mardi 20 juin 2017

Du plat pays vers l’Himalaya

Atmosphère de grand départ sur le parking de l’aéroport de Bruxelles National où un taxi vient de nous déposer. Pascale a voulu m’accompagner jusqu’à la dernière minute.

Après l'enregistrement des bagages, Pascale m'accompagne jusqu’au contrôle douanier, mais elle ne peut évidemment pas aller plus loin, c’est donc ici que nous allons nous séparer pour ces trois prochains mois. 
La douane est passée, je me retourne pour lui faire un dernier signe de la main en guise d’au revoir. C’est évidemment à ce moment précis où les émotions sont les plus fortes. Même si nous nous sommes tout dit, j’ai pourtant encore envie de lui répéter une dernière fois que je ne prendrai aucun risque afin de revenir entier avec la tête remplie de beaux souvenirs. Mais nous sommes déjà trop loin l’un de l’autre pour que le son de ma voix soit encore audible, je pose alors simplement deux doigts sur mes lèvres et lui envoie un dernier petite bisou. Salut ma chérie et merci de me laisser une nouvelle fois partir afin de pouvoir vivre ma passion Himalayenne. Cette fois le moment est vraiment venu de se retourner et de partir.

Frankfurt Airport

Départ pour le pays de Bouddha

Aéroport international Indira Gandhi. Il est presque minuit. J’ai réceptionné mon bagage de soute et j’attends maintenant dans le terminal Arrival International, devant les comptoirs de l’Immigration pour faire taponner mon visa me donnant le droit de rester trois mois en Inde. Tout va très vite et en à peine une heure, je suis dans le hall des Domestic Departur où je dois faire réenregistrer mon bagage avant de repasser les portiques des contrôles de sécurité. Tout cela fait, il me faut maintenant attendre patiemment aux abords de la porte d’embarcation. Cinq heures trente du mat, je prends enfin place dans l’avion qui me conduira à Leh. Quinze minutes plus tard, le commandant de bord attend les autorisations de décollage, les moteurs grondent, la carlingue vibre de toutes parts, le décor défile à grande vitesse et les roues quittent la piste de béton. C’est parti.
L’avion n’est pas encore bien haut, pourtant il est impossible de voir quelque chose de la ville située  juste en-dessous de nous, tellement le nuage de pollution qui s’en dégage est important. L’avion opère brusquement un grand virage, l’aile droite est en plein ciel et la gauche pointe vers le sol. Lorsqu’il se redresse, c’est pour prendre de l’altitude afin de pouvoir franchir les contreforts de l’Himalaya. C’est le bon moment de regarder les premiers rayons du soleil qui pointent à l’horizon. Je n’assiste peut-être pas au plus beau lever de soleil, mais cela fait quand même plaisir de voir l’astre solaire parvenant encore à briller avec l’énorme chape de pollution que j’ai vue au décollage.
Les contreforts sont à peine franchis, que l’horizon s’élargit un peu plus, sous un ciel éperdument bleu. Les réacteurs sont poussés au maximum pour que le pilote élève encore un peu plus son oiseau de fer au-dessus des cimes. Au plus l’engin prend de l’altitude, au plus les kilomètres carrés de la chaîne himalayenne s’étirent pour ne faire qu’un océan de sommets. Cà et là, je vois un mélange de blancs accrochés aux sommets des montagnes.  A bien y regarder, c’est un mélange de nuages et de neiges éternelles. Malgré la vitesse de l’avion, les montagnes sont si grandes que j’ai la nette impression que l’avion n’avance quasiment pas. Le spectacle est grandiose, c’est ça l’Himalaya.

Après le blanc des nuages et des neiges éternelles, c’est maintenant le blanc des glaciers qui exerce son pouvoir d’attraction. Derrière mon hublot, je pense même reconnaître le Darung Drung glacier qui se trouve sur la route du Zanskar entre Kargil et Padum. Vu d’en haut, il ne fait qu’une masse de glaces prodigieuses ressemblant à une énorme langue se déroulant jusque dans la vallée et s’arrêtant tout net au bord de la Pentse Chu.
Le nez collé au hublot, je ne quitte plus le spectacle des yeux, j’ai bien trop peur de rater le moindre détail de cet univers formé que de roches et de glaces. Dehors, il doit faire tellement froid que du givre recouvre à présent une bonne partie extérieure de mon hublot, tandis que sur la partie intérieure, c’est de la buée qui s’y est déposée par réaction avec la chaleur de ma respiration.
Presque une heure de vol et l’avion commence sa descente. Les contreforts nord sont presque en vue, il ne lui reste plus qu’à éviter le Stok Kangri (6121 m), dernière barrière de sommets avant de voir le sillon de l’Indus. Neiges et étendues de glace s’amenuisent et font place aux cailloux et aux moraines. L’unité de couleur s’est faite, c’est le granit gris qui domine à présent le décor et cela jusque dans l’Indus River.
Leh est tout proche. Il s’agit pour le commandant de bord de faire un virage très serré tout en perdant quelques centaines de pieds en une poignée de secondes, pour se présenter juste en face de la modeste piste en béton de l’aéroport militaire que jouxte immédiatement le monastère perché de Spituk. L’aile droite de l’avion frôle une dernière colline, la piste d’atterrissage est là, droit devant. Dès que le contact entre les roues et la piste se fait, le pilote fait hurler une dernière fois les moteurs afin que l’avion s’arrête au plus pressé car la piste n’est pas très longue.
L’oiseau de fer s’immobilise une première fois avant de rouler à nouveau vers le petit terminal de l’aéroport Kushok Bakula Rinpoche. L’avion est parqué, les moteurs s’arrêtent, je récupère mon bagage à main et je sors de la carlingue. A peine les deux pieds sur le bitume, je suis ébloui par la lumière intense qui règne dans ce désert de pierre. J’ai quitté Bruxelles depuis plus de vingt heures, je peux enfin dire julley Leh. J’attendais ce moment depuis trente-deux mois.

2 commentaires:

  1. Beau récit ! On s'y croirait ! Tu devrais raconter chacun des 90 jours de ton séjour, ça nous ferait 90 jours de vacances lointaines sans quitter notre fauteuil ! J.L.

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  2. Cela arrive, mais il faudra un peu de temps pour écrire mes 90 jours de bourlingage.

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