mercredi 8 mars 2023

Les autorités du Népal ont annoncé une nouvelle réglementation mettant fin au trekking individuel.

 Fini les randonnées en solo. Guides obligatoires à partir du 1er avril.

Certains disent que la règle restreindrait les randonneurs, en particulier ceux qui viennent au Népal pour l’aventure dans les montagnes.

À partir du 1er avril, les randonneurs indépendants ou solos devront obligatoirement engager un guide ou un porteur avant de partir pour les montagnes du Népal.

L’Office du tourisme du Népal, organisme national de promotion du tourisme du pays comprenant des associations de trekking et d’alpinisme, a décidé de rendre obligatoire les services d'un guide pour les randonneurs indépendants (FIT) en solo en raison des préoccupations croissantes en matière de sécurité.

Cependant, certains experts ont déclaré que cette décision était une restriction à la libre circulation des randonneurs, en particulier pour ceux qui viennent au Népal pour vivre l’aventure. Cela pourrait être contre-productif pour l’industrie touristique du pays, ont-ils ajouté.

Les FIT sont des voyageurs qui planifient leurs propres voyages et préfèrent voyager seuls.

Le concept de tourisme TRG inclut les voyageurs qui réservent sans voyagiste.

L’Office du tourisme du Népal a été mandaté pour délivrer les cartes de systèmes de gestion de l’information des randonneurs (TIMS) avant qu’ils ne commencent le trekking.

« Par conséquent, le conseil se réserve le droit de rendre un guide obligatoire pour les randonneurs en solo », a déclaré Mani Raj Lamichhane, porte-parole du conseil.

Treize autres organisations liées au voyage et au tourisme ont signé le procès-verbal pour la tenue des dossiers juridiques liée à une telle décision, prise lors d’une réunion du conseil d’administration.

L’office du tourisme a également augmenté les frais facturés aux randonneurs.

Pour les randonneurs de pays tiers, autres que l’Asie du Sud, les frais pour la carte TIMS ou le permis de trekking ont été augmentés à 2 000 roupies, contre 1 000 roupies par personne. Auparavant, il en coûtait 2 000 roupies pour les FIT. Les nouveaux frais entreraient également en vigueur le 1er avril.

Selon l’Office du tourisme du Népal, il a délivré plus de 46 000 cartes TIMS pour les FIT en 2019.

Il faut savoir que déjà en 2012, des organismes privés de voyage et de tourisme du Népal, en particulier l’Association des agences de trekking du Népal, faisaient pression pour un système d’un randonneur, un guide.

L’organisme des agences de trekking du pays avait alors annoncé que les randonneurs en solo devraient emmener un guide à partir du 1er septembre 2012, conformément aux ordres du gouvernement. Cependant, il a été contraint de faire marche arrière après que le ministère du Tourisme a déclaré qu’il n’avait pas émis une telle directive.

En 2014 rebelotte, l’Association des agences de trekking du Népal fait une nouvelle pression pour mettre en œuvre le système d’un randonneur, un guide. Le gouvernement a ensuite assuré la mise en œuvre du système d’ici le début de 2015. Mais en raison du tremblement de terre, le plan n’a jamais été plus loin. Cependant, le gouvernement, cette fois-ci, a bien accueilli la proposition de l’industrie.

« La décision d’appliquer un guide obligatoire pour les randonneurs relève de la compétence de l’Office du tourisme du Népal », a déclaré Rajendra Kumar KC, porte-parole du ministère du Tourisme. « La question était en discussion depuis assez longtemps pour assurer la sécurité des randonneurs. »

« Le ministère n’a aucune objection à cela », a ajouté KC.

Depuis, les organismes privés népalais de transport et de tourisme font pression en faveur d’un système à un randonneur et à un guide. 

Le système a suscité des réactions mitigées, certains se plaignant qu’il s’agissait d’une restriction de la liberté des randonneurs, tandis que d’autres s’en félicitaient, affirmant que cela rendrait le trekking plus sûr.

Mais d'autres voies se font entendre et l’entrepreneur principal en tourisme, Basant Raj Mishra, a toutefois déclaré qu’il fallait faire des recherches appropriées avant de mettre en œuvre cette règle. « Les randonneurs viennent ici pour l’aventure. Ils veulent une libre circulation », a-t-il déclaré. « Imposer des règles contraignantes à la libre circulation est toujours contre-productif. »

Les voyageurs indépendants ou solos sont pour la plupart des voyageurs expérimentés et très individualistes, c’est pourquoi ils essaient de garder un certain degré de liberté en ne réservant pas tout à l’avance. Depuis que la question de l’imposition de règles obligatoires pour les guides a été conceptualisée, certains touristes se sont plaints des restrictions à leur liberté et menacent de ne plus venir trekker au Népal.

Etant donné que je suis directement concerné par ce nouveau règlement, j'ai donc pris ma plume et j'ai écrit une lettre de protestation au gouvernement népalais ainsi qu'à toutes les ambassades népalaises en Europe. De cette façon, j'étais +/- certain que quelqu'un la lirait.

Je vous mets ci-dessous la version pour l' Ambassade du Népal en Belgique.

Bonjour Monsieur l’Ambassadeur du Népal en Belgique,

Si je me permets de vous écrire aujourd’hui, c’est pour vous faire part de ma stupéfaction d’avoir lu sur le grand journal « The Kathmandu Post » que dorénavant, il en était fini le temps où les randonneurs en solo pouvaient marcher sur les sentiers népalais et que s’ils voulaient encore le faire, ils devaient obligatoirement être accompagnés d’un guide, et cela à partir du 1er avril.

Je ne suis pas ici pour juger une telle décision, car je suis certain que le gouvernement népalais est assez compétent pour pouvoir prendre un tel arrêté, mais je tenais quand même à vous dire qu’une telle mesure ne se prend pas à l’aube d’une nouvelle saison touristique. Vous pouvez très bien imaginer que la plupart des randonneurs indépendants (FIT) ont déjà acheté leurs tickets d’avion pour aller au Népal et que les voilà maintenant avec une réservation inutile, alors que le Népal ne désire plus les voir chez eux, pour soi-disant une question de sécurité. J’ai lu les chiffres de 2019, nous n’étions pas moins de 48000 à marcher sur les chemins de tout le Népal et nous voilà, pour la plupart, dans l’embarras et la certitude d’avoir perdu plus de mille deux cents euros pour un voyage que nous ne ferons jamais dans les conditions que votre gouvernement veut nous imposer.

J’ai des années de randonnée en indépendant derrière moi, vous pouvez penser aisément que pour moi et les 48000 autres randonneurs, nous trouvons cette règle fortement contraignante et qu’elle sera forcément contre-productive aux objectifs souhaités, puisque les randonneurs solos irons bien évidemment dépenser leurs argent dans d’autres pays himalayens.

Vous voulez vraiment voir les sentiers désertés et les lodges vides ou voire même complètement abandonnés, comme ils le sont déjà depuis plus de trois ans après le village de Kinja jusqu’au col de Lamjura La, car les trekkeurs n’y passent plus, non pas à cause d’une taxe, mais simplement à cause de la construction d’une route. A mon dernier passage dans cette région, le spectacle était désolant, il n’y avait plus âme qui vive et les lodges étaient encore tous là, abandonnés et livrés à eux même. J’avais le très net sentiment de me trouver dans un nouveau far West népalais. A noter que même Deurali, hameau avant Bhandar est fortement touché, puisqu’il n’y a plus qu’un lodge d’ouvert et qui lutte péniblement pour le reste, alors que les trekkeurs se font rares.

Comme je vous l’ai écrit plus haut, j’ai perdu mille deux cents euros et ma réservation d’hôtel à Katmandu, mais je n’irai pas dépenser en 2023 au Népal, un minimum de trois mille euros d’argent de poche, plus mes frais de Visa, TIMS, entrées aux différents parcs etc (dont, soit dit en passant, l’accès a fortement augmenté, voire quasiment doublé). Cela, multiplié par le nombre de 48000 randonneurs qui iront sûrement dans d’autres pays, le calcul des futures pertes est vite fait.

Merci Monsieur l’Ambassadeur de m’avoir lu jusqu’au bout.

Avec tout le respect.

Serge Mathieu

PS: Ceux qui se sentent concerné, peuvent aussi envoyer une lettre de protestation avant la fin du mois de mars, car après cela risque d'être trop tard. Merci

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