Pour ce début de journée, il n'y a pas de véritable chemin. Tout se passe dans la caillasse et ma progression se fait difficilement. Je suis pas peu satisfait d'avoir eu l'idée de planter ma tente avant d'effectuer ces différents passages. Surtout après ma longue journée d'hier.
Progressivement, la vallée commence à s'élargir.
Et au fil du temps qui passe, je rencontre de plus en plus souvent des troupeaux de yaks et même quelques chevaux.
Il y a tellement de bêtes en pâture que je ne suis même plus étonné d'avoir devant moi différents chemins pour continuer dans la vallée. Tant et si bien que je change souvent de sentier sous prétexte que c'est celui d'à côté qui est le plus praticable.
Au risque de me répéter, je dois bien reconnaître que la journée est une nouvelle fois intéressante et que jusqu'à présent, je ne regrette nullement avoir pris la décision d'entreprendre ce trek. Même si je comprends fort bien maintenant, que certaines personnes à Tia me déconseillaient fortement de le faire seul. Il est évident que ce n'est pas un circuit fait pour ceux qui font leurs premiers pas au Ladakh.
Je suis tellement occupé à contempler la beauté des montagnes bordant la vallée, que je remarque à peine un drapeau de prières flottant devant moi.
Puis tout à coup, je remarque qu'il y a aussi un doksa avec des enclos pour y mettre des bêtes. Le temps de faire une photo de l'endroit, je m'approche du site pour en faire une deuxième. Pas le temps de faire un autre déclenchement, que je remarque dans mon viseur des hommes qui sortent des maisons.
Par réflexe, je déclenche avant d'avancer pour aller les saluer.
Pour moi, c'est l'étonnement total, je ne m'attendais vraiment pas à rencontrer du monde ici.
Et pour tout dire, je pense que la surprise est réciproque car eux non plus ne pensaient pas voir débarquer ainsi un trekkeur solitaire.
Je suis une nouvelle fois accueilli comme seuls les gens simples peuvent le faire.
Me voyant faire des photos, un des bergers demande s'il peut faire une photo du groupe avec mon appareil. J'accepte bien évidemment, cela me fera un souvenir supplémentaire.
Après cette photo, je serai convié à boire le thé. C'est comme cela que j'apprendrai que tout ce beau monde fait partie d'une seule et même famille. Ils travaillent ensemble pour qu'en fin de saison, tout le monde se partage les bénéfices des ventes des dérivés du lait de dimos. Esprit communautaire made in Ladakh. Je profite de ce tea team pour leur demander s'il n'y a pas d'inconvénient à rester au camp jusque demain matin, car j'aimerais photographier le retour des troupeaux ainsi que la traite des drimos. C'est avec les yeux remplis de bonheur que Stanzin me répond que tout le monde ici sera heureux que je reste cette nuit et qu'une place me sera donnée pour dormir. Formidable et je le remercie.
Tout comme chez les transhumants du Yaye Tso, l'organisation du travail est la même. Durant la journée, tout le monde vaque à ses occupations en attendant d'aller chercher les différents troupeaux de yaks et dimos dispersés dans la vallée. Cela se fait un peu avant que le soleil ne se couche, pour avoir encore le temps de traire les bêtes avant qu'il ne fasse totalement noir. Ici par contre, il n'y a pas de chèvres car dans la région, rodent des lynx et des léopards des neiges. Il n'est donc pas possible de garder autre chose que des bêtes de grande taille.
De mon côté, j''occupe le temps à faire des photos de chacun.
C'est sympa et cela tisse des liens.
La particularité de ce camp, c'est qu'il n'y a pas de femme, même si deux jeunes enfants sont présents. Je demande pourquoi ? On me répond que les femmes ne viennent jamais ici, qu'ils ont assez de travail à la maison et que les enfants sont là pour apprendre le métier. Je demande s'ils ne vont pas à l'école ? Le papa me dit qu'ils font les deux. En effet, j'aurai l'occasion de remarquer que le plus grand sait lire et écrire. Quant au petit, il n'a pas encore l'âge d'aller à l'école, mais il n'est jamais trop tôt pour apprendre le métier de berger.
Le camp avec ses quatre maisons.
Les troupeaux vont bientôt rentrer. Tsering profite des derniers moments de répit pour aller chercher des buissons morts qui lui serviront à allumer son feu avant d'y mettre les bouses de yak séchées.
Le soleil commence à descendre, il est grand temps pour moi d'aller à la rencontre des bêtes si je veux avoir le temps de trouver une bonne place pour photographier leur retour.
Dès leur retour, les bêtes seront dirigées dans les différents enclos où les jeunes yaks attendent leurs mères.
La traite peut commencer.
Lorsque le travail est terminé, chacun se calfeutre chez lui et prépare son repas.
La nuit se passe, non pas dans une maison, mais sur une terrasse ou derrière le muret de la maison. Ce sera aussi le cas pour moi.
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