Leh Royal Palace |
Les
préparations du voyage vont bon train, je peux dire que la plus
grande partie du circuit est aujourd'hui sur papier. Cela me permet,
à quatre mois du départ, de pouvoir mieux visualiser l'aventure que
je vais faire, et si c'est nécessaire, j'ai encore l'occasion de
faire quelques réajustements de dernière minute suivant les
conditions atmosphériques qu'il aura eu pendant cet hiver au Ladakh.
Lorsque
l'on sait que les journées sans gel s'étalent généralement que
sur une période de quatre mois par an, on comprend mieux pourquoi,
il n'est pas facile de choisir le moment propice pour pouvoir
espérer un tant soit peu, éviter les mauvaises surprises
météorologiques.
Tous
les trekkeurs de l'Himalaya en conviennent, le choix de la saison est
évidemment très important voire primordial si on veut que le trek
se déroule de la meilleure façon qu'il soit. C'est pourquoi la fin
de l'été voire le début de l'automne semble être est une bonne
période pour ne pas être trop confronté aux rivières et torrents
qui ont des débits trop important lors des passages à gué.
Evidemment,
pour me compliquer un peu plus l'organisation du programme, j'ai
appris que cette année il y avait eu plus de neige que la normale
dans la région Ladakh - Zanskar.
En
conséquence et même si je ne vais passer que vers le 20 août, je
me demande déjà si la partie qui va de Zangla à Shade, ne sera pas
trop compliquée à faire, car ce tronçon comporte de nombreux
passages à gué importants.
Hélas,
il me sera bien difficile d'avoir les renseignements sur la
faisabilité de ce tronçon avant d'arriver à Zangla.
Il
sera impératif de prendre les renseignements lorsque j'arriverai à
la guesthouse de Tsering. Celui-ci saura parfaitement si c'est
possible de rejoindre Shade par le Rotang La. C'est une piste
importante, elle fait partie de la "voie normale" de la
traversée du Jumlam. A voir sur place.
S'il
y a trop de risque, je ferai alors un essai par le s'Tongde La, il y
a là aussi une piste qui conduit à Shade. Nous l'avons vu l'année
passée, c'est exactement le même topo que par le Rotang La et nous
avions déjà été obligés de faire demi-tour après notre accident
(voir septembre 2011 Zanskar VI).
Il
est inutile de me casser dès à présent la tête avec tous ces
problèmes d'eau. Lorsque je serai sur place, je trouverai bien une
solution. Je connais la région. Si de Zangla, il faut faire le grand
tour par Padum, Ichar, Mune, Purne avant de monter le Shingo La, je
ferai alors le grand tour. Pas d'autre solution, les forces de la
nature sont toujours plus fortes que notre courage.
Le
seul regret que j'aurai si je dois emprunter cette voie là, c'est
que je ne pourrai pas passer à Shade pour aller faire un Julley à
Rigzing. Cette femme a été d'une gentillesse incroyable pour nous
après l'accident, qu'il est tout à fait normal de vouloir la revoir
pour lui exprimer une nouvelle fois ma gratitude.
Ce
n'est hélas pas le premier problème d'eau que je rencontre depuis
que je monte ce périple. J'ai déjà été obligé d'apporter
quelques ajustements : au départ, je projetais de rejoindre le
hameau de Lingshed en franchissant le Kanji La (5250m) tout en
contournant par le sud le massif des Chomotangs avant de retrouver
l’itinéraire principal au niveau de Lingshed six jours plus tard.
Mais
Jean Louis Taillefer me l'a tout de suite déconseillé en insistant
sur le fait que cette partie du trek n'était praticable qu’à
partir de la mi-septembre à cause de la hauteur des eaux de certains
torrents. De plus, et toujours selon Jean Louis, cette portion est
une variante de
la diagonale du Zanskar qui est très peu fréquenté. J'allais donc
me retrouver complètement isolé et en cas de problème, je risquais
fort de ne jamais voir arriver quelqu'un pour m'aider. Ces arguments,
dont je souligne la justesse et le bon sens, m'ont évidemment
rapidement fait changé d'avis. Voilà pourquoi j'ai choisi de
rejoindre directement l'axe principal du trek Lamayuru - Zangla,
après avoir visité les monastères troglodytes de la région de
Mulbek et franchi le Timti La.
Pourquoi
vouloir s'obstiner à faire ce qu'il est prévu. En montagne, le
temps et les éléments sont souvent capricieux. Du grand ciel bleu,
on peut se retrouver en quelques minutes dans un brouillard le plus
épais avec de surcroit des différences de température importantes.
Le
matin, une rivière peut être franchie sans difficulté alors qu'en
fin d'après-midi, elle est parfaitement infranchissable à cause de
la neige qui a fondu pendant la journée. En montagne, il faut tenir
compte de tous ces éléments. C'est bien pour cela qu'il est
intéressant de demander l'état des pistes lorsqu'on traverse un
village. Les autochtones se font toujours un plaisir d'informer le
voyageur de passage et de lui offrir un bon thé ladakhi (salé au
beurre de yak rance) avec de la tsampa.
Aujourd'hui,
les pages de mon carnet de voyage sont encore blanches. Je me dis que
si je parviens à faire le circuit dans son intégralité, vu le
nombre important de sites à voir, de cols à franchir (18 en tout,
dont 5 sommets à plus de 5000 m et 13 à +/- 4500 m), de villages ou
hameaux à traverser avec ses occasions de belles rencontres, je
risque alors bien de vivre une aventure pour le moins enrichissante,
qui me permettra, à coup sûr, de remplir les pages de mon carnet de
nombreuses anecdotes insolites, que je me ferai un plaisir de vous
raconter.
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