cet obstacle que je dois encore passer. Il me faudra toute ma concentration pour ne pas finir les pieds dans l'eau.


J'arriverai au lodge de Lobuche complètement épuisé. La patronne du lodge m'invitera à aller m'assoir dans la cuisine où elle me donnera du thé sucré et une assiette de dal bhat pour reprendre mes esprits. Je lui dis qu'à 67 ans, il est peut-être temps d'arrêter de faire des journées aussi compliquées en Himalaya ! Elle me répond alors que parfois, elle voit arriver des gars bien plus jeunes qui sont encore plus mal en point que moi !!!
Demain, je continuerai sur Dzongla où m'attend mon deuxième pass, le Cho La. 
Ce pass est considéré comme étant le plus facile des trois.
Maintenant, je vais aller m'allonger dans ma chambre en attendant le repas du soir.
Amis des treks et des pass, bonsoir !

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