mercredi 28 septembre 2011

La vallée de la Noubra

Juste avant de partir dans la vallée de la Noubra


Il y a deux jours, je fais ma demande pour avoir mon permis pour pouvoir aller dans la vallée de la Noubra. Il faut savoir que ce permis n'est valable que sept jours et que si vous voulez visiter convenablement la vallée, vous avez bien besoin de vos sept jours.
Ceci dit, je fais donc ma demande et je précise que je voudrais y aller à partir du 29 septembre. Tout est stipulé sur un papier, il ne devrait pas y avoir de problème. Mais, nous sommes en Inde !!
Lorsque je vais chercher mon permis, on me dit qu'il est prêt depuis hier car aujourd'hui les bureaux sont fermés pour cause de jour férié. Bon pas trop d'importance, mais lorsque je regarde mon permis de plus près, je constate qu'il est valable du 28 au 4 octobre. Je perds déjà un jour. Pas de quoi en faire un drame car je pense qu'il est possible de le prolonger de quelques jours à Diskit. A voir sur place
Mon permis dans la poche, je vais directement réserver une place dans le bus. Là aussi, il faut savoir qu'il n'y a qu'un bus tous les deux jours, les mardis, jeudis et samedis. Lorsque j'arrive à la station, on me dit qu'il n'y a pas de bus avant samedi. Pourquoi ? Pas de réponse. Cela commence à faire beaucoup !
Je ne me démonte cependant pas, car cela ne servirait à rien, nous sommes en Inde !!!
Je rentre à la guesthouse afin de chercher une solution. Jean-Louis m'avait parlé de la possibilité de trouver des taxis collectifs sur la route, plus ou moins à un kilomètre après l'embranchement qui se trouve à la sortie de la ville.
Ok, à défaut de bus, je prendrai un taxi collectif afin de ne pas rester en rade jusque samedi à Leh.

3 octobre



La vallée de la Noubra est le point le plus au nord de l'Inde. Longtemps restée fermée aux étrangers, c'est en 1994 seulement qu'elle fut ouverte à tous, à la condition toutefois de disposer d'un permis. Permis qui aujourd'hui, est plus facile à obtenir qu'il y a quelques années, une simple demande auprès d'une agence de trek et le tour est joué.
La vallée de la Noubra fut dans le passé, un centre important pour les caravanes qui rejoignaient Yarkand, au sud de la route de la soie. Dans la zone de dunes après Diskit circulent encore quelques chameaux de Bactriane, victimes de la fermeture des frontières suite à l'invasion chinoise du Tibet en 1950.
Après ce fut avec le Pakistan que l'Inde entra en conflit et cela dura jusqu'en 2004. Dans ces conditions, ne vous étonnez pas qu'il n'a pas toujours été très simple de visiter cette région. Après une autre tentative infructueuse, je vais aujourd'hui enfin pouvoir voir cette vallée de la Noubra.
Comme prévu, je vais chercher un taxi collectif qui va jusqu'à Diskit. Il est 6 heures du matin et je traverse les rues désertes de Leh. A 6 heures 30, j'arrive sur une petite place où sont déjà quelques taxis en attente de clients. Je demande celui qui va à Diskit, il y en a un et heureusement pour moi, il n'est pas encore complet. Je charge mon sac sur la galerie du 4x4 et nous attendons une dernière personne pour remplir le véhicule. Elle ne tardera pas à arriver et à 6 heures 45, le véhicule se met en branle.




Dès les premiers kilomètres, la route s'élève dans un paysage désertique propre à tout le Ladakh. Elle va monter jusqu'au sommet du Khardong La qui culmine à 5202 mètres. Après, c'est déjà la longue descente jusque dans la vallée de la Noubra.



 Après 5 heures de route, nous arrivons aux panneaux de la seule bifurcation de la région où il est écrit Diskit 15 km, Hunder 24 km et Sumur 15 km. 



Nous prenons la route de gauche, celle qui va à Diskit et Turtuk, le dernier village où les étrangers sont autorisés. Après, c'est déjà la frontière pakistanaise et la zone y est formellement interdite.
Comme prévu, notre terminus est Diskit où nous arrivons un peu avant 11 heures. Une fois sur place, je m'informe a quelle heure est le bus en partance pour le village de Turtuk. Il est prévu à 15 heures. Cela me laisse largement le temps de commencer ma balade et d'aller même jusqu'à Hunder pour traverser la zone désertique et aller voir les dunes de sable de l'Himalaya.

L'Himalaya m'a fait vivre au fil des années, de nombreux décors, tous aussi étonnants les uns que les autres, mais ces dunes de sable, sont assurément un des moments le plus surréaliste auquel j'ai assisté dans cette région du monde. "Qu'est ce que c'est beau" est sûrement la phrase qui me reviendra le plus pendant ces heures de marche.

Après mes risques de noyade au Zanskar, me voilà à présent en train de marcher dans un désert. Pour comble, on m'avait promis de voir des chameaux et au fil des kilomètres mais je suis obligé de faire le constat de ne même pas en voir un en mirage. Le seul que j'ai vu, c'est un jeune qui était dans un enclos. 

Je dépasse ce désert et me voilà dans le village de Hunder. Et le suivant qui est Partacpur. 



Là, je jette l'éponge et décide de rejoindre la route afin d'attendre tranquillement le bus qui ne devrait pas trop tarder à arriver.

Voilà comment je me suis 
retrouvé à quelques km du Pakistan. Inutile de dire que je suis particulièrement heureux de me retrouver là, puisque le Pakistan est justement une des régions, avec l’Afghanistan et le Yémen où je voudrais encore aller user mes bottines. Mais comme il y a des problèmes politiques dans ces trois régions du monde, je me contente donc aujourd'hui d'être au plus près du Pakistan afin de retrouver des villages et des montagnes qui ne doivent pas être différents de ceux qui sont de l'autre côté de la frontière. Ce n'est évidemment pas une frontière qui fait changer un décor.

Maintenant, je dois me trouver une guesthouse. Pour cela, il me faut monter sur un plateau qui se trouve bien au dessus de la route. Je passe un pont et je commence à monter vers le village de Turtuk, entouré d'une grande superficie de champs et de nombreux arbres qui, en cette saison, ont les couleurs d'automne.
La guesthouse que je trouve, c'est la Maha guesthouse. Les prix sont plutôt élevés, mais comme c'est la fin de saison, il y a moyen de les faire baisser fortement et arriver à un prix très raisonnable.




Pour aujourd'hui, la journée est terminée pour moi, je trouve que je me suis assez fatigué dans le désert de cette vallée. Je m'installe donc dans ma chambre et je me repose jusqu'à l'heure du repas. Après celui-ci, je retournerai me coucher jusqu'au lendemain.

Aujourd'hui, 30 septembre, j'ai prévu de faire différentes balades, une dans les champs qui entourent le village, une autre dans les deux parties du village de Turtuk (le bas et le haut) et aussi les villages environnants. Mais là, je devrai voir si c'est possible car je suis à la limite de la zone autorisée. Je compte aussi aller jusqu'au petit gonpa qui se trouve plus loin. Voilà ce que je voudrais faire de ma journée.
Ici le travail dans les champs n'est pas encore fini. Ce sera l'occasion de rencontrer les villageois et de faire quelques photos. Bien que pour cette exercice, ce ne sera peut être pas aussi facile que je le pense, vu que je suis en terre musulmane et que le travail dans les champs est surtout une affaire de femmes. Mais bon, je verrai bien les réactions !

Je me mets en route et je commence par redescendre vers le pont pour continuer tout droit vers l'autre partie du village de Turtuk. 


Là, je rencontre un rémouleur qui est occupé à rectifier une paire de ciseaux. Je le regarde travailler et lorsqu'il a fini, il remet l'outil en question à son propriétaire. Celui-ci, pour voir si le travail est bien fait, fait mine de couper sa barbe. Hé oui, je ne suis pas au Pakistan, mais les barbus sont aussi de ce côté-ci de la frontière. Mais cela me prouve, que même ici, on a un certain sens de l'humour et pour immortaliser la scène, le barbu me demande de faire une photo dans un grand éclat de rire !



La journée a bien commencé et je continue ma balade.
La partie du village où je me trouve est nettement plus ombragée et sans champs, que la partie où se trouve ma guesthouse. Ici, les chemins se tortillent entre les maisons et ruisseaux. 
               

Lorsque j'ai fini d'explorer tous les coins et recoins, je retourne vers un autre petit pont pour me diriger cette fois vers l'autre partie du village.



Là, je vais directement dans les champs car la lumière est parfaite pour y faire mes photos.
Durant ma balade, j’essaie d'être le plus discret possible, mais je dois bien me rendre à l’évidence, que c'est une cause perdue et que je suis très vite repéré.




Après ma séance photo, je me dirige comme prévu vers le monastère qui est perché un peu plus loin. Arrivé sur place, j'ai la chance de constater que le monastère est ouvert car il y a quelqu'un qui y prie à l'intérieur.
Hélas, l'endroit n'est visiblement pas très intéressant et il ne me faut pas plus de quelques minutes pour en faire le tour. Heureusement que là-haut, la vue sur le plateau est très belle.


La visite étant terminée, je redescends vers la guesthouse par un autre chemin.
Ce fut une bonne idée car me voilà invité à une fête d'école. Le moment est sympa car les enfants, comme dans toutes les fêtes d'école, dansent sur des airs qui doivent sûrement être très populaires, mais nettement moins pour moi !!! Je reçois du thé, des biscuits et je suis même convié à participer aux danses. Me voilà ravi !!!







Le soleil commence à se coucher et je profite pour m'éclipser poliment.
De retour à la guesthouse, je prépare la suite du mon séjour dans la vallée.



Je demande au responsable de la guesthouse à quelle heure, je peux espérer avoir un bus pour retourner à Diskit. Ce sera demain matin aux alentours de 6 heures 30. Mais je dois bien faire attention car le bus est vite plein et il me faudra sûrement pousser pour avoir une place assise. Me voilà donc prévenu.

Inutile de dire que dès l'aube, je suis debout et je ne tarde pas à rejoindre l'arrêt où le bus est supposé s'arrêter. Je pense tenir le bon bout, car je suis effectivement le premier sur place, mais quand le bus arrive, je me demande bien comment tout ce monde va pouvoir faire le voyage !!! Visiblement, personne n'est resté sur le carreau. Moi j'ai une place assise et le bus est comme le métro de Bruxelles à l'heure de pointe. Ceux qui n'ont pas pu monter, se sont hissés sur le toit. Nous voilà en route pour plus de trois heures de voyage hors classe.

Arrivé à Diskit, je décide de repartir jusqu'au monastère. C'est un tout grand gonpa qui est comme souvent dans la région, accroché à flanc d'une montagne.
        





Après la visite, je me dirige directement vers la partie droite de la vallée, celle qui est totalement bouddhiste.
Je commence la balade avec la ferme intention de me faire prendre en stop. Hélas, je dois vite déchanté car la chose n'est pas aussi évidente que je ne l'aurait imaginé et je suis forcé à marcher de long kilomètres. 





Un peu avant le pont qui permet d'aller dans l'autre vallée et après au moins 18 kilomètres de marche, un véhicule s'arrête enfin. Il va à Sumur, village où je comptais passer la nuit. Cela tombe bien et je suis ravi de l’aubaine.
Cela va très vite et en moins d'une heure, avec l'arrêt pour vérifier mon permis, je suis dans le village de Sumur.
Etant donné que le soleil n'est pas encore couché, je profite pour aller visiter le gonpa qui est à une petite heure de marche d'où je suis.





Arrivé sur place, je visite les différentes salles et je me fais offrir un thé avant de repartir afin de trouver un guesthouse.




Un moine me conseille de repartir dans l'autre sens, que se sera plus facile pour trouver de quoi dormir. Je suis un peu étonné car dans le sens d'où je suis venu, il y avait pas mal de guesthouse. Mais je me remets en route dans la direction qu'il m'a conseillé. Je ne gagnerai rien de plus sauf la chance de marcher une demi heure de plus. Comme si je n'en avais déjà pas fait assez comme ça.
J'arrive très « fatigué » à la guesthouse que j'avais repéré avant d'aller au monastère.
J'ai l'air de me plaindre, mais je suis forcé de reconnaitre que cette partie-ci de la vallée est aussi belle que du côté de Diskit et de Turtuk. Alors pourquoi bouder mon plaisir de marcher dans un environnement aussi fantastique que celui-ci.
Après une nuit de repos, me voilà de nouveau en route pour rejoindre Panamik et pourquoi pas aller aujourd'hui encore jusqu'au village de Hargam.



 Ce sera difficile car on m'a dit qu'aujourd'hui dimanche, il n'y a pas de bus et comme les gens d'ici, ne sont pas tellement chauds pour s'arrêter et prendre quelqu'un dans leur voiture, la journée risque d'être à nouveau compliquée pour mes pieds qui commencent sérieusement à fatiguer.
J'arrive, après des heures de marche, dans le faubourg de Panamik et je me demande si je vais continuer. J'entends un bruit de moteur, je me retourne, c'est un bus. Je n'arrive pas à le croire, je fais signe et il s'arrête à ma hauteur.



Je suis soulagé, je lui demande où il va. Il me répond : Sasoma. Parfait, je ne vais pas si loin et je descendrai comme prévu à Hargam où il y a un pont pour aller soit à Murgi, Kuri et Charasa ou aller vers la droite dans des villages qui ne sont même pas mentionnés sur ma carte.
Arrivé à Hargam, je repasse pour un contrôle de permis et je continue vers le pont. De l'autre côté de la rivière, je décide de ne pas aller à Charasa, qui est un peu trop loin pour ma forme du moment et je vais plutôt dans les autres petits villages.


  


La balade est très belle, je marche dans cette direction pendant encore deux heures et puis je décide que ce sera assez pour cette fois et je fais demi tour pour retourner à Hargam.





De retour au carrefour, je mange un petit dal et repars dans la direction de Panamik. Heureusement pour moi, le bus de ce matin qui était parti de Diskit, m'a rapidement rattrapé avant de retourner à son lieu de départ.
Je n'ai pas laissé passer la chance et je suis rentré avec lui à Diskit.
C'était la fin de mes péripéties dans la vallée de la Noubra. Demain, je rentrerai à Leh car l'échéance de mon permis est proche et je ne veux pas de soucis avec les militaires. Donc je rentre et de toutes façons, je pense que j'ai fait le tour de cette vallée.




Leh est en vue

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