samedi 21 juillet 2012

Monologue d'un trekkeur solitaire

L'heure du départ a sonné, l'aventure va pouvoir commencer.
Mon sac ultra léger sur le dos (+/- 14 kg), je quitte la guesthouse à l'aube en traversant une ville encore endormie. Il n'y a guère que quelques chiens qui déambulent comme moi dans la rue principale. Malgré l'ambiance morose des petites heures, je ressens au fond de moi l'allégresse d'un grand départ.
Pour moi, c'est la réalisation d'un rêve. Je vais enfin rejoindre le Zanskar, non pas par la piste assis confortablement dans une jeep 4x4 comme je l'ai déjà fait par deux fois, mais bien par mes propres moyens en empruntant les sentiers escarpés des muletiers.

Je laisse derrière moi les quelques affaires dont je n'aurai pas besoin durant mes deux mois de trek. J'ai été obligé de faire un tri draconien afin d'avoir un sac à dos le plus léger possible. Cela n'a pas été une simple affaire, car pour ce long trek, j'ai forcément besoin d'avoir de la nourriture, une pharmacie, quelques vêtements, mon programme, mon appareil photo ........ et aussi une tente. Grande première pour moi, c'est fini de dormir à la belle étoile à plus de 4000 m. Je suis probablement arrivé à un âge où j'ai besoin d'un minimum de confort !

Un bon quart d'heure de marche et j'arrive au polo ground. Le bus est là et le chauffeur charge déjà les premiers colis sur la galerie. Vu que je ne vais que jusqu'à Lamayuru, je demande si je peux garder mon sac auprès de moi. Le chauffeur préfère le mettre alors dans l'un des coffres du bus. Je ne peux refuser, mais par expérience je sais que c'est là que mon sac sera le plus exposé à la poussière de la route. Je sors de quoi le protéger au maximum, aussi non, je risque de ne plus le reconnaître à l'arrivée. 


En quittant Leh, je laisse derrière moi le confort de la ville. Fini les restaurants et les menus de choix. A partir de maintenant je serai, sauf à de rare exception, seul dans une nature brute, originelle et aride. Je sais qu'il me faudra du caractère pour arriver au bout de cette aventure solitaire mais la volonté d'arriver à Darsha est bien présente.

Le bus roule en direction de Lamayuru en longeant la rivière de l'Indus. Dès que l'on quitte la ville le paysage change radicalement. Désert essentiellement minéral, l'herbe y est rare et la forêt inexistante. Seul subsistent quelques taches de verdure aux abords des villages. 

On est parti pour 125 km que l'on effectuera probablement dans un temps record de 4h30 avec un arrêt repas. 





J'ai beau avoir fait la route à plusieurs reprises, je reste encore et toujours émerveillé par ce décor que seul l'Himalaya peut m'offrir.
Himalaya signifie "maison des neiges" ( hima "neige" alaya "maison"). 


Le bus s'arrête enfin  à Lamayuru. Dans un premier temps, je vais me trouver une guesthouse dans le village. Après m'être installé, j'irai au monastère pour voir si les moines sont présents pour la puja du soir. Ce n'est pas certain car le festival a eu lieu les 16 et 17 juin et généralement les moines rentrent chez eux après l'évènement. Si c'est le cas, ce serait vraiment dommage car la puja du monastère m'a déjà laissé dans le passé de beaux souvenirs. 

Ce n'est toutefois pas pour la puja du monastère que je suis venu cette fois à Lamayuru. Mon but premier est de faire un tour dans le cirque désertique de "Moonland", site d'un ancien lac qui a occupé la vallée pendant plus de 30.000 ans. Ensuite je continuerai plus haut dans la montagne afin d'avoir une vue exceptionnelle sur ce grand cirque désertique et espérer par la même occasion de voir quelques fossiles marins.  Le paysage de «moonland», terme touristique pour qualifier les dépôts lacustres à l’esthétique étonnante, ne cesse de fasciner les voyageurs qui transitent par le Ladakh.
                       
Dessin de Jean Mazas

http://jeanmazas.blogspot.com/ 

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