samedi 2 novembre 2019

De Kinja à Deurali

C'est probablement ma dernière journée de marche sur ce trek. Si je me souviens bien, nous avions fait l'année passée, Shivalaya - Kinja d'une traite. Je suppose que je ferai de même cette année. Comme à Shivalaya, il y a déjà un départ de bus pour Katmandou, il ne sera donc pas nécessaire d'aller jusqu'à Jiri.



Me voilà en route pour monter là-haut, même si d'ici, on ne voit pas encore Deurali, le village étant un peu plus sur la droite.

La première partie n'est pas très folichonne car dans la vallée, il y a toujours autant de travaux .....et pas des moindres !!!! C'est évident que cette région va complètement changer dans les prochaines années et il est plus que probable que dans l'avenir, les trekkeurs prendront l'avion pour aller directement à Lukla. Vous allez me dire que c'est déjà presque le cas aujourd'hui ! Oui mais c'est sûr que cela va se multiplier.






Le plus triste, c'est pour la population qui est obligée de vivre constamment avec les nombreux inconvénients des travaux.

Avant de partir de Kinja, on m'avait prévenu de faire attention car sur la droite de la route, un chemin monte directement sur Deurali.
Hélas, je ne l'ai jamais trouvé. Lorsque je me suis renseigné pour savoir où il était, on m'a répondu qu'il n'était plus bon et qu'il vallait mieux suivre la route !
Seulement voilà, même par là, il n'y a pas moyen de faire autrement que de la suivre .... et c'est forcément beaucoup plus long et loin d'être gai.




Après une heure de grimpette, un 4x4 s'arrête à ma hauteur et le chauffeur m'invite à monter dans le véhicule puisqu'il se rend lui aussi à Deurali et même à Shivalaya. Je le remercie mais je préfère continuer à pied. Il insiste en me disant que le chemin est très long et qu'il me faudra encore quatre heures pour arriver là-haut !!



C'est comme cela que sur le coup de dix heures et demie, je me suis retrouvé à Deurali.
Je lui demande de me laisser ici, car je continuerai en marchant vers Shivalaya.



Je suis avec mon sac sur la route et je ne me reconnais absolument pas. Si bien que je me demande vraiment où je suis !!
Un peu en contre-bas de la route se trouve une maison. Je me dis que je vais descendre jusque là pour me renseigner et trouver l'ancien chemin menant à Jiri.



Lorsque j'arrive à cette maison, j'en remarque d'autres sur la gauche.




Cette fois, je reconnais les lieux, je suis bien à Deurali. Mais aujourd'hui, c'est devenu une ville fantome, alors que l'année passée, il y avait des trekkeurs partout.
C'est complètement fou !!





Je me dirige alors vers le seul hôtel qui est resté ouvert.


Je m'installe à la terrasse et commande un dal bhat et un small pot black tea.
Le repas est impeccable et je demande, par la même occasion, le prix des chambres ? C'est deux cent Rs. A tout hasard, je demande pour en voir une. Mais avant de monter, on me demande d'enlever mes chaussures et de mettre des pantoufles qui sont à disposition des clients ! Je m'exécute volontiers et nous montons à l'étage. La chambre est impeccable et je décide de rester une nuit ici.
Evidemment, j'entame la conversation avec la patronne et lui demande depuis combien de temps cet endroit est déserté par les touristes ? La réponse coule de source, c'est depuis que la route a été construite ! Mais elle ajoute : "Je suis la seule à être restée et j'ai donc encore quelques clients, touristes comme vous, qui arrivent. Je ne peux donc pas trop me plaindre."

Il n'est que onze heures et je me dis que j'irais bien faire un tour sur les hauteurs de Deurali afin de voir comment le reste du village a survécu !



Et apparemment, la désolation est totale puisque même la fromagerie est abandonnée.




Une nouvelle fois, je me pose la question : à qui profitera cette route ?!!!
Lorsqu'on connait le degré de corruption qu'il y a au Népal, on peut déjà avoir un début de réponse !!!







Lorsque je retourne à l'hôtel, un couple d'américains accompagné de leur guide et d'un porteur sont attablés et attendent leurs repas. 
Nous discutons de nos voyages respectifs. Ils me disent que eux vont au monastère de Chiwang pour assister  les 12, 13 et 14 novembre au festival Mani Rimdu tout en précisant que ce festival est la fête religieuse la plus importante pour les sherpas et que le même festival a simultanément lieu à Tengboche et Thame.
Moi qui ai assisté à plus d'une dizaine de festivals au Ladakh et au Zanskar, mais jamais au Népal, je suis forcément très intéressé par ce que j'entends. Mais voilà, pour rejoindre Chiwang depuis Deurali, il me faut,  soit retourner par le Pike Peak avant de rejoindre Salleri, soit retourner par Jumbesi et Ringmu. L'un ou l'autre me font refaire au moins quatre journées de marche et cela, dans le meilleur des cas !!!
Je demande aux américains par où vont-ils passer ? Par le Pike Peak !! Ha moi j'y étais en début de trek mais là-haut, je n'ai rien vu. L'américain me répond, qu'ils l'ont déjà fait trois fois et qu'à chaque passage, le brouillard était présent. Ils espèrent que cette fois, il n'en sera rien. Sur ce, le groupe des quatre me salue en me disant rendez-vous peut être à Chiwang !!
Me voilà avec plein de questions dans ma tête et la plus grosse est de savoir si je suis encore capable de faire demi-tour ?!
Etant donné que dans l'hôtel, il y a internet, je téléphone à Pascale pour annoncer la nouvelle et avoir du même coup un avis plus neutre. Pascale est catégorique : "tu dois y aller et peu importe la fatigue, car quand la tête le veut vraiment, le corps suit forcément."
J'en parle aussi à la patronne pour savoir quel est le meilleur chemin pour rejoindre Chiwang ? "Ne va pas te compliquer la vie en allant par le Pike Peak, retourne plutôt par Ringmo."
Mon frère qui a eu vent de ma problématique, me conseille aussi d'y aller, puisque j'ai encore le temps !
J'ai la nuit pour prendre ma décision


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