samedi 2 juin 2012

L'Histoire du Ladakh


La vallée de l’Indus se situe au coeur des montagnes avec les chaînes du Ladakh et du Karakorum au nord et les chaînes du Zanskar et du Haut-Himalaya au Sud. Cette situation géographique atténue fortement les perturbations liées à la mousson et aux courants d’ouest de type méditerranéens. De plus l’altitude générale élevée, entre 3000 et 4500 mètres pour les régions habitées, maintient des températures relativement basses toute l’année. Les amplitudes thermiques annuelles et journalières sont grandes. C’est pourquoi le climat du Ladakh est qualifié de climat aride ou semi-aride,continental, subtropical de haute montagne. 

Le terme Ladakh, « la-dwags » en langue vernaculaire qui signifie « entre les cols », définit bien le caractère enclavé de cette contrée.
Six différentes régions sont à dénombrer. La première se situe au nord avec les grandes vallées confluentes de la Nubra et de la Shyog, tous deux affluents de l’Indus. La deuxième au nord-est, l’Aksaï-Chin est un haut plateau désertique occupé par la Chine depuis 1950.Le Chang Thang au Nord et le Rupshu au Sud de l’Indus forment la troisième région localisée à l’Est qui est un haut plateau désertique. La quatrième au sud-ouest, le Zanskar est une région isolée par un relief marqué qui rend son accès long et difficile. La cinquième, le Purig, située à l’Ouest, est une région à majorité musulmane. Pour terminer, le Ladakh central est situé dans la vallée de l’Indus, ce fleuve qui sépare les régions du nord-est (Nubra, Shyog, Aksaï-Chin, Chang Thang) et du sud-ouest (Rupshu, Zanskar, Purig). 

Jusqu'au début du XXe siècle, l’économie de la vallée de l’Indus dépendait d’une part de l’agriculture vivrière et d’autre part des relations commerciales induites par le passage des caravanes de la route de la Soie. À la fin des années trente, l’axe nord-sud est coupé à cause de trouble dans le Xinjiang chinois. Une vingtaine d’année plus tard la fermeture complète des frontières chinoises met fin aux relations commerciales et culturelles avec le Tibet. De plus la partie musulmane de la vallée de l’Indus, le Baltistan est rattaché au Pakistan à la fin des années quarante. La vallée de l’Indus devient quasiment autarcique et souffre plus que jamais de cet enclavement commercial et culturel.

Depuis 1947, le Ladakh appartient à l’état indien du Jammu et Cachemire.
Les troubles politiques subis par cette province découlent de disputes concernant les frontières tracées à l’est entre l’Inde et le Pakistan et à l’ouest entre l’Inde et la Chine. Le premier désaccord porte sur le rattachement du Cachemire à l’Inde malgré les revendications pakistanaises sur ce territoire à majorité musulmane. Tandis que le deuxième provient de l’occupation d’une région indienne par les Chinois dans le but d’y construire une route stratégiquement importante.

Les menaces de la Chine et du Pakistan imposent un déploiement des forces de l’armée indienne sur l’ensemble du territoire ladakhi. Cette présence a grandement contribué au développement et à l’entretien des infrastructures de transport, qui serviront par la suite la croissance touristique. L’aéroport militaire a été en partie converti en aéroport civil pour permettre des vols domestiques à partir de 1979. 
Différentes conférences internationales (Simla en 1923, 1924 et 1972, Tachkent en 1965) ont tenté de fixer les frontières.

Le début de la guerre sino-indienne en 1962 apporte véritablement les prémices du passage d’une économie basée sur le troc à une économie monétaire. L’arrivée de 40'000 militaires pour une population de moins de 70'000 personnes implique une énorme rentrée de devises dépensées et de nouveaux emplois dans l’administration, la construction des routes et dans les commerces. L’arrivée de biens manufacturés et industriels constitue une révolution dans cette contrée où tout était jusqu’alors fabriqué de manière artisanale ou troqué. Ce changement fut d’ailleurs mieux supporté par les habitants de la ville de Leh, plus habitués au commerce que par les habitants des villages reculés, attirés en ville par la possibilité d’un avenir meilleur.

C'est aussi le début de grands changements dans le mode de vie. Avec l'apparition d'une administration forte, les lois votées par les gouvernements du Cachemir et de Delhi sont appliquées progressivement. Par exemple, la tradition polyandrique et les règles qui s'y rapportent contredisent des lois votées et doivent donc être abandonnées. Ces règles sont, de plus, souvent contestées par les jeunes ladakhis qui rêvent d'un monde de vie à l'occidentale.

A l’arrivée du tourisme, l’espace socio-économique n’a donc pas été complètement modifié. Il a cependant accéléré la transition économique initiée par l’arrivée des troupes indiennes. 

Ces deux conflits ont aussi modifié les frontières du Ladakh de 1947. Lors de plusieurs guerres entre 1947 et 1971, le Pakistan prenait le Baltistan, région majoritairement musulmane située au nord ouest. Tandis que la Chine occupe les hauts plateaux de l’Aksaï-Chin, au nord-est, depuis 1962.
Contrairement au reste du Cachemire, régulièrement sujet à des attaques terroristes de séparatistes pro pakistanais, la plus grande partie du Ladakh jouit aujourd’hui d’une stabilité et d’une indépendance politique. En effet, depuis 1979, le Ladakh possède une grande souveraineté vis-à-vis du gouvernement Cachemiri. De plus, en cas d’annexion du Cachemire par le Pakistan, le Ladakh serait rattaché à l’Inde en tant que "Union Territory". 

Depuis que le Tibet a perdu, disons, son indépendance dans les années 1950, c'est bien le Ladakh qui est devenu aujourd'hui le dernier bastion du bouddhisme tantrique libre. N'a-t-on pas l'habitude d'appeler cette région "Le Petit Tibet" ou encore "Le Pays des lamas" ?
Ces deux appellations sont d'ailleurs amplement justifiées par la présence les dizaine de lamaseries et d'ermitages qui y sont édifiés.

Il est difficile de déterminer avec certitude l’installation des premières populations au Ladakh, mais il semble que les Mons, peuple du Nord de l’Inde, arrivés par le Zanskar, se soient installés progressivement au Ier siècle de notre ère. À partir du Ve siècle, les Dardes, peuplade d’origine indo-iranienne venue de l’Ouest et les Tibétains de religion animiste Bon rejoignent les autochtones. Ces trois ethnies sont encore présentes aujourd’hui au Ladakh.
Le Bouddhisme a été progressivement introduit par les Tibétains en incorporant les cultes animistes des Bons.

Aujourd'hui la population totale ladakh-pa atteint le nombre 147.104 habitants pour une superficie de 45.110 km².  Une partie de la population est musulmane avec surtout des chiïtes  et leurs ayatolahs, l'autre partie est bouddhiste. C'est cette culture bouddhiste qui m'attire depuis déjà quelques années dans la région himalayenne. Hélas, durant mes pérégrinations, j'ai eu souvent l'occasion de mesurer combien il était difficile pour cette poignée de bouddhistes de faire valoir leurs droits, puisqu'ils se retrouvent à la fois noyés dans la masse de millions d'indiens et coincés entre le Pakistan et la Chine avec des frontières mal définies. 

Si une partie des Ladakhis voit son mode de vie évoluer vers une société modernisée, la majorité d’entre eux vit proche d’un environnement naturel difficile. Le climat froid, l’altitude et le peu de ressources hydrologiques ont obligé ce peuple à trouver des solutions originales dans la construction de leur habitat et leur système agricole. 
Pour le voyageur, c’est l’occasion de redécouvrir un monde où l’homme doit disposer de chaque potentialité naturelle grâce à un savoir-faire adapté. De plus, la culture bouddhique est très répandue dans le paysage : monastères et palais dominant la vallée, stupas et mur de Mani présents dans chaque village, drapeaux de prière dressés sur les crêtes et les cols. Les composantes culturelles se servent des composantes naturelles pour donner une signification au territoire. Ces paysages culturels stimulent le désir d’approfondir les connaissances du bouddhisme. Cette culture vivante est par ailleurs confirmée par les festivals religieux des monastères, qui sont chaque année plus fréquentés par les touristes.
La forme du bouddhisme pratiqué au Ladakh provient des liens qu’il a toujours entretenus avec le Tibet. Du point de vue spirituel, les contacts avec le Tibet se perpétuèrent pour la formation des moines jusqu’à la destruction par les Chinois des monastères instructeurs en 1959. L'invasion chinoise a valorisé la culture tibétaine sur le territoire indien.
Au Ladakh, les institutions monastiques détiennent encore un pouvoir important, cela a conduit à la création d'un centre d'étude tibétain à Choklamsar assurant ainsi la culture bouddhiste tibétaine.



Pour conclure c’est dans les traditions religieuses que la ferveur des Ladakhis se mesure. La plupart des familles possèdent un autel domestique afin d’effectuer les prières journalières.
Il faut préciser que de tous temps les monastères et les villages ont entretenu des liens étroits. Les monastères possèdent une grande partie des terres agricoles. Les villageois les travaillent et retournent une partie de la récolte en guise de paiement. Les moines pratiquent les rituels et les cérémonies et pourvoient à l’éducation. 
Il existe de nombreuses cérémonies religieuses, pour assurer la fertilité des champs par exemple et des festivals monastiques durant lesquels des milliers de pèlerins affluent.

Afin de ne pas tout mélanger, je parlerai des monastères au Ladakh et plus particulièrement de ceux de la vallée de l'Indus sur une autre page.


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